"On forçait les enfants à manger jusqu’à ce qu’ils vomissent" : la fermeture d'une crèche accusée de maltraitance

Fermées pour trois mois, jusqu'au 16 janvier 2025, les deux micro-crèches de Villiers-aux-Nœuds sont pointées du doigt. Accusées de “maltraitance physique, psychologique et négligences sur les enfants accueillis”, une ex-employée témoigne des faits reprochés.

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Les deux micro-crèches Petit pas de Villiers-aux-Nœuds (Marne) sont fermées pour trois mois, du 16 octobre 2024 au 16 janvier 2025, après la décision du conseil départemental et de la préfecture de la Marne. Cette décision intervient après une première sanction en septembre, les établissements suspectés d'avoir dissimulé des enfants lors de contrôles de la protection maternelle et infantile, dans leurs locaux. Selon le département de la Marne, les structures auraient fait du surbooking, c'est-à-dire accueillir trop d'enfants par rapport à leur capacité. 

Des accusations de "maltraitance physique, psychologique et négligences"

Cette fois, les établissements sont suspectés de “maltraitance physique, psychologique et négligences sur les enfants accueillis”, relate l’arrêté. De façon plus détaillée, on parle de violence verbale telle que des hurlements, tentative de secouement avec risque du syndrome du bébé secoué, humiliation, tirage de bras et soulèvement du corps de l’enfant avec risque d’altération physique, introduction d’aliments de force jusqu’à vomissement, défaut de soin… et d’autres encore. 

Samuel Monod, journaliste à France 3, s’est entretenu avec Me Stéphane Boileau, avocat de la société Clélia, gestionnaire des deux crèches. Il dénonce des “accusations, qui sont contestées et qui n'ont pas été vérifiés par le département.” Il aurait souhaité que “dès les premiers signalements, le département, avec la PMI, aurait dû faire les vérifications qui s'imposaient, pour s'assurer de la véracité des propos très accusateurs tenus dans les signalements recueillis par la PMI”. 

Le premier signalement a été fait le 18 septembre. Nous avons rencontré l’ex-salarié à l’origine de ce dernier. Lorie* a travaillé dans l’une des crèches pendant un an. Dès son arrivée, elle constate ce qu’elle qualifie d’actes de maltraitance. “Les bébés étaient soulevés à hauteur de visage, à deux doigts d’être secoués”, témoigne-t-elle.

Elle disait à des enfants de deux ans "si tu ne dis pas merci, on ne te donne pas de gâteaux" et à d’autres, on les force à manger jusqu’à ce qu’ils vomissent.

Lorie, ex-salariée

Elle rapporte également la violence avec laquelle certains enfants auraient pu être recouchés lors de la sieste. 

Des signalements pour dénoncer 

Elle confie avoir signalé les faits à plusieurs reprises à la directrice qui n’aurait pas réagi. “On a arrêté d’aller la voir, car peu importe la gravité des actes, elle ne faisait rien.” Dans ces moments-là, Lorie ressent de la tristesse dans un premier temps, avant de laisser place à la colère. “On fait du mal aux enfants, et elle n’a pas de réaction… Comment elle peut laisser passer ça ?” Elle confirme aussi le surnombre d’enfants accueillis. “Parfois, on avait 8-9 enfants en plus par jour. Ils étaient dans la même pièce toute la journée, on n'était que deux… On ressent alors de la fatigue et il y a aussi moins de surveillance et de sécurité”, dénonce-t-elle. Tout cela a poussé Lorie à partir. 

Partir oui, mais pas sans rien faire. “Je ne pouvais pas partir en laissant des enfants en danger. Je sais ce qu’ils subissent, et j’aime trop mon métier pour ne rien faire."

Je ne pouvais pas partir et faire comme si je ne savais pas. J’étais obligée de dénoncer pour être en paix avec moi-même. C’était mon devoir de le faire.

Lorie, ex-salariée

Après son signalement, six autres personnes l’ont suivi. Contactés, certains parents dénoncent des négligences sur l’hygiène, notamment, avec des enfants qui n’étaient pas changés régulièrement. Cela provoquant des douleurs et des rougeurs sur les parties intimes, ainsi que des violences psychologiques (sous et sur nutrition). 

De son côté, le procureur de Reims, François Schneider, affirme qu' “il n'est pas certain que des infractions autres qu'administratives aient pu être constatées, sachant que des mesures ont été prises pour leur fermeture, ce qui écarte tout danger pour les enfants". Ce dernier souhaite examiner le dossier en profondeur avant d'ouvrir une enquête pénale. Ce qui crée de la frustration chez Lorie. "C'est comme si on laissait passer tout ça... À écouter la directrice, la PMI en a après elle. Mais si c'est le cas, c'est qu'il y a une raison. Tout ça, c'est le revers de la médaille, elle a ce qu'elle mérite". 

Contactée, la directrice n'a pas répondu à nos sollicitations, seul son avocat exprime sa position. 

*Le prénom a été changé

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