L'Opéra de Reims (Marne) a été construit en 1873. Il fête donc ses 150 en 2023. L'occasion pour une rame de tramway d'être parée d'une photographie de Michel Jolyot. Explications de l'artiste à France 3 Champagne-Ardenne.
Ce n'est pas le fantôme de l'Opéra, mais le tramway de l'Opéra... littéralement. La photographie de Michel Jolyot, publiée sur Facebook le vendredi 10 mars 2023, tend à la mise en abyme et prête à sourire.
Ce photographe bien connu du public rémois a photographié, depuis une station élevée, le fronton haut de l'Opéra de Reims (Marne). Sa photographie, prise avec "le dernier Nikon", a été étirée et multipliée pour habiller une rame de tramway de la Citura, ceci à l'occasion des 150 ans de la construction du monument.
Et quand le tramway habillé de l'Opéra est passé devant l'Opéra, Michel Jolyot était de retour sur son perchoir pour capturer la scène. Résultat, le cliché est devenu populaire : il a été aimé par 1.800 personnes, et partagé plus de 300 fois. France 3 Champagne-Ardenne l'a contacté pour connaitre les coulisses.
On ne sait pas qui a commencé
"En fait, la photo m'a été commandée par Majuscule, une société qui fait de l'impression sur différents supports... et qui par ailleurs, tire mes photos d'exposition [l'une d'elles a lieu en ce moment à Reims, Cave Balourdet, du 17 mars au 15 avril; ndlr]. On est donc beaucoup en rapport au sujet de mes photos. Ils avaient la mission de décorer un tramway à l'initiative de l'Opéra de Reims. Je ne sais pas si l'Opéra a démarché Transdev-Citura, ou l'inverse. En tout cas, Majuscule a eu cette commande."
"Ils m'ont demandé de photographier le haut du bâtiment pour faire un panoramique sur le tramway. On a fait un repérage. J'ai vu qu'en se mettant au balcon, sous les toits du Colombus Café, je me retrouvais pile en face du haut du bâtiment. Ils ont demandé l'autorisation que je monte là-haut. J'ai fait la photo panoramique, c'est-à-dire une petite dizaine de photos assemblées par Photoshop, pour obtenir un fichier très lourd."
"Après, Majuscule l'a un peu adaptée pour coller à la longueur du tram." Le cliché a été pris "récemment". D'autres photographies (du plafond décoré, de rambardes Art Déco, etc.) se trouvent à l'intérieur de la rame, dans un format un peu moins gargantuesque. C'est la première fois que son travail se retrouve affiché sur les transports publics rémois... et même si ce n'est pas prévu, il n'est pas fermé à d'autres futures collaborations (voir l'Opéra sur la carte ci-dessous).
Vient ensuite la mise en abyme. "Mon contact à Transdev m'a dit être remonté au-dessus du Colombus, et avoir fait une photo qui pouvait être sympa. J'ai alors découvert que le meilleur endroit pour prendre le tramway avec le Théâtre, c'était de monter là-haut." En bas, l'effet est moins réussi.
Michel Jolyot a dû fouiner et demander pour avoir l'horaire de passage de la rame en question. "Le tram ne passe pas sans arrêt. Il n'y en a qu'un. Ce n'est pas facile de se planter là-haut et d'attendre un passage dans une ou deux heures."
Échange de bons procédés
Il n'y a pas de parasites (terme un peu barbare pour indiquer la présence de personnes masquant le tramway) car il pleuvait lors de la photographie du tramway décoré devant l'Opéra. "J'ai fait trois photos en mouvement. Le tram ne fait que passer, il ne s'arrête pas." Le photographe se satisfait de voir la cathédrale apparaître derrière.
Et s'amuse de "cette collaboration entre plusieurs entités. On se retrouve avec celui qui imprime, celui qui a le tramway, moi qui photographie... sans oublier le commerçant qui nous laisse monter à chaque fois. Rien n'aurait été possible sans lui, ça aurait été bizarre en bas et la perspective n'aurait pas du tout été la même. Et je n'utilise pas de drone."
Rien n'aurait été possible sans le commerçant.
Michel Jolyot, photographe
Jamais une de ses publications sur les réseaux sociaux n'a fait autant réagir. Il avait déjà battu son record, quelques jours auparavant, avec une photographie de la légende Just Fontaine, qui est morte récemment. Mars semble être le mois des records, et il reste vingt jours pour le prouver.
Une exposition et des livres
Ce qui reste également, c'est un livre. Le photographe a écrit et illustré un ouvrage intitulé Les Mondes Parallèles par Michel Jolyot. Il avait d'ailleurs été reçu sur le plateau de France 3 Champagne-Ardenne au début du mois de mars pour venir en parler (voir la vidéo ci-dessous).
Michel Jolyot est plutôt spécialisé dans les paysages et les évènements des maisons de champagne (partout dans le monde, de Monaco à Hong-Kong). Son exposition parle aussi de ses mondes parallèles, et il songe à faire un livre encore plus gros, toujours sur ce thème.
Un autre livre est encore prévu et parlera du street-art, sous forme de carnets de voyages. "Parfois, c'est effacé; et parfois ça subsiste..." Le photographe ne chôme pas. Et devra trier beaucoup de clichés : son premier de street-art remonte à 1979 (c'était à Montréal), deux ans avant qu'il ne commence officiellement son activité.