De plus en plus de restaurants décident de ne plus accepter les paiements avec des tickets restaurant papier. On vous explique pourquoi.
Vous en avez peut-être fait l'expérience dernièrement au moment de régler la note au restaurant. Alors que vous aviez l'habitude de payer avec des tickets restaurant papier, le serveur vous annonce à regret que l'établissement ne les accepte plus.
Ce changement est lié à la disparition le 28 février 2023 de la centrale de règlement des titres, la CRT, une association créée par les fournisseurs de titres papier. C'est à cet organisme que les restaurateurs envoyaient jusqu'ici leurs tickets restaurant pour être remboursés.
"C'était assez simple. On collectait les quatre sortes de tickets restaurant qui existent. Il nous suffisait de compter l'ensemble de nos tickets", explique Jérémy Perrot, cogérant du restaurant Pont Royal au Châtelet-sur-Retourne, près de Rethel dans les Ardennes.
De nouvelles contraintes pour les restaurateurs
Une fois comptés et triés, les tickets pouvaient être déposés dans des points de collecte notamment situés chez les grossistes auprès desquels les restaurateurs se fournissent, comme Metro et Promocash. Les titres étaient ensuite traités par la CRT, qui leur reversait la somme due, à laquelle était retranché le montant de commission qu'empochent les émetteurs de titres restaurant.
La CRT, et les émetteurs de titres papier Edenred France, Up, Natixis Intertitres (depuis devenu Bimpli) et Sodexo Pass France ont été condamnés en 2019 par l'Autorité de la concurrence à près de 415 millions d'euros d'amende pour ententes et verrouillage du marché.
Mais avec la disparition de la CRT, le dépôt chez les grossistes n'est plus possible. "Maintenant qu'il n'y a plus de centres de dépôt, les restaurateurs sont obligés de les envoyer à leur frais aux émetteurs", indique Joël Oudin, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) de la Marne.
Une adresse unique pour l'ensemble des émetteurs de titres a été mise en place. Mais tout passe désormais par un recommandé ou Chronopost. Avec souvent plusieurs milliers d'euros à encaisser, l'envoi doit être suffisamment assuré pour que le professionnel ne perde pas sa recette si l'enveloppe est égarée.
Les tickets papier continuent d'exister
"On a arrêté de les prendre parce que ça compliquait encore plus le dépôt", ajoute Jérémy Perrot, restaurateur dans les Ardennes. Et il est loin d'être le seul à avoir fait ce choix. À Reims, par exemple, c'est aussi le cas d'un restaurant italien du centre-ville ou d'un restaurant de couscous situé dans un centre commercial, pour n'en citer que quelques-uns.
Il faut dire que la carte ticket restaurant a des avantages pour le restaurateur qui touche plus rapidement son argent qu'avec l'équivalent papier, qui était payé à 7 ou 21 jours après réception par la CRT. "Avec la carte, il n'y a pas de question à se poser. Vous encaissez ça comme une carte bancaire normale. L'argent est crédité directement sur le compte du restaurant, toujours avec une commission, mais il n'y a pas de manipulation particulière à faire", précise Jérémy Perrot.
"Il faut rester moderne. Aujourd'hui, un restaurateur qui ne prend pas la carte bleue, il est mort. Mais difficile d'en trouver un qui accepte les chèques. Ça va être à peu près pareil pour les tickets restaurants", glisse Joël Oudin, de l'Umih.
Pour l'heure, la disparition des tickets restaurant papier n'est pas actée. Mais si les établissements qui les acceptent se font de moins en moins nombreux, le mouvement pourrait s'accélérer.