Marne : pour trouver un patron en charpente ou en menuiserie, Alexandre 15 ans, se transforme en ado-sandwich

Depuis mardi 2 juin 2020, Alexandre Lévêque 15 ans, collégien, a décidé de se transformer en homme sandwich pour trouver une entreprise en charpente ou menuiserie. Avec son père, ils distribuent des cv aux automobilistes d'une zone de grand passage à Muizon, près de Reims.  

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"Demandeur d'avenir cherche une entreprise pour apprentissage en charpente ou menuiserie." Le message est clair, Alexandre recherche un patron. A la rentrée prochaine, l'adolescent de 15 ans doit rejoindre les Compagnons du Devoir mais pour cela, il lui faut trouver une entreprise. Problème, avec les conséquences économiques liées à la crise sanitaire du coronavirus, la société Bâtiment Associé, avec qui il était persuadé de signer un contrat, ne le prendra pas.

"J'avais fait mes stages de 4ème et de 3ème chez eux. J'ai fait le max pour qu'il me prenne en apprentissage et je pensais réellement qu'ils me prendraient à la rentrée. Je suis vraiment déçu", confie Alexandre. "On cherche depuis janvier en charpente mais on a ciblé cette entreprise. Avec le covid et les baisses de chantier, ils ne prennent plus aucun apprenti pour septembre. On se retrouve le bec dans l'eau", renchérit son père.

Une création originale et artisanale

Mais chez les Lévêque, on n'est pas du genre à baisser les bras à la première difficulté. C'est pourquoi, mardi 2 juin, Alexandre s'est installé avec sa pancarte, dans une zone artisanale à Muizon (Marne), non loin de l'entreprise. "On arrive à 6h50 et on repart vers 8h20. L'idée, c'est d'y être aux heures de pointes, quand les gens vont bosser. Pour montrer qu'on est capable de se lever tôt et même avant eux, explique-t-il. J'enfile ma pancarte pour attirer l'attention des conducteurs et c'est mon père qui distribue mes cv à ceux qui s'arrêtent."

Alexandre était prêt à tout pour trouver un patron avant septembre, quitte à distribuer ses cv dans la rue à de parfaits inconnus. C'est son père qui lui a conseillé de mieux cibler. Histoire d'être sûr que les gens qui le contactent soient bien intéressés. C'est en cherchant une idée originale que lui est venue celle de l'homme-sandwich. Père et fils sont fans de la série américaine "Mariés, deux enfants". 

"Je me suis souvenu d'un épisode où Al Bundy avait une dette et avait décidé de prendre une pancarte pour la rembourser", raconte le papa. L'opération était lancée. Comme aux Etats-Unis, où certaines personnes se transforment en hot-dog pour faire de la pub pour un restaurant, Alexandre se transformerait en ado-sandwich. "Je lui ai dit, tu vas faire de la pub pour toi même", poursuit son père.

On a eu des réactions positives, des klaxons d'encouragement, des sourires...

Alexandre Lévêque, collégien à la recherche d'un patron

Pour fabriquer la pancarte, le futur apprenti a utilisé du bois de sapin. "On a mis des sangles et on a fait tout le cerclage en palette." Mais au bout de deux heures, le costume d'ado-sandwich est très encombrant et aussi inconfortable. Le soir, il a fallu rajouter des mousses sur les épaules pour soulager le jeune homme. "Et puis, on a rajouté des pieds à la pancarte pour qu'il puisse la poser de temps en temps", précise le papa.

Avec son initiative originale et inattendue, Alexandre a fait forte impression auprès des automobilistes. " Le premier jour, il y a une personne qui s'est arrêtée, à qui j'ai donné un cv et qui m'a donné sa carte de visite. Il m'a dit rappelle-moi", raconte le collégien très enthousiaste. Son père lui a plutôt remarqué d'autres choses. "Les gens qui passent qui te regardent et qui pensent qu'on demande de l'argent ou ceux qui passaient à côté et qui n'osaient pas lire, c'est très bizarre."

Une proposition d'entretien

Après seulement deux apparitions au bord de la route et quelques messages sur les réseaux sociaux, l'histoire du futur apprenti fait le tour de l'agglomération rémoise et même au delà. "On a eu une proposition d'entretien dans une entreprise à Epernay", se réjouit Alexandre.

Mais son père s'inquiète un peu que son fils signe dans une société située loin de l'agglomération rémoise. Il voit mal son fils de 16 ans (en octobre) faire 30km en scooter en hiver sous la neige. "On ira à tous les entretiens qu'on lui propose et on leur expliquera notre situation. Même si ça n'aboutit pas, ça va le former, c'est une expérience pour lui, répète t-il.

Alexandre se dit même "prêt à effectuer une période d'essai de quelques jours pour que l'entreprise puisse tester ses compétences et sa motivation". Le jeune marnais, qui aime bien travailler avec ses mains, rêve de devenir charpentier ou de travailler dans le bâtiment. "J'aime être sur les chantiers et travailler sur les toitures." Et il voudrait, comme son père, qui exerce la profession de métreur, entrer chez les Compagnons du Devoir.  

Sur sa pancarte, il a écrit, "Aujourd'hui, je traverse la rue pour du travail". "C'est pas Macron qui avait dit qu'il fallait juste traverser la rue pour trouver du travail! Voilà, on essaie, on est là, on va voir, affirme le père. Alexandre en est sûr. "J'ai l'impression que ça peut marcher". En attendant, le jeune homme a prévu de retourner tous les jours avec sa pancarte dans la zone artisanale de Muizon. Jusqu'à ce qu'il trouve...

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