C’est la nouvelle adresse de street food à la mode à Strasbourg (Bas-Rhin) : un bar à spätzle a ouvert dans le centre-ville. Le concept devait être éphémère, mais en raison de son succès, le restaurant est pérennisé. Ses atouts maîtres : une recette du terroir et un chef qui aime faire le show.
"Désolé, on a déjà tout servi, on n’a plus rien à proposer", se désole Jean-Sébastien Ohmann, le maître des lieux, face aux clients retardataires qui tentent encore leur chance passées 13h30. Sourires de dépit voire grimaces de frustration des affamés. Car la proposition les avaient déjà mis en appétit : des spätzle faits maison, comme ceux de nos grands-mères, une petite box de réconfort familial à manger sur le pouce ou au bureau.
Et quand y’en a plus, y’en a plus. Pas la peine de chercher dans les congélateurs. Ici, c'est du fait maison. De l’achat des ingrédients jusqu’au service enjoué aux clients, Jean-Seb assure tout. Il confectionne lui-même ses spätzle, les bouillons dans lesquels il les fait cuire, les sauces qu’il prépare avec amour, le tout exclusivement à base de produits locaux. Chaque midi – le petit restaurant est ouvert six jours sur sept à l’heure du déjeuner -, il peut assurer une soixantaine de portions.
Du fait-maison, et on en a la preuve. Quand on vient chercher à manger ici, on se plaît aussi à observer l’artisan côté cuisine. Il faut dire que l’endroit ne fait que 18m2, incluant le comptoir, les deux tabourets et la table où l’on peut manger sur place, en prise directe avec la cuisine. Et Jean-Seb aime en jouer. " J’ai besoin d’être en prise directe avec les clients, de voir comment ils réagissent quand ils goûtent ma cuisine. S’ils semblent déçus, je veux comprendre pourquoi."
Les spätzle, pour lui, c’était une évidence. "D’abord parce que je suis Alsacien, et tous les Alsaciens aiment ça ! Et puis c’est très basique : une pâte et on peut ensuite s’amuser à décliner plein d’accompagnements." Un concept simple et qui lui parle, exactement ce dont avait besoin le quadragénaire pour changer de vie, lui qui qualifie son CV de « couteau suisse ». Il y a encore cinq ans, il travaillait dans le transport, alors qu’il avait fait des études de génie mécanique dans un IUT puis travaillé dans un bureau d’études. Les fourneaux n’étaient toutefois par un univers inconnu : ses parents étaient traiteurs pour l’événementiel : "j’ai grandi dans des cuisines, mon père m’a appris des tas de choses."
Le mariage entre le terroir et la street food, c’est un combo gagnant !
Jean-Sébastien OHMANN
Passons à la dégustation. Jean-Seb fait rissoler les pâtes devant vous, et vous pouvez même choisir la cuisson. Avec ça, plusieurs sauces au choix : champignons, munster, poulet. Les pâtes sont fondantes et croustillantes à la fois, la sauce a du goût. Analyse confirmée par Christelle qui travaille dans le coin et qui découvre aussi pour la première fois le concept : "ils ont le même goût que les miens, se satisfait-elle. Et ils sont dorés comme quand moi, je les fais."
Comme Christelle, les Strasbourgeois composent le gros de la clientèle avec les étudiants. Peu de touristes. "Les Alsaciens en sont dingues parce qu’ils aiment manger ce qu’ils connaissent, constate Noémie Schultz, propriétaire du fonds de commerce qui vient parfois donner des coups de main au comptoir. Avant ici, on proposait des banh bao, mais l’innovation asiatique, c’était plus difficile après de la clientèle".
D’ailleurs, elle n’envisageait qu’une expérience éphémère pour le bar à spätzle. "On l’a lancé en décembre pour le marché de Noël. On pensait qu’une fois l’hiver passé, il faudrait passer à autre chose". Mais le succès est tel que la proposition va être pérennisée. "On va décliner des variations pour le printemps et l’été", annonce déjà Jean-Seb qui a déjà quelques idées de saveurs : des spätzle avec sauce aux câpres, aux tomates confites, à l’estragon ou à l’ail des ours.