L'agence de la biomédecine lance une grande opération pour sensibiliser les Français au don de gamètes. Depuis 2021 et l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, la demande explose contrairement au nombre de donneurs.
"Bonjour ! On peut vous parler du don de gamète ?" Avec leur coupe-vent violet, vous risquez peut-être de les croiser dans les prochains jours. Ce mercredi 2 octobre, c'est à Reims (Marne) que les bénévoles du bus "Faites des parents" font escale le temps d'une journée.
Autour du véhicule garé sur la place de la République, ils distribuent flyers et documentation sur les dons de spermatozoïdes et d'ovocytes. Organisé par l'agence de la biomédecine, ce tour de France inédit vise à recruter de nouveaux donneurs et donneuses.
Beaucoup de demande, pas assez de donneurs
"On manque cruellement de donneurs et de donneuses. De plus en plus de couples sont confrontés à l'infertilité, environ un couple sur cinq. Tous heureusement n'auront pas besoin d'un don de sperme ou d'ovocytes, mais il y a quand même beaucoup de gens qui sont dans une situation où il n'y a pas de spermatozoïdes chez le monsieur et où il y a des ovaires qui ne sont plus fonctionnels chez la femme", indique le docteur Pauline Lugassy, gynécologue au CHU de Reims.
Dans le même temps, le nombre de demandes pour avoir accès à la procréation médicalement assistée (PMA) a explosé en France, passant d'environ 2000 par an avant 2021 à près de 13 000 en 2023.
Raison principale de cette hausse : l'ouverture de la PMA à toutes les femmes hétérosexuelles, homosexuelles et célibataires depuis la loi bioéthique votée en 2021. Conséquence : beaucoup plus de demande, mais pas plus de donneurs.
Les changements de la loi bioéthique
Autres éléments d'explication, ce même texte de loi a changé deux choses. Avant 2021, une femme avait le droit de faire conserver ces ovocytes uniquement si elle était atteinte d'une maladie grave. "La seule façon de conserver ses ovocytes sans raison médicale, c'était de faire un don. Une moitié des ovocytes était destinée à la donneuse, tandis que l'autre moitié partait au don. Désormais, une femme peut tout à fait conserver ces ovocytes pour elle seule sans en faire don", ajoute le docteur Lugassy.
Autre changement : même si le don de gamètes reste anonyme, la loi de bioéthique permet un droit d'accès aux origines pour les personnes issues d'un don, comme l'explique Béatrice Delépine. Elle dirige le centre d'études et de conservation des œufs et du sperme de Champagne-Ardenne (CECOS).
"Un enfant issu d'un don peut dorénavant à ses 18 ans accéder à l’identité de la personne qui a donné en contactant la commission d'accès des personnes nées d'une assistance médicale à la procréation aux données des tiers donneurs (CAPADD)". De quoi peut-être refroidir certains candidats au don de spermatozoïdes...
Le bonheur de devenir parents
Pourtant, le don peut changer la vie de certains couples. C'est le cas de Clémentine et de son mari. Lui était infertile, le don de sperme leur a permis de devenir parents par deux fois."Je suis sans cesse en train de dire merci ! C'est quand même fantastique à notre époque de pouvoir se dire qu'en ayant l'impossibilité physique de faire un enfant, on peut avoir le bonheur de devenir parents".
Le don de gamètes est ouvert aux hommes de 18 à 44 ans et aux femmes de 18 à 37 ans révolus. Quant au bus de l'agence biomédecine, il poursuit son tour de France dans les prochains jours.