Lasko est un chien staff qui s'est sauvé du jardin de sa maîtresse près de Reims (Marne) à la fin de l'été 2024. Quand il a été retrouvé quelques jours plus tard, il semblait avoir été torturé. Il n'a pas survécu, et sa maîtresse veut faire la lumière sur ce qu'il lui est arrivé. Une association animalière a lancé une cagnotte pour payer les frais vétérinaires et d'autopsie.
C'est une histoire particulièrement sordide et teintée d'incertitudes qui s'est produite dans la banlieue nord-ouest de Reims (Marne), à la fin de l'été 2024. Elle implique un chien retrouvé torturé et potentiellement violé.
Ce chien, Lasko, était plein de vie (notez l'emploi de l'imparfait). Il avait un peu moins de 7 ans, était décrit comme adorable, et avait été adopté par une maîtresse dévouée qui l'avait sauvée d'une famille qui le maltraitait.
Le soir du mardi 8 octobre, Lucie Martins, la présidente de l'association d'aide aux animaux Une Patte vers l'avenir, s'est fendue d'un long message sur les réseaux sociaux de son association (qui a lancé une cagnotte pour payer les frais vétérinaires et d'autopsie). Elle raconte à quel point cette histoire horrible a dévasté la maîtresse de Lasko, avec qui elle est en contact. Celle-ci cherche maintenant à faire la lumière sur ce qui a pu se passer (voir la publication Facebook ci-dessous).
"Son chien s'est sauvé à cause d'un portail mal refermé", raconte Lucie Martins à France 3 Champagne-Ardenne, qui l'a jointe tard le mercredi 9 octobre au sujet du sort terrible du staff. C'était le mardi 20 août. "Il s'est enfui avec l'autre chien de la famille, une rottweiler. Mais elle, elle est revenue aussitôt." La maison avec jardin se trouve impasse Saint-Charles, à la limite nord-ouest de Reims.
Disparu à Reims, retrouvé à Saint-Brice (à côté)
"Lui a été vu au soir. Une dame l'a retrouvé." Plus précisément sur Saint-Brice Courcelles, commune de la banlieue nord-ouest de Reims, juste à côté. "Elle a contacté la clinique Pommery [dans l'est de Reims; ndlr], qui n'a pas vérifié l'identification car le chien se trouvait à Saint-Brice.
"Il n'y a pas de police municipale à Saint-Brice le soir. Donc la dame a ensuite appelé la police municipale de Reims. Elle lui a répondu qu'elle ne pouvait pas intervenir sur le secteur de Saint-Brice. Mais qu'il suffisait de rapprocher le chien de Reims pour qu'ils puissent venir le chercher." La présidente de l'association précise "qu'ils n'ont vraiment pas le droit d'intervenir sur Saint-Brice, c'est une histoire de secteurs, c'est pareil à Cormontreuil. Mais ils ont vraiment montré de la bonne volonté."
Elle a dit qu'elle allait ramener le chien sur Reims. Sauf qu'elle ne l'a pas fait.
Lucie Martins, présidente de l'association Une Patte vers l'avenir
Hélas, cette dame, qui a "plus tard été auditionnée", ne "pouvait pas" se rapprocher de la frontière de Reims avec ce gros chien. "Alors une autre dame a pris le relai. Elle a dit qu'elle allait ramener le chien sur Reims. Sauf qu'elle ne l'a pas fait." Pourquoi ? Lucie Martins a une explication puisque cette seconde dame a, elle aussi, été auditionnée.
"Elle était persuadée que le refuge ne pourrait pas accueillir ce chien de première catégorie." Voire risquait de l'euthanasier. De plus, "quelqu'un lui a dit que ce chien appartenait à des gens du voyage". En effet, une communauté de gens du voyage est établie autour des impasses arborées du secteur de la Victoire, entre Saint-Brice-Courcelles et Reims. Le compagnon de la maîtresse de Lasko en fait partie. Cette communauté-là est décrite comme "calme et pas compliquée", relativement sédentarisée (il y a des maisons, tout le monde ne vit pas forcément en caravane).
