Les Restos du cœur en difficulté au départ de leur campagne d'hiver : "on a surtout besoin d'argent"

Au premier jour de leur campagne d'hiver qui a débuté ce mardi 21 novembre, les Restos du cœur font face à une importante hausse du nombre de bénéficiaires. Une situation qui les met en difficulté, tant la hausse de bénéficiaires et de repas distribués n'est pas suivie par une hausse des dons.

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De plus en plus de monde les fréquente, et pourtant, ce sont sûrement les seuls "restos" qui préféreraient s'en passer. Ce mardi 21 novembre, les Restos du cœur ont lancé leur campagne d'hiver dans un contexte particulier, entre augmentation du nombre de bénéficiaires et manques de moyens. Une situation qui les oblige à prendre des décisions difficiles, comme diminuer les rations par bénéficiaires.

"Pour cette trente-neuvième campagne, on estime pour l'instant une augmentation de 33 % du nombre de repas distribués. Cela ne reste qu'une estimation. De nombreux bénéficiaires ne sont pas inscrits (près d'un quart), nous l'avons vu ce matin. Pendant un mois, nous continuons d'organiser une journée d'inscriptions par semaine", explique Arnaud Persyn, responsable adjoint des Restos du cœur dans la Marne.

Au centre Reims Poissoniers (21 rue des Poissonniers à Reims), de nombreux futurs bénéficiaires se sont relayés toute la matinée pour s'inscrire ce mardi. Certains, faute de temps, n'ont pas pu aller au bout de la file d'attente et devront revenir la semaine prochaine.

"On a dû rehausser les barèmes de la campagne d'hiver"

Le plus difficile dans ce contexte ? "On a dû rehausser les barèmes de la campagne d'hiver, en les fixant sur ceux de la campagne d'été. Cela signifie que certaines personnes éligibles l'hiver dernier ne le seront plus cette année. C'est toujours très compliqué à annoncer" , regrette Arnaud Persyn.

Cette décision se joint à celle de diminuer "d'environ un quart" les quantités distribuées pour pouvoir donner à plus de bénéficiaires. Les deux ne reçoivent toutefois pas le même accueil : "Qu'on donne moins, les bénéficiaires le comprennent au vu de la situation. Par contre, accepter le fait qu'ils ne soient plus éligibles, bien qu'ils ne soient pas plus riches qu'avant, c'est plus compliqué", se désole le responsable adjoint des Restos dans la Marne.

Pour Arnaud Persyn, cette hausse des bénéficiaires trouve son explication dans une multitude de facteurs : "L'inflation a évidemment un impact important, mais il y a aussi la hausse des charges. Nous pouvons aussi ajouter l'immigration à ces facteurs, notamment avec l'accueil de nombreuses familles Ukrainiennes, qui sont forcément de nouveaux bénéficiaires".

Un manque cruel de dons d'argent

Problème, cette hausse des bénéficiaires ne s'accompagne pas d'une hausse des dons, ce qui débouche inévitablement sur des manques de moyens et des problèmes de gestion. "On a dû louer un nouveau local pour stocker les denrées, mais évidemment, ça a un coût. Puis, une augmentation de la quantité de nourriture implique plus de gestion, plus de livraisons, plus de chauffeurs...", s'inquiète le responsable.

La solution ? Les dons d'argent. "Nos bénéficiaires ne paient rien. Nous fonctionnons uniquement aux dons. Les dons alimentaires, c'est génial, mais parfois, nous ne sommes plus en capacité de les traiter à cause du manque de place. Cela ne veut surtout pas dire qu'il faut arrêter d'en faire, mais ce qu'il nous manque surtout, c'est de l'argent", confesse Arnaud Persyn, qui n'hésite pas à rappeler que les dons peuvent être en partie défiscalisés. "Tout le monde est gagnant", souligne-t-il sur le ton de la blague, tout en faisant un appel du pied au Stade de Reims, dont il aimerait rencontrer les dirigeants.

Quoi qu'il en soit, la campagne d'hiver des Restos du cœur est bien partie ce mardi, et ce pour seize semaines. L'occasion pour ceux qui le souhaitent de faire un don (en ligne ou auprès de n'importe quel centre), et l'occasion pour les bénéficiaires de découvrir la nouveauté de cette année : la distribution accompagnée.

VIDÉO : le clip de lancement de la campagne d'hiver des Restos du cœur

Puisque les Restos du cœur, "c'est aussi le social", rappelle Arnaud Persyn, les bénéficiaires seront accompagnées d'un bénévole tout au long des distributions, permettant à ceux qui le souhaitent de se faire aider (orientation, aide aux CV, problèmes familiaux...), ou simplement de discuter. Retrouvez tous les centres proches de chez vous ici.

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