"On veut nous faire disparaître", le cri d'alarme d'une association d'aide aux familles et enfants en difficulté

Faute de financements pérennes, l'association "Paroles de parents" qui agit dans la Marne, pourrait cesser son activité en mai 2024. Elle dénonce la remise en cause de subventions versées par la collectivité, qui lui répond.

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"On nous laisse disparaître presque sciemment" ! Ambre Schaeffer, coresponsable avec Marine Lagille de l'association "Paroles de Parents", n'y va pas par quatre chemins. Selon elle, son association qui vient en aide à des familles et notamment des enfants dans la Marne pourrait bien mettre la clé sous la porte. Une cessation d'activité en mai 2024 est même envisagée. En cause, la remise en question des aides versées par différentes collectivités. "Ces dotations sont soit en diminution, soit leur versement est retardé, ou bien elles sont tout simplement supprimées, poursuit Ambre Schaeffer. On ne comprend pas pourquoi on nous bloque, on est victime d'un dysfonctionnement qui nous échappe." 

Créée au début des années 2000, "Paroles de parents" vient en aide à environ 150 familles dans la Marne, principalement dans la communauté urbaine du Grand Reims. Son rôle consiste à accompagner la parentalité dans son ensemble. Elle intervient lors de situations de conflits, de rupture, de blocage. Par extension, elle propose naturellement son aide aux enfants exposés à des situations difficiles, dans le cas de violences conjugales par exemple.

Je ne sais pas où nous serions s'ils n'avaient pas été là

La mère d'un enfant de 8 ans suivie par l'association "Paroles de parents"

Résidant à Reims, Mme A., 28 ans, a pu compter sur l'association pour remonter la pente après une période difficile. "J'étais victime de violences conjugales, j'ai voulu protéger mon fils, témoigne-t-elle. Ils m'ont très bien accompagnée, mon fils a aussi été très bien suivi, ils l'ont rassuré, il a pu avoir des réponses à ses questions. J'ai pu avoir des explications par rapport au jugement. Vraiment, leur aide a été incroyable, je ne sais pas où nous serions s'ils n'avaient pas été là."

"On fait du cousu main"

Pour libérer la parole, la structure qui compte trois psychologues cliniciens et une assistante sociale organise des ateliers comme le "café des parents" lors duquel il est question d'échange autour des questions d'éducation. Elle accueille aussi depuis quelques mois un chien baptisé Uby qui joue le rôle de médiateur animal afin d'apaiser les parents et surtout les enfants, ce qui permet là encore de faciliter l'expression des sentiments.

"On fait du cousu main, reprend Ambre Schaeffer. Si une famille nous appelle à 20h, on lui répond et on essaie dans un temps très court de lui apporter une solution. On organise des entretiens individualisés. Nous sommes la seule association à proposer cela sur le territoire."

L'association intervient aussi régulièrement auprès d'adolescents en souffrance, victimes par exemple de harcèlement scolaire. "On établit un contact avec ces collégiens, ces lycéens, on les écoute, on essaie de mettre des mots sur leurs traumatismes. Souvent, on évite des drames. On travaille aussi pour les réintégrer dans leur scolarité, en lien avec les conseillers principaux d'éducation des établissements."

Le Grand Reims n'a pas reçu de demandes d'aides

Des missions qui sont aujourd'hui menacées par ces difficultés financières. Sur un budget de 240 000 euros, "Paroles de Parents" perçoit notamment une subvention du Grand Reims à hauteur de 12 000 euros et de la Ville de Reims pour un montant de 10 000 euros. L'organisme bénéficie également du soutien de la Caisse d'allocations familiales (CAF) avec laquelle une réunion est programmée le 17 avril prochain afin de faire le point sur le sujet.

Sur le sujet, la Ville et du Grand Reims rappellent que "de nombreuses réunions entre l’association et les représentants des deux collectivités se sont tenues ces deux dernières années. L’association « Paroles de Parents » avait pris l’engagement de consolider ses actions et financements a minima jusqu’en 2025, avant d’envisager une extension de leurs activités et donc de leurs dépenses. L’objectif était de ne pas fragiliser leur fonctionnement ni leurs activités.

La ville et le Grand Reims à l’instar des autres partenaires publics, ne sauraient être comptables de la mauvaise gestion de l’association.

Grand Reims

Respectant leur engagement, les collectivités ont développé un accompagnement financier pour répondre aux besoins grandissants de l’association, et proportionnels au développement de son activité. Ainsi, entre 2021 et 2023, le soutien financier de la Communauté urbaine du Grand Reims à l’association est passé de 3 000 € à 12 000 €, pour des actions financées au titre du Contrat de Ville. Le soutien financier de la Ville s’est lui élevé à 10 000 € en 2023".

Ouvrant la piste de l'avenir, pour l’année 2024, le Grand Reims évoque le fait que les demandes de financement sont encore à l’étude pour ce qui concerne la Communauté urbaine. Toutefois, "à date du 12 avril 2024, la ville de Reims n’a reçu aucune demande de soutien financier de la part de l’association. La ville de Reims et la Communauté urbaine renvoient donc Paroles de Parents vers ses responsabilités, et à l’instar des autres partenaires publics, ne sauraient être comptables de la mauvaise gestion de l’association, malgré les alertes répétées enjoignant les représentants à exercer leur activité dans un cadre budgétaire maîtrisé".

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