Transporté ensuite jusqu'à Tinqueux
"La dame pensait que tous les gens du voyage se connaissaient." Ce qui n'est pas forcément le cas, parmi de nombreuses idées reçues. "Elle est donc allée voir sur un autre camp, leur a demandé si le c'était leur chien, et ils ont dit oui." Or, il ne s'agit pas du camp à côté des impasses à côté de Saint-Brice-Courcelles. Il s'agit plutôt de celui situé largement plus loin, sur la route de Dormans, entre le Kabaret de Tinqueux et le refuge animalier du Grand Reims (Les Amis des bêtes) à Ormes, à l'ouest de l'agglomération (voir sur la carte ci-dessous).
"Le lendemain, via les réseaux sociaux, la maîtresse de Lasko a vu que la [seconde dame] l'avait déposé chez les gens du voyage. Toutes les deux se sont données rendez-vous devant pour aller voir, et récupérer le chien. Là, on leur a dit que le chien s'était enfui. Ils ont mis un peu de temps à admettre qu'ils avaient bien vu le chien." C'est là où on perd sa trace officiellement. Nous sommes alors le mercredi 21 août. On ne sait pas exactement ce qu'il s'est passé.
Ce n'est que "le samedi 24 août qu'il a été retrouvé. Il était sous un camion, juste à côté de ce camp." Les réseaux sociaux ont permis de le retrouver, l'annonce ayant été très diffusée. Il était encore vivant.
Et là, l'horreur
Mais plus pour longtemps, malheureusement, vu son très grave état. "Il était en hypothermie sévère, tout comateux. On ne sait pas précisément ce qu'il s'est passé... Mais ce qui ressort du rapport d'autopsie, c'est qu'il avait la colonne vertébrale fracturée. C'est pour ça que quand sa maîtresse est arrivée, son chien a rampé vers elle : les pattes arrière ne répondaient plus."
On ne peut pas le dire avec certitude, mais tout porte à croire qu'il a subi des violences sexuelles.
Lucie Martins, présidente de l'association Une Patte vers l'avenir
"Il a aussi subi des coups un peu partout." Des brûlures aussi, semble-t-il. "Mais ce qui ressort aussi, même si on ne peut pas le dire avec certitude, tout porte à croire qu'il a subi des violences sexuelles." Les images parlent d'elles-mêmes (voir publication Facebook ci-dessous).
"Elle s'est rendue à [une autre clinique vétérinaire]." Elle aussi située tout à l'est de Reims. "Ils ont essayé de le sauver. Mais il a fait plusieurs arrêts cardiaques dans la nuit. Ils ont réussi à le réanimer au début, mais à la fin, malheureusement, ils n'ont rien pu faire." Au moins, il ne souffrirait plus... "Dès sa prise en charge, il avait été placé sous morphine."
Le temps de l'enquête (et des factures)
Après le temps des pleurs vient celui des questions. "Sa maîtresse est dévastée, c'est dur pour elle. J'ai écrit le message sur Facebook après qu'on ait attendu le rapport d'autopsie." Laquelle a dû être pratiquée près de Paris (Île-de-France). "C'était long : ils ont fait l'autopsie le lundi 16 septembre, et on a eu le rapport en fin de semaine [du 30 septembre]."
"On a déposé plainte." Mais des éléments manquent encore pour l'étoffer et aboutir à l'arrestation des personnes qui ont massacré ce chien. "Un chien à qui on fait ça, ça crie. Il y a forcément des personnes qui savent", qui ont entendu quelque chose.
Ainsi, si vous avez vu quelque chose, possédez une information, vous pouvez la communiquer au plus vite par courriel (unepatteverslavenir@gmail.com). Ou bien sur le Messenger de l'association sur Facebook.
Jusqu'ici, hélas, la très forte médiatisation de la publication. "On a eu beaucoup de messages de soutien, mais pas plus d'indices." La Fondation Brigitte Bardot (FBB) a été alertée et devrait aussi se pencher sur cette affaire, conjointement avec Une Patte vers l'avenir.
L'association rémoise est aussi venue en aide à la maîtresse de Lasko en payant les frais vétérinaires, d'une part, puis ceux d'autopsie. Il y en a pour près de 800 euros à débourser. Une cagnotte en ligne sur Leetchi a donc été lancée. 540 euros ont été récoltés le 10 octobre à la mi journée.
La dernière fois que France 3 Champagne-Ardenne avait parlé de l'association Une Patte vers l'avenir, c'était dans des circonstances bien plus joyeuses avec un chat miraculé. Hélas, l'histoire récente de la jument lardée de coups de couteaux dans l'Aube rappelle que si les animaux sont les meilleurs amis de l'Homme, la réciproque est loin d'être toujours vraie.