Près de 400 personnels soignants ont manifesté ce mardi 16 juin devant l'Hôtel de Ville à Reims, comme à Troyes, ou Charleville. Ils demandent une revalorisation salariale, alors que la pandémie de Covid-19 est à peine terminée.
"Sauvons des vies, pas l'économie, l'hôpital est mort, réanimez-le". Les slogans sont forts. Les applaudissements de 20 heures aux balcons ne sont pas si loins. Et voilà les "héros de la lutte contre la pandémie" de Covid-19 qui manifestent masqués, pour ne pas être oubliés par l'Etat. Ce mardi 16 juin, à partir de 16h, ils étaient 400 soignants massés sur la place Simone-Veil, devant l'Hôtel de Ville de Reims, à manifester pour demander une hausse de leur rémunération. Un appel national d'une dizaine de syndicats et collectifs de soignants (CGT, FO, Unsa, Sud, Collectif Inter-Hôpitaux...). Des manifestants remontés, en lunettes de soleil, masques, et blouses blanches.
Un mouvement national très suivi, dans le Grand Est notamment, ou le virus a été plus présent qu'ailleurs en France. À Strasbourg, ils étaient 4.500. "Soigne et tais-toi", pouvait on lire sur les panneaux colorés à Reims. "Epuisés, sous-payés, ras-le-bol de se faire entuber". Le cri n'est pas nouveau, mais il résonne autrement depuis l'épidémie de covid-19. On les a vus et entendus donner leur temps sans compter, avoir peur aussi parfois, au bord de l'épuisement. Le Gouvernement a pourtant lancé un Ségur de la Santé, aux promesses jugées incertaines. Mais cette fois, les soignants espèrent que le monde d'après ne souffrira pas d'amnésie. Car eux, ils n'oublieront pas.
Reçus par le maire de Reims
Déterminés, agents du CHU de Reims ou des cliniques privées, étudiants, la "grande famille des soignants" a semblé faire cause commune cet après-midi de juin sous le soleil de cette fin de printemps, aux allures de Libération. Une délégation a été reçue par le maire de Reims, Arnaud Robinet. L'élu, par ailleurs président de la fédération hospitalière dans le Grand Est, s'est engagé à faire remonter leurs doléances au niveau national. Juste avant le conseil municipal, il s'est entretenu avec eux. Pendant une heure.
Aux côtés des manifestants, des habitants venus en soutien du mouvement. Le covid reste bien en place dans les esprits. Comme ce couple de retraités. Leur regard, au-dessus du masque, traduit une volonté de ne pas oublier la crise. L'envie d'une prise de conscience collective. "J'ai applaudi, maintenant je vous soutiens", est-il écrit sur un morceau de carton que brandit madame. "Pas de miettes pour nos héros", a écrit monsieur, en masque noir. L'impression que les soignants ont réussi à gagner la cause populaire.
Réduction du nombre de lits médicaux
Autre sujet de préoccupation, à Reims, la réduction envisagée du nombre de lits médicaux au CHU. Le maire l'avait souligné récement, il souhaite s'entretenir avec le président de la République sur ce plan baptisé Copermo. Qui prévoit la modernisation de l'établissement, en contrepartie de la fermeture d'un certain nombre de lits médicaux.
Des rassemblements de personnels soignants ont eu lieu également à Troyes, Sedan, Charleville-Mézières ou Châlons-en-Champagne devant l'hôpital. Les premières manifestations autorisées dans le pays depuis l'entrée en vigueur du confinement il y a trois mois ont rassemblé, selon la police, 7 500 personnes à Toulouse, 6 000 à Lyon, 5 500 à Nantes, au moins 4 000 à Bordeaux ou Strasbourg, 3 800 à Grenoble, 3 500 à Marseille.