Marne : "l'impact environnemental de la Grande Guerre, c'est un problème d'actualité"

Alain Devos, professeur de l'Université Reims Champagne-Ardenne (URCA) travaille sur les conséquences écologiques de la guerre et présentera ses travaux ce mardi 5 novembre, lors d'une conférence au musée du Fort de la Pompelle. 

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Comment la guerre a-t-elle bouleversé les paysages champenois et sa biodiversité ? Encore aujourd'hui, les vestiges des combats ont un impact sur les territoires, les sols et même les eaux souterraines. Alain Devos, professeur à l'université de Reims champagne-Ardenne (URCA), a mené des recherches scientifiques sur le sujet, notamment à l'occasion du centenaire de la Grande Guerre, de 2014 à 2018.

Avec ses équipes scientifiques et grâce à une récente technologie laser, embarquée en avion, ils ont pu se rendre compte du nombre et de la conservation des tranchées et trous d'obus. "Nous avons comparé des cartes militaires de l'époque avec les données recueillies", explique Alain Devos, "et nous avons observé un taux de conservation de plus de 80% en forêt, notamment en Argonne ou sur la montagne de Reims"

Après cette étape de topographie, ils ont mesuré concrètement la façon dont les sols ont pu être contaminés. Entre 1914 et 1918, ce sont 13.000 kilomètres de tranchées qui ont été creusées par les soldats en Champagne-Ardenne. Des milliards d'obus ont été tirés, parfois sans exploser et polluent désormais les terres.

Sur tout le front, on estime qu'il reste encore près de 100 millions d'obus dans le sol. L'enveloppe métallique de ces obus est aujourd'hui en train de rouiller et la poudre se déverse dans les terres. 
- Alain Devos, professeur à l'université de Reims champagne-Ardenne

 
 

Un problème actuel pour le développement territorial

Du perchlorate, un perturbateur endocrinien, a ainsi été décelé non loin de la nappe phréatique de la Craie, présente notamment sous les communes de Reims, Epernay, Châlons-en-Champagne ou Vitry-le-François. 

Du plomb et du cuivre ont été détectés à d'autres endroits, mais en "doses raisonnables", selon Alain Devos. "La contamination des sols est très localisée. Il faut que les collectivités en soient conscientes pour adapter par exemple, la façon dont elles aliment leurs villes en eau. C'est donc bien un problème actuel pour le développement territorial, la guerre n'est pas l'apanage des historiens". 

Ci-dessous, une image lidar (satellite) de l'Argonne précise l'impact de la guerre 14-18. 


Mais il tient également à rassurer, il ne faut pas tout voir en noir. "Certains paysages ravagés par la Grande Guerre sont actuellement des sites très riches en biodiversité. Sur la montagne de Reims, des secteurs sont protégés alors que ce sont d'anciens lieux de déminage ", ajoute-t-il. 

Le Nord de la France et la Champagne, là où se situaient les lignes de front de la Première Guerre Mondiale, sont alors perçus comme des "zones ateliers". Des exemples illustrant tous les paysages de guerre. Pour Alain Devos, "partout où il y a eu des conflits, les terres et les reliefs ont été transformés. De nos jours, en Irak ou en Syrie, les mêmes techniques de guerre et d'artillerie sont utilisées. Ce que l'on retrouve au niveau contaminant en Champagne-Ardenne pour 14-18,  c'est le devenir des guerres actuelles et de leurs territoires"
 
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