Étranglé après une partie de Fifa : le procès du meurtre de Mehdi, 19 ans, s'ouvre aux assises de la Marne

Le procès du meurtrier présumé de Mehdi, étranglé lors d'une soirée jeu vidéo entre jeunes, s'ouvre à la Cour d'assises, à Reims, lundi 13 mars. A côté du principal accusé, Sidi Bekaye Fofana, trois autres personnes seront jugées pour dissimulation de traces de crime.

Comment une simple soirée de jeux vidéo entre jeunes et un pari sur un match ont pu tourner au drame ? Le procès pour le meurtre de Mehdi Boudraa, Rémois de 19 ans, qui s'ouvre à la Cour d'assises de la Marne, ce lundi 13 mars, devra répondre à cette question.

Le principal accusé, Sidi Bekaye Fofana, étudiant malien de 22 ans à l'époque des faits, sera jugé pour meurtre. Trois autres accusés également présents lors de cette soirée devront répondre des chefs de modification de l'état des lieux d'un crime ou d'un délit. Les quatre accusés, sont actuellement libres mais placés sous contrôle judiciaire.

Un pari qui tourne au drame

Cette affaire s'est déroulée dans le quartier de Cernay, à Reims, la nuit du 1er au 2 mai 2017. A 4h30, le Samu est appelé par l'un des protagonistes de la soirée, Christopher Yvars, qui signale la présence du corps d'un homme gisant rue de la Croix Saint-Marc. A leur arrivée, les secours trouvent Mehdi Boudraa, sans vie, portant des traces de sang et un hématome au visage.

Quelques heures plus tôt, Mehdi Boudraa jouait aux jeux vidéo, à quelques mètres de là, dans un appartement du 13 rue Nogent, où sont présentes trois autres personnes. Mehdi connaît seulement Christopher Yvars, qui l'a invité. Au cours de la soirée, sur fond de cannabis, il affronte Sidi Bekaye Fofana à Fifa, un jeu de football sur console.

Une strangulation de plusieurs minutes

Selon Christopher Yvars, entendu plus tard par les enquêteurs, Mehdi aurait parié 10 euros sur un ultime match, qu'il a finalement perdu. Et qu'ensuite, "énervé", il aurait demandé de reprendre sa mise. L'autre refusant, Mehdi l'aurait alors frappé au visage, avant de se faire lui-même étranglé à plusieurs reprises, fortement, et durant plusieurs minutes par Sidi Bekaye Fofana. Ce qui caractérise l'intention d'homicide de l'accusé.

Au moment de la confrontation, à laquelle assiste Christopher Yvars, qui essaie de séparer les deux jeunes hommes, deux autres personnes sont présentes dans l'appartement. Léa Soulaine, une étudiante parisienne de passage à Reims, et dont le père occupe le rez-de-chaussée de l'immeuble avec sa société. Puis Ibrahim Touré, qui se serait endormi avant la dispute. Mais lors d'une audition des enquêteurs, la jeune étudiante concède, après avoir niée une première fois, être descendue et avoir vu le corps de la victime "avachi au sol" dans la cour de l'immeuble. Tout comme Ibrahim Touré.

Le corps inanimé laissé sur un trottoir

A cet instant, personne n'appelle les secours. Le choix est fait de déplacer le corps inanimé de Mehdi Boudraa à une centaine de mètres du lieu de l'appartement. En face du numéro 123 de la rue Croix Saint-Marc. C'est là que le Samu le retrouvera, mort.

Les traces de sang dans l'appartement sont alors nettoyées. Les carreaux d'une vitre brisée lors de la bagarre seront aussi récupérés puis mis dans un sac-poubelle, ensuite jeté. Léa Soulaine dira ne pas avoir "eu conscience de modifier une scène de crime". Ce qui lui est reproché à ce jour, tout comme pour les autres protagonistes.

Au petit matin, dans la précipitation, Léa Soulaine et Sidi Bekaye Fofana retourneront à Paris, où ils étudient. Ce qui laisse présumer une volonté d'éliminer toute trace de la scène, comme l'indiquent les investigations.

Marche blanche dans le quartier des Epinettes

Une semaine après le décès de Mehdi Boudraa, stagiaire dans le bâtiment au moment des faits, une marche blanche était organisée dans son quartier d'origine, les Epinettes, à Reims. Des dizaines de personnes rendaient hommage à un jeune homme "apprécié", grand sportif, footballeur au sein d'un club rémois. "Il avait la joie de vivre", disait un de ses amis, interrogé par France 3.

"Notre famille est détruite"

Six ans plus tard, la douleur et la colère des proches de Mehdi n'a pas disparu. "Notre famille est détruite, lâche Jacqueline Boudraa, mère de neuf enfants. Je ne sais plus ce que c'est de rigoler, de faire la fête. Ma fille a perdu son travail, a fait deux AVC, une dépression. Le meurtrier nous a brisé." "C'est compliqué de vivre, poursuit Slimane Aligui, cousin de la victime. On ne dort plus, et pour la famille, c'est une forme de mort sociale." La famille attend le procès avec impatience, pour enfin "faire son deuil".

Pour ce cousin, la portée de ce procès va au-delà du cercle des proches de Mehdi Boudraa. "En termes d'aspiration à la justice et de reconnaissance de la justice, il y a aussi ce que ça peut véhiculer pour la population, notamment aux jeunes qui le côtoyait très régulièrement, explique Slimane Aligui. Avant de conclure : "on croit en la justice."

Avocate de Sidi Bekaye Fofana, maître Anne-Claire Moser-Lebrun conteste l'accusation de meurtres. "A aucun moment monsieur Fofana n'a imaginé que Mehdi Boudraa allait perdre la vie, assure-t-elle. S'il y a des certitudes, la mort tragique de cet homme, il n'y a en revanche aucune certitude quant aux causes de sa mort."

Le procès devant la Cour d'assises de la Marne devrait durer quatre jours.

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