L'explosion au gaz d'un immeuble du quartier Wilson à Reims (Marne) en 2013 avait fait trois morts. Le procès s'est tenu onze ans plus tard, en juin 2024. Le délibéré n'a été rendu que ce mardi 27 août. La relaxe des entreprises impliquées dans le drame a été prononcée.
Le procès attendu onze ans après le drame de l'explosion au gaz d'un immeuble à Reims (Marne), en 2013, vient de se clore. Le tribunal correctionnel a annoncé la relaxe des trois prévenus. Ils ne sont donc pas déclarés coupables.
"Cette décision est normale. Ce n'est pas une réaction de triomphalisme. Mon seul regret est d'avoir attendu aussi longtemps. C'est inacceptable", a déclaré Maître Thierry Dalmasso, avocat de la société Must Multiservice, à l’issue de l'audience.
Le drame avait fait trois morts, seize blessés, et entraîné des dommages matériels et un traumatisme psychologique considérable. Pour établir les responsabilités ou non de deux entreprises et d'un de leur employé, quatre jours de procès s'étaient enchaînés au tout début de l'été 2024 :
- lundi 17 juin : une victime, les entreprises, et un expert à la barre
- mardi 18 juin : la discorde entre experts
- mercredi 19 juin : les victimes face aux entreprises
- jeudi 20 juin : la défense des entreprises, et les réquisitions
Mais le jugement n'avait pas été immédiatement rendu. Il avait été mis en délibéré pour ce mardi 27 août. Une attente supplémentaire pour les familles de victimes, déjà désabusées par le fait qu'aucune thèse n'ait pu être retenue et par la demande de relaxe de la part du ministère public, après l'explosion du 8 allée Beethoven (voir sur la carte ci-dessous).
La magistrate, qui présidait cette séance, motive cette décision : "Si l'existence de dommages graves a été démontrée, la cause exacte du sinistre ne peut pas être établie avec certitude [...] d'où la relaxe des prévenus". Cette relaxe avait été requise par le parquet à l’issue du procès de juin dernier.
"On s'y attendait, nous explique Maître Cyndie Bricout, l'une des avocates des parties civiles. Lors de ces quatre jours d'audience où nous avons refait 10 ans d'instruction, nous avons bien remarqué que les experts, eux-mêmes, n'étaient pas d'accord entre eux. On avait préparé nos clients. Sur le plan moral et humain, c'est difficile".
"Juridiquement, on peut l'entendre, continue Maître Sabah Labcir, représentante notamment de la famille Berkane. Mais concrètement, on n'aura jamais la vérité. Mes clients ne seront jamais reconnus en qualité de victimes puisque pénalement, personne n'est responsable".
Cependant, cette affaire n'est pas terminée. Un deuxième combat judiciaire va débuter. Une nouvelle procédure, civile cette fois-ci, va s'ouvrir. Maître Cyndie Bricout avait déjà annoncé le jeudi 20 juin que des dispositions avaient été prises pour que le tribunal correctionnel puisse continuer à statuer sur les intérêts civils. Tout espoir de réparation n'est donc pas perdu pour les parties jugées recevables : certaines familles et le foyer rémois (le bailleur social). L'audience est prévue le 3 avril 2025 à 10h.