Inondations à l'Assemblée nationale : ce député était sur place et nous raconte tout

La dépression Kirk a fait des dégâts au sein de l'Assemblée nationale, située à Paris, dans la nuit du mercredi 9 octobre 2024. Le député (Horizons) de la première circonscription de la Marne, Xavier Albertini, était présent sur les lieux.

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C'est une soirée particulière où les locaux de l'Assemblée nationale ont pris l'eau. Ils se seraient presque confondus avec ceux du Costa Concordia, le célèbre paquebot qui a chaviré en Méditerranée lors de l'année 2013. En ce temps-là, personne ne connaissait Emmanuel Macron, et l'UMP et le PS étaient les deux plus grands partis du pays...

Onze ans plus tard, le mercredi 9 octobre 2024, la dépression Kirk a jeté des trombes d'eau sur la capitale. Les intempéries étaient toujours en cours dans la soirée, alors que plusieurs député(e)s de la République travaillaient dans divers locaux de l'Assemblée nationale, en bord de Seine (laquelle ne se limite pas à l'hémicycle du palais Bourbon, loin de là).

Sur les coups de 20 h 00, une alarme incendie a retenti dans les couloirs du bâtiment Chaban-Delmas (nommé ainsi d'après le premier président de l'Assemblée nationale sous la Ve République, poste exercé pendant dix ans d'affilée, un record). On l'appelle aussi dans le petit milieu parlementaire "bâtiment 101", du fait qu'il est situé au 101 de la rue de l'Université, juste derrière le palais (voir sur la carte ci-dessous).

L'édifice a été acquis dans les années 70, mais a depuis fait l'objet d'intenses travaux de rénovation et de modernisation. Il est ainsi doté de plusieurs niveaux de parcs de stationnement pour les véhicules, ainsi que de quelques étages de salles de réunion très pratiques. Ou plutôt était.

L'alarme incendie n'a pas été déclenchée par un feu, mais par l'irruption d'une cascade d'eau dans les sous-sols (très étendus) du bâtiment. Ce qui aurait pu poser un risque avec les moteurs électriques des ascenseurs. 

Les pompiers au secours de la députation

Le député (LREM) Denis Masséglia du Maine-et-Loire a fait sensation en se faisant couper son direct sur Twich par l'alarme (0h45 sur la vidéo). Il n'était pas le seul sur les réseaux sociaux : Xavier Albertini, le député (Horizons) de la première circonscription de la Marne a assisté au début de l'inondation de la salle de réunion Victor Hugo, et en a tweeté une photographie devenue virale (voir le tweet ci-dessous).

France 3 Champagne-Ardenne a (encore) contacté le député, déjà victime d'une usurpation d'identité sur Facebook moins de deux mois auparavant. "On a été informé de l'inondation, en particulier du sous-sol d'une partie des bâtiments de l'Assemblée nationale, celui au 101 de la rue de l'Université. Il a tellement plu sur Paris que les canalisations n'ont pas supporté l'évacuation. Elles ont cassé et envahi une grande partie des sous-sols."

Dans ces sous-sols remarquablement aménagés, "il y a quatre étages de parking, la salle Colbert qui est une grande salle de réunion en amphithéâtre, qui peut contenir environ 250 personnes." Sur sa photographie, c'est la salle Victor Hugo qu'on distingue, située au troisième étage. Et "ce qu'on ne voit pas sur ma photo, c'est le fameux tunnel qui permet d'aller du 101 vers l'intérieur de l'Assemblée nationale".

On a reçu un message pour nous informer que nous étions en sécurité.

Xavier Albertini, député (Horizons) de la première circonscription de la Marne (désormais au sec)

"Une intervention des pompiers et des services techniques a eu lieu pour sécuriser l'ensemble du bâtiment. Tout était bloqué : les ascenseurs, etc. On a ensuite reçu un message pour nous informer que nous étions en sécurité. Il émanait d'une questeure, madame la députée Brigitte Klinkert [députée bien connue du Haut-Rhin; ndlr]. Elle était sur le site avec les pompiers et le personnel de l'Assemblée. Elle a mis en place les actions, on peut dire qu'elle a contribué à nous mettre au sec..." 

