Depuis 2019, les habitants des 143 communes du Grand Reims peuvent signaler à la collectivité les nuisances olfactives dont ils sont victimes. En trois ans, près de 2000 mauvaises odeurs ont ainsi été répertoriées et des actions de lutte ont été mises en place.
Ce 21 février 2023, dans les laboratoires d'ATMO Grand Est, les équipes en charge des nuisances olfactives entrent en phase d'alerte : de nombreux signalements se succèdent sur le territoire de Reims métropole concernant une odeur difficile à identifier. "Certaines personnes évoquaient des odeurs d'épandage, d'autres, de souffre ou d'œufs pourris, se souvient Emmanuel Jantzem, responsable des Enjeux émergents chez ATMO Grand Est. Nous avons eu trois signalements qui parlaient, quant à eux, d'odeurs de poisson. A ce jour, nous n'avons pas réussi à identifier l'origine de ce pic olfactif".
Des pics olfactifs, l'organisme en charge de la surveillance de la qualité de l'air en a connu cinq depuis la mise en place de ce système d'alerte en janvier 2022. "Il faut un certain nombre de signalements sur une zone géographique donnée dans un laps de temps bien défini pour parler de pics olfactif, précise Emmanuel Jantzem. Dès qu'un pic est en cours, nous donnons toutes les informations aux collectivités concernées, afin qu'elles puissent mener des investigations". L'objectif : définir l'origine des nuisances et agir si cela est possible.
Compiler les nuisances olfactives pour mieux y faire face
Parce que les mauvaises odeurs peuvent être particulièrement incommodantes, surtout si elles pénètrent à l'intérieur des habitations. Il s'agit d'ailleurs de la deuxième source de plainte des habitants du Grand Reims après le bruit. Forte de ce constat, la collectivité a donc demandé, dès 2019, à ATMO Grand Est de surveiller et de compiler les signalements de nuisances olfactives. Depuis, chaque citoyen a pu renseigner ses constatations sur l'application ODO. "C'était une expérimentation menée sur le Grand Reims et sur le territoire de Strasbourg-Ortenau, précise Laurence Martin, directrice de la communication chez
ATMO Grand Est. Après deux années, nous avons élargi le dispositif à l'ensemble du Grand Est, en transformant la plateforme ODO en Signal'air". Les signalements se font donc désormais sur cette nouvelle plateforme qui permettra d'harmoniser les résultats.22% des signalements liés à l'épandage
Depuis le début du dispositif, ATMO Grand Est a recueilli très exactement 1 925 signalements de mauvaises odeurs sur le territoire du Grand Reims. "Nous avons un tableau de bord assez précis qui nous permet de géolocaliser ces nuisances olfactives, poursuit Emmanuel Jantzem. Toutes ces informations sont conservées et transmises, tous les six mois, à un comité de pilotage". Au sein de ce comité, le Grand Reims, bien sûr, mais aussi les communes de l'agglomération, la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) ou la chambre d'agriculture.
Car il faut bien dire que les nuisances olfactives les plus courantes, notamment en été, sont celles qui évoquent l'épandage. "Sur 1 925 signalements depuis 2019, 22 % d'entre eux sont liés à l'épandage", confirme Emmanuel Jantzem. Mais il y a d'autres sources plus ou moins récurrentes : les activités urbaines en font partie, comme le chauffage au bois, les égouts ou encore, plus ponctuellement, les odeurs liées à la restauration.
Les nuisances liées aux activités industrielles sont elles aussi très prégnantes. C'est d'ailleurs à Reims ainsi qu'à Bazancourt, où se situe un important complexe industriel de transformation de la betterave sucrière, que la majorité des signalements ont été enregistrés : 400 signalements à Reims entre juin 2019 et décembre 2022 et 370 à Bazancourt.
Dans chaque cas, une fois les informations transmises aux partenaires d'ATMO Grand est, des investigations sont faites pour déterminer l'origine des mauvaises odeurs et des mesures peuvent être prises pour les imiter ou les faire disparaitre complètement, "bien que souvent, ces nuisances disparaissent d'elles-mêmes au bout de quelques jours", conclut Emmanuel Jantzem.
Mais il n'empêche. Les nuisances olfactives sont définies par le Code de l’environnement comme des évènements polluants. En cela, elles contribuent à la dégradation du cadre de vie des habitants d’un territoire. Elles méritent donc au même titre que toute autre pollution, d'être signalée, considérée et traitée au mieux.