Qu'est ce que la réserve Champagne qui pourrait être fortement utilisée cette année ?

Pour faire face aux aléas climatiques et à une production en baisse, un dispositif uniquement existe dans le vignoble champenois : la réserve. La profession y a recours chaque année. On vous dit tout.

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Cette année 2024 a été plutôt mouvementée dans le vignoble champenois. En cause, les nombreux caprices de la météo. Tout d'abord, le gel en avril a fragilisé voire détruit les bourgeons dans certaines parcelles, provoquant environ 10 % de perte à l'échelle de l'AOC. Puis, en mai, c'est l'orage et la grêle qui ont fait leur apparition, ravageant notamment des vignes dans l'Aisne. Enfin, la pluie abondante en mai et juin a compliqué la tâche des vignerons. L'humidité est en effet vecteur de maladies comme le mildiou, ce champignon redoutable qui contamine les vignes.

Bref, une annus horribilis dans le ciel champenois qui vient peu de temps après 2021, année également marquée par les intempéries et l'absence d'ensoleillement durable.

Alors que les vendanges touchent à leur fin, et même si les tendances semblent très hétérogènes d'un secteur et d'un cépage à l'autre, certains vignerons touchés par ces aléas climatiques vont devoir faire face à une faible récolte en quantité.

C'est justement dans ce cas que l'on fait appel à la fameuse réserve. Un dispositif propre à la Champagne, unique en son genre, pour pallier les écarts de récolte d'une année à l'autre. Il s'agit de vins issus de précédentes récoltes fructueuses et stockés dans des cuves puis associés le moment venu au vin de l'année en cours. Le recours à la réserve est décidé par l'interprofession et non par le vigneron lui-même. "Sa première fonction est d'assurer à la filière l'objectif fixé collectivement", rappelle Charles Goemaere, directeur général du Comité Champagne.

Un procédé automatique

Cet objectif collectif correspond au rendement commercialisable. Cette année, il a été fixé à 10 000 kilos de raisins par hectare. Le recours à la réserve dépend du poids de la récolte, propre à chaque opérateur. En clair, si un exploitant obtient un rendement de seulement 8000 kilos/ha lors des vendanges, il devra puiser 2000 kilos/ha dans sa réserve. "La sortie de réserve est effectuée automatiquement pour tout vigneron n’ayant pas atteint le rendement commercialisable de l’année, précise le Comite Champagne.

Ainsi tout vigneron n’ayant pas cueilli 10 000 kg/ha en 2024 verra se prélever sur sa réserve le montant qui manque pour l’atteindre (exemple, 7 000 kg/ha cueillis en 2024 donc sortie automatique de 3 000 kg/ha de sa réserve