La Maison Saint-Sixte de Reims ouvrait à nouveau ses portes au public dans le cadre des journées du patrimoine. Visites guidées des lieux et découverte du patrimoine bâti… mais avec surtout l'envie de faire découvrir ce petit supplément d'âme qui règne dans cette demeure.
Les portes s'ouvrent et quelques notes de piano résonnent dans le magnifique cloître. La maison Saint-Sixte est un des bâtiments bien connus des Rémois. Ouverte tout au long de l'année, elle accueille en permanence différents services et actions liés au diocèse. Son bâti date du 20e siècle (entre 1924 et 1927), desservi par un magnifique cloitre et des vitraux des années 30 créés par Jacques Simon, maître verrier rémois. Mais ce dimanche 22 septembre, le directeur des lieux avait voulu montrer une autre dimension encore.
L'âme de la maison
"Les Rémois connaissent très bien leur patrimoine. Je pense même qu'ils en ont fait le tour", déclare Matthieu Saint Guilhem, directeur de la Maison de Saint-Sixte.La maison Saint Sixte est en effet un lieu ouvert au monde et accueille chaque semaine, pour leurs répétitions, des chorales lyriques, sacrées et gospel. Il y a également une école de piano. "Nous voulions mettre aussi en valeur ce patrimoine immatériel, avec des animations musicales". Et pour retenir le public un peu plus longtemps, Matthieu Saint-Guilhem a eu l'idée de mettre en place un salon de thé éphémère. Avec une priorité : l'inclusion.Après trois années sans participation aux journées du patrimoine, nous voulions reprendre en agrémentant les visites d'animations de qualité. Une façon de faire découvrir l'âme de la maison.
- Matthieu Saint Guilhem, directeur de la Maison de Saint-Sixte.
Stressés mais fiers
Claudine, Sophie, Séverine, Léandre, Léa, Jacky, ils étaient onze personnes en situation de handicap à servir pâtisseries, thé et autres boissons. " La maison accueille beaucoup de personnes âgées et nous allons les aider à s'installer et leur proposer des pâtisseries, précise Léa 23 ans atteinte de Trisomie 21. En plus ici c'est un endroit très très beau". Avec son binôme Léandre 16 ans, Léa a pris son service très à cœur.Léa et Léandre, tous deux atteints de Trisomie 21 étaient en bînome pour le service. / © I. Forboteaux / France 3 Champagne-Ardenne
Léa connaît déjà ce milieu de la restauration. Elle travaille en CDI pour une grande enseigne de restauration rapide depuis plusieurs mois. L'inclusion en lieu dit "ordinaire" est une chance pour elle. C'est une vraie reconnaîssance de ses compétences. C'est ce petit supplément d'âme-là qui est entré dans la Maison Saint-Sixte lors de ce dimanche après-midi. " Moi je suis contente, ça me rend fière", disait encore Alice en apportant sa commande en cuisine. "Heureux comme ils sont, c'est forcément très profitable, explique Nathalie la maman de Léandre. Ca ne peut que les tirer vers le haut. Lorsque l'on parle d'accueil, de mixité, d'évènement, à chaque fois le handicap doit avoir sa place, reprend-elle. C'est complètement normal que nos enfants fassent partie de ce monde".Quand je vois les gens venir ici avec un handicap, je les comprends. Nous on le vit et c'est important que l'on soit là pour eux.
- Léa, 23 ans, atteinte de Trisomie 21.
Construire autour du handicap
Le directeur de la Maison Saint-Sixte et son équipe ont la volonté d'aller plus loin. "Nous avons le projet de créer un restaurant ouvert au grand public avec l'emploi de personnes porteuses de handicap. Mais on va construire spécifiquement autour du handicap. Un restaurant avec une dimension écologique dans le respect des circuits courts". Une volonté affichée et une ouverture possible d'ici deux ans. Ce dimanche-là, l'ancien grand séminaire de Reims situé entre la cathédrale et la basilique Saint-Rémi a donné une autre dimension, plus humaine encore, à ces journées européennes du patrimoine.