La candidate du Rassemblement national Marine Le Pen a tenu ce samedi 5 février un meeting au parc des expositions de Reims, dans la Marne. L’occasion de présenter Emmanuel Macron comme son seul adversaire, réponse en creux à ceux qui veulent l'opposer à Éric Zemmour.
Marine Le Pen a choisi Reims pour tenir son premier meeting de campagne, un événement voulu comme le coup de départ du sprint qui attend la candidate d'extrême-droite d'ici au premier tour de l'élection présidentielle, prévu le 10 avril prochain.
Reims est le "berceau de notre histoire millénaire", la "ville où est née la France", a précisé la candidate depuis le pupitre installé au parc des expositions devant une foule nombreuse et enthousiaste. Les organisateurs attendaient plus de 3 000 personnes. Une soixantaine de cars ont transporté les militants de toute la France pour assister à l'événement.
"Aujourd’hui, c’est le lancement du sprint final. Il nous reste 64 jours pour confirmer notre place de principal opposant à Emmanuel Macron, pour exposer le programme. C’est le but aujourd’hui de cette réunion", nous expliquait à la mi-journée Laurent Jacobelli, porte-parole de Marine Le Pen et président du groupe RN au conseil régional du Grand Est.
La région Grand Est est l’une de celles où Marine Le Pen a obtenu les meilleurs résultats lors de la précédente présidentielle. La candidate du RN avait d'ailleurs pour habitude pendant plusieurs années de faire sa rentrée politique chaque année en Haute-Marne, dans le petit village de Brachay.
Éric Zemmour en meeting le même jour à Lille
Son meeting rémois était initialement prévu le 15 janvier mais avait été reporté en raison de la situation sanitaire. Éric Zemmour a choisi la même date pour tenir un rassemblement à Lille, dans le Nord, un peu plus tôt dans la journée.
Alors que certains mettent les deux candidats dos à dos, la candidate du Rassemblement national a souligné tout au long de la première partie de son discours qu'elle considérait n'avoir qu'un seul adversaire, le président de la République Emmanuel Macron. Elle a ensuite déroulé les grandes thématiques de son programme : immigration, sécurité ou encore santé.
Avant cela, en début d’après-midi, la candidate d’extrême droite a donné le départ symbolique de la dizaine de bus, aux couleurs de sa campagne, qui vont parcourir la France ces prochaines semaines, en se rendant notamment sur les marchés. Elle a ensuite multiplié les photos avec ses soutiens lors d’un bain de foule où peu de masques étaient présents sur les visages. Pour rappel, les réunions ne sont pas soumises à la présentation d’un pass vaccinal.
Parmi les personnes présentes à ce meeting, Joachim, 22 ans, va voter pour la première fois à l’élection présidentielle cette année. Le jeune homme, venu de Seine-et-Marne, est membre du RN depuis qu’il est majeur. "L'élection présidentielle est la mère de toutes les élections, c'est le graal du militantisme. C'est très excitant, on attend ça avec impatience, confie-t-il. Quand on s'engage en politique, on s'engage aussi pour cette élection-là, pour permettre à nos idées d'arriver au pouvoir."
Il explique s’être engagé suite aux attentats de 2015. "J'avais 16 ans. C'est un événement marquant, on se dit que nos libertés sont attaquées. C'est à ce moment-là que je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose, d'éradiquer l'islamisme qui tue. Marine Le Pen et le Front national étaient les seuls à avoir des solutions concrètes et sincères."
L’arrivée d’Éric Zemmour sur l’échiquier politique n’a pas fait varier son engagement pour le RN, affirme-t-il. "Contrairement à d'autres, ça ne m'a pas du tout excité. Il dit exactement ce qu'on dit. Je trouve que sa candidature n'a aucun intérêt, à part diviser notre camp à l'heure où on est censé se rassembler pour arriver au pouvoir."
Pascale, qui habite Époye dans la Marne, est plus partagée sur ce point. C’est la première fois qu’elle participe à un meeting de Marine Le Pen, même si elle explique soutenir la candidate d’extrême droite depuis longtemps. Elle indique être encore indécise quant à son choix au premier tour de l’élection présidentielle. "Pour l'instant, Marine Le Pen et Éric Zemmour, c'est à peu près le même programme. J'attends encore pour me décider", précise-t-elle.
Magalie Luho n’est pas dans le même état d’esprit. La déléguée départementale du RN en Haute-Savoie est bien sûr convaincue par le discours défendu par Marine Le Pen et sereine face à la candidature du polémiste d'extrême droite. "Je ne suis vraiment pas inquiète. Il y aura toujours un élève qui copiera le maître. Je le laisse à ses pensées historiques. Il n’y en a qu’une qui travaille depuis des années, c’est Marine Le Pen."
À distance du parc des expositions, une centaine d'opposants à la présence de Marine Le Pen ont manifesté, dans le calme.