INSOLITE - Dans la Marne, les agriculteurs vont enterrer des slips pour mesurer la qualité des sols

Pour les inciter à mesurer la fertilité de leurs sols, la FDSEA de la Marne, en partenariat avec la chambre d'agriculture, invite les producteurs de la région à enterrer un slip dans leurs cultures.

Un slip, une pelle et un jalon. Les outils nécessaires pour mener la dernière expérience de la FDSEA, de la chambre d'agriculture de la Marne, et de Terrasolis, son laboratoire de recherche, ont de quoi surprendre. Et pour cause. L'opération, un défi baptisé "En terre ton slip", invite les agriculteurs à ensevelir une culotte en coton dans leurs champs entre le 27 mai et le 2 juin, et de la déterrer entre le 19 et le 25 août, pour en mesurer l'état de décomposition.
 

C'est une manière très simple de voir comment est son sol, s'il vit ou non
- Léa Thomas, développeur de projets à la FDSEA Marne –


En effet, pendant les quelques semaines que les slips en coton biologique vont passer sous terre, les organismes et micro-organismes du sol vont s'attaquer au sous-vêtement. Vers de terres, champignons, bactéries : plus ces espèces seront présentes dans les champs et dans les vignes choisies par les participants, plus les culottes seront en mauvais état au moment de leur exhumation.
 

Un indicateur de la bonne santé du sol

Ce n'est pas la première fois que cette expérience est menée en France : en 2018, 210 culottes ont déjà été enterrées dans le Var, et il y a quelques mois, des agriculteurs aubois se sont pliés à l'exercice. L'idée, un peu loufoque, est née au Canada en 2017 : lancée par le Conseil Canadien de Conservation des sols, la campagne "Soil Your Undies", littéralement, "enterrez vos sous-vêtements" s'adressait aussi bien aux professionnels, qu'aux jardiniers amateurs. Il s'agissait de les sensibiliser sur l'état de leur terre.
 
Les pesticides, les labours et le travail de la terre, bien qu'ils puissent permettre d'améliorer les rendements d'une parcelle à court termes, peuvent à terme porter atteinte à la biodiversité du sol. Or, cette biodiversité est synonyme de fertilité.

A l'opposé des pratiques qui peuvent tuer la vie présente dans ces sols, l'agriculture de conservation cherche à raviver les terres. A Normée, dans la Marne, sur ses champs de pommes de terre et de betteraves, Frédéric Crasset en a adopté les techniques depuis quelques années. "J'avais constaté des problèmes de structures sur mes terres" , raconte-t-il. "Je devais dépenser de plus en plus de gasoil pour arriver à préparer mes sols". En enterrant un slip, il espère évaluer l'état de dégradation de son sol.

Dans deux ou trois ans, je vais en enterrer un nouveau. Ça me servira de mètre étalon on va dire, pour savoir où j'en suis et pour juger si les techniques que je vais employer dans les années à venir vont permettre d'améliorer la fertilité de mon sol
- Frédéric Crasset, agriculteur dans la Marne -

 

Premier prix surprenant pour ce concours ludique

Frédérique Crasset sait déjà que son slip ne fera pas partie des plus décomposés. Il n'espère pas remporter cette année le slip d'or. Car pour inciter les agriculteurs à tenter l'expérience, les partenaires de cette opération (FDSEA, Arbre et paysages enChampagne, Cérèsia, chambre de l'agriculture, jeunes agriculteures, Sol agronomie et innovation et Terrasolis) misent sur l'humour, et l'esprit de compétition des exploitants: à l'issue du festin des micro-organismes, fin août, les sous-vêtements seront jugés, par un groupe de professionnels, puis par les internautes sur Facebook.

Un jury va peser les slips, voir leur état de dégradation, la couleur, l'odeur, et déterminer lesquels sont les dix slips les plus dégradés, et ensuite la communauté Facebook va voter
- Léa Thomas, développeur de projets à la FDSEA Marne-


Les gagnants de ce concours seront officiellement désignés au cours de la Foire de Châlons, et les trois premiers recevront un "slip brodé à leur nom".
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