Les salariés de la polyclinique Reims-Bezannes du groupe Courlancy poursuivent leur grève et appellent à une mobilisation nationale des autres établissements du groupe, ce lundi 13 décembre. L'ARS devrait entamer une médiation.
Alors que le CHU de Reims a déclenché le plan blanc, vendredi 10 décembre, pour pouvoir faire face à un afflux de patients atteints du Covid19, la grève interprofessionnelle débutée le mercredi 8 décembre au sein de la polyclinique Reims-Bezannes du groupe Courlancy n'en fini pas de durer.
La structure, classée en 2021 pour la troisième année consécutive meilleur établissement privé de France, connaît pourtant d'importants soubresauts ces dernières semaines. Une grève des sages-femmes y avait ainsi rendu tout accouchement impossible le 2 novembre 2021.
Lundi 13 décembre, réunie en assemblée générale devant l'entrée principale de la polyclinique à Bezannes, une centaine de salariés a voté une motion appelant "l'ensemble des salariés du Groupe Courlancy et du Groupe Saint-Gatien (18 établissements en France ndlr), le principal actionnaire, à rejoindre la grève".
Effectifs, conditions de travail et salaires
Face à l'augmentation du nombre de patients dans un contexte de cinquième vague, la direction, par l'intermédiaire du président du directoire, Bruno Leray, avait demandé un report de la mobilisation à l'intersyndicale CFDT-FO qui porte le mouvement. Celle-ci a finalement été votée le 7 décembre pour une entrée en application le lendemain entraînant l'annulation de plus de 200 blocs opératoires, seules trois salles d'opération sur vingt-deux restant opérationnelles, pour les urgences.
"Bezannes, première clinique de France, aucune reconnaissance", pouvait-on lire ce matin là sur une banderole brandie au milieu d'une centaine de manifestants regroupés devant l'entrée de la polyclinique. Des grévistes dont les revendications sont nombreuses et portent sur trois axes : des effectifs supplémentaires, de meilleures conditions de travail et une revalorisation salariale.
"Les plannings des blocs opératoires sont surchargés au point d'empiéter sur la pause déjeuner des infirmières et de leur faire terminer plus tard le soir, développe Marie-Pierre Trochain, aide-soignante de nuit en soins intensifs et déléguée syndicale FO. Au niveau du personnel, avant il y avait huit brancardiers, aujourd'hui, il en a six. Dans un service de 34 lits, avant il y avait deux agents des services hospitaliers, aujourd'hui il n'y plus qu'un titulaire avec des renforts épisodiques."
"Les salariés sont exténués. Ils ont beaucoup donné avec le covid sans retour de la part de la direction. On a des salaires qui sont bloqués sur des années parce qu'ils suivent l'évolution du SMIC. Certains, en vingt ans, n'auront aucune augmentation, ils resteront au SMIC toute leur vie", poursuit Valérie Mathieu, aide soignante et délégué syndicale CFDT.
L'ARS entre en scène
Une grève suivie à plus de 50% selon les syndicats qui avouent avoir du mal à chiffrer précisément la participation et dénoncent des réquisitions abusives de la part de la direction tout en partageant la nécessité d'un service minimum pour les patients. Lundi 13 décembre, seuls six blocs opératoires étaient ouverts à la polyclinique engendrant encore des reports d'opérations.
Face à cette situation, l'Agence régionale de santé devrait débuter une médiation. "Nous avons rendez-vous avec un représentant de l'ARS demain matin (mardi 14 décembre ndlr) et nous devrions rencontrer, avec l'ARS, la direction et la commission médicale d'établissement dans l'après-midi", annoncent les syndicats.