Après la rixe qui a eu lieu début février dans le centre-ville de Reims, nous avons demandé aux candidats à la municipalité de développer le volet "sécurité" de leur programme. Au menu : plus de proximité entre police et population.
"La situation est grave. Jamais la violence n’avait atteint un tel niveau dans notre ville. Ce n’est pas acceptable !" s'insurge le socialiste Eric Quénard, chef de file de la liste Faisons Respirer Reims. "En 2014, lors des élections municipales, Arnaud Robinet fustigeait la politique conduite en matière de sécurité. Il citait dans son programme : « Faire de Reims une ville plus sûre, les Rémois méritent la tranquillité et la sécurité. Assez d’excuses et de gesticulations face à l’insécurité. » Six ans plus tard, c’est un constat d’échec."Le décor est posé et le ton employé par l'ancien premier adjoint d'Adeline Hazan ne fait guère de doute. "Rappelons que monsieur Robinet quand il était député UMP a voté la suppression de 13.000 postes de policiers et gendarmes," écrit-il dans son communiqué. Depuis l'agression du 5 février en centre-ville de Reims, les opposants au maire sortant Arnaud Robinet ont refait de la sécurité un thème de campagne.
Nous avons décidé de nous concentrer sur les cinq candidats suivants : Arnaud Robinet, maire LR sortant, Gérard Chemla (LREM), Jean-Claude Philipot (rassemblement national, RN), Léo Tyburce (alliance écologie indépendante, AEI) et Eric Quénard (PS/PC). Ils seront prochainement les invités d'un débat télévisé sur France 3 Champagne-Ardenne.
Augmenter le nombre de policiers municipaux
Tous sont issus de partis politiques très différents. En revanche, ils sont presque tous d'accord pour augmenter le nombre de policiers municipaux en poste, mais pas pour les mêmes raisons.Selon Jean-Claude Philipot, candidat RN, il faut non seulement plus de policiers municipaux, mais également les équiper de caméras embarquées et de brigades canines, "pour lutter plus efficacement contre le trafic de drogue". S'il reconnaît que le nombre de policiers municipaux a augmenté depuis 2014, le candidat souhaite son augmentation. Une manière de favoriser la confiance des citoyens en leur police, plus présente également dans leur quotidien, "que ce soit par la présence sur le terrain ou par des locaux dans des quartiers". Et d'ajouter : "Il faut que la police agisse. Je souhaite également renforcer les contrôles dans les transports en commun et réprimer les fraudes."
Pour Gérard Chemla, candidat LREM, il faut une police municipale mieux répartie dans la ville, autour de maires de quartiers. Elle correspondrait plus au rôle des "îlotiers", des policiers chargés de surveiller des îlots d'immeubles. Et l'avocat rémois de préciser : "Ils étaient au contact de la population. Ils participaient à des activités avec les habitants des quartiers."
Léo Tyburce, candidat AEI, défend l'idée d'une police municipale plus nombreuse et aux missions élargies, qui interviendrait sur des questions écologiques comme la pollution de l'air et la pollution sonore. Dans la même veine, les caméras de surveillance pourraient être utilisées à différents escients : "Pour la surveillance des pistes cyclables pour que chacun puisse les utiliser en toute sécurité. En cas d’obstruction des pistes ou d’accident, elles favoriseront l’arrivée rapide de la fourrière ou des secours."
Pas de policiers supplémentaires mais plus de présence
Un bilan. C'est ce que défend Arnaud Robinet face aux attaques sur ce thème de la sécurité : "Depuis six ans, nous avons rattrapé le retard considérable constaté à notre arrivée. Nous sommes passés de 59 à 120 policiers municipaux et de 36 à 220 caméras. Nous avons mis en place l’armement létal des policiers municipaux," rappelle-t-il. "Nous allons poursuivre et renforcer la présence sur le terrain des policiers municipaux dans tous les quartiers, créer une brigade pour la surveillance des parcs ainsi qu'une brigade équestre et renforcer la vidéo-protection."Eric Quénard, le candidat PS/PC, ne propose pas d'augmenter les effectifs de la police municipale. Mais il veut redéfinir ses priorités "pour qu’elle devienne une véritable police de proximité à la hauteur de la situation et des enjeux." Il veut créer une "police de quartier avec des équipes d’îlotage," une pour chaque grand quartier et une spécifique au coeur de la ville et "créer une police montée" au sein de la police municipale.
Favoriser la prévention
"Plus de concierges," c'est ce que propose Léo Tyburce, d'AEI. Dans un communiqué, le candidat écologiste mentionne, sans apporter plus de précisions, qu'il faudrait "plus de policiers municipaux mais aussi plus de médiateurs et de concierges (…) dans le but de favoriser le mieux vivre ensemble." Le Rémois va plus loin : "Il faut miser sur les associations de quartier car elles connaissent bien les personnes et le terrain. Il est scandaleux de constater combien les associations ont été asphyxiées par manque de moyens, tout simplement parce que la municipalité précédente a appliqué une réduction aveugle et uniforme des budgets dans le but de compenser le désengagement de l’État, et cela sans aucune analyse des besoins du terrain."Eric Quénard en remet une couche contre le maire sortant dans son communiqué de presse : "Il faut rétablir le pôle de médiation supprimé par Arnaud Robinet, rétablir les fonctions préventives et éducatives de la police de proximité par un travail permanent avec les associations et les services publics, rétablir une fonction de médiation en associant les familles, développer l’éducation citoyenne au cœur de l’école, généraliser pour les femmes les arrêts sur demande des bus en service à partir de 20h ou encore créer des cours gratuits de self-défense et d’apprentissage des gestes de secours pour les femmes en lien avec les clubs sportifs de la ville."
Prévention, c'est aussi un terme qu'utilise Arnaud Robinet : "Il faut faire de la prévention un outil efficace de lutte contre la délinquance. Il faut responsabiliser les parents, en poursuivant et amplifiant les objectifs du contrat de ville, en maintenant un haut niveau d’engagement de la ville dans les actions de lutte contre la radicalisation, le repli communautaire et les violences intrafamiliales."
Le retour au calme dans les quartiers passera par l’humain. Plus que des policiers, Gérard Chemla (LREM) songe également à engager plus de gardiens au sein des immeubles. "La loi stipule le nombre de gardiens nécessaires. Aujourd'hui à Croix-Rouge, il n'en reste que deux", explique-t-il. Des propositions afin de "remettre de l'"humain dans les quartiers".