La traversée urbaine divise la ville de Reims. Au sens propre, comme au figuré. Très critiquée et très polluante, cette ancienne autoroute est aussi très pratique pour les automobilistes.
C'est un débat qui revient à chaque campagne des municipales à Reims et dans son agglomération. Que faire de la traversée urbaine de Reims ?
Chaque jour, 53.000 véhicules empruntent cet axe routier qu'on appelle désormais la voie Taittinger, du nom de l'ancien maire de Reims. C'est sous son impulsion qu'en 1976, l'autoroute A26 passe par Reims. Une dizaine de kilomètres qui coupe la ville en deux.
La pollution et les pics d'alerte aux particules fines ont relancé le débat ces dernières années. Mais pour les automobilistes, la voie Taittinger permet de traverser la ville en quelques minutes. Avec ses cinq sorties, elle dessert toute l'agglomération. Presqu'un luxe en zone urbaine.
Bruit et pollution
Construit le long de la coulée verte et du canal, cette ancienne autoroute dévalorise aussi un poumon urbain. Les promeneurs, cyclistes et même plaisanciers se sentent cernés par les routes, entre le bruit et la pollution.A la mairie de Reims, Arnaud Robinet assume toujours l'héritage Taittinger : "L'objectif n'est pas de transformer cette voie urbaine parce qu'on va reporter le trafic ailleurs, notamment dans le centre-ville et dans les quartiers de la cité des Sacres. L'objectif est de reporter un certain trafic, notamment celui des poids lourds."
Une traversée toujours tentante
Pour reporter ce trafic, le contournement sud de Reims a été créé en novembre 2010, mais les automobilistes doivent payer pour l'emprunter. Officiellement, ce contournement a permis de réduire le trafic en ville avec 22% de voitures en moins et 50% de camions. Mais pour les véhicules en transit, la traversée urbaine est restée très tentante, car elle est gratuite et plus rapide.Pour l'urbaniste parisien David Mangin qui a étudié des centaines de villes dans le monde entier, les axes routiers peuvent être repensés de différentes manières : "Pour transformer une infrastructure, vous pouvez agir sur plusieurs facteurs comme le type de véhicules, l'espace physique, le mode de gestion ou encore les coûts avec les péages urbains."
De futurs aménagements ?
Encore faut-il en avoir la volonté. Autrefois dans l'équipe municipale d'Adeline Hazan, le socialiste Eric Quénard rêvait de voir la voie Taittinger transformer en boulevard. Mais sa majorité n'a rien acté et la municipalité actuelle a choisi de laisser la propriété à l'Etat."Si on laisse l'Etat, rien ne se fera, déplore Eric Quénard. Par contre si la collectivité publique, la communauté urbaine en particulier, reprend en main cette traversée urbaine et propose des aménagements, on pourra sans doute avancer et améliorer le cadre de vie de nos concitoyens."
Entretenir une telle voie coûterait des centaines de milliers d'euros. Reims et le Grand Reims ont aujourd'hui fait d'autres choix.