Le souvenir de la crue centennale

L'accès au sous-sol et notamment aux voitures qui y étaient garées devait être à nouveau assuré dans la journée, mais ça ne semblait toujours pas être le cas dans l'après-midi. Le député "ignore le volume d'eau qui est entré. Les parkings sont quand même très grands. Moi, j'étais devant la salle Victor Hugo, car je ne suis évidemment pas descendu plus bas. Mais il n'est pas impossible que les rampes d'accès des véhicules aient pris l'eau, et que donc il y ait quelques centimètres d'eau."

Mais il se montre rassurant. "L'eau n'a pas non plus rempli chacun des étages jusqu'au plafond. Ce qui est embêtant, c'est plutôt le mobilier, ou la fameuse salle Victor Hugo, qui pourrait avoir un problème de plancher. Peut-être qu'il faudra relocaliser quelques réunions, mais ça s'arrête là." Il ajoute que dans la cour d'honneur de l'Assemblée, une jauge permet de rappeler le niveau de l'eau atteint par la crue de 1910, dite crue centennale. Une époque où ces messieurs allaient voter à l'Assemblée en barque (voir tweet ci-dessous).

"On a donc une mémoire collective du problème de l'eau à l'Assemblée." Certains esprits chafouins sur le réseau social lui ont reproché une tournure grammaticale incorrecte dans sa phrase, ou de ne pas avoir aidé les pompiers, mais ce ne sont que des peccadilles et le député salue vivement "la mobilisation du personnel". Par contre, il a failli se faire convoquer à 07h00 pour venir parler de l'inondation sur le plateau de Télématin. "J'ai dit que je ne pouvais pas. Je ne voulais pas en rajouter, je voulais juste être en appui du personnel qui est intervenu." 

Son bureau n'a pas été atteint... puisqu'il est situé au quatrième étage. "Si mon bureau était inondé, alors Paris serait sous les eaux. On ne verrait plus que la pointe de la tour Eiffel..." Point trop n'en faut. Et le député nous invite à le recontacter "quand il fera beau". Promis.

Une éventuelle réflexion sur l'avenir de l'Assemblée

Un autre des collègues de Xavier Albertini, l'ex-insoumis François Ruffin (Picardie debout), a tweeté avec humeur qu'"après le gouvernement, c'est l'Assemblée qui prend l'eau". Faisant citer au Projet Arcadie, média indépendant et reconnu qui fait office d'observatoire du Parlement, et financé de manière solidaire, que la boutique de l'Assemblée allait peut-être "avoir des brassards et des bouées floquées AN" (voir le tweet ci-dessous)

Le Projet Arcadie poursuit en ironisant sur le retour de François Hollande sur les bancs de l'Assemblée nationale (il y a siégé entre 1988 et 1993 puis de 1997 à 2012). Ce dernier est depuis sa présidence, par la force des choses et du hasard, très associé à des nuages de pluies diluviennes aux endroits où il se rend. 

Avec plus de sérieux, l'observatoire parlementaire (qui avait déjà repéré une démarche à saluer d'un député ardennais) ajoute dans un long fil un point important. Que les locaux parlementaires sont trop petits et éclatés pour permettre de bien travailler et recevoir toutes les personnes gravitant autour de l'institution parlementaire (élu(e)s, fonctionnaires, assistant(e)s, mais aussi journalistes).

Avec cet aléa météorologique et l'observation qu'"on est plus de 3 000 personnes dans le truc le moins fonctionnel de Paris", peut-être qu'une réflexion pourrait se faire sur l'aménagement d'un Parlement plus fonctionnel et moderne va voir le jour. À l'image de l'ancien bâtiment du Parlement allemand, le Bundestag, dont tout l'intérieur a été démoli et refait du sol au plafond.

Plus localement, on pourrait songer aux ministères de l'Économie (Bercy) ou de la Défense (Hexagone Balard), créés ex-nihilo. Voire de la délocalisation de l'Assemblée nationale en banlieue ou dans une grande ville française.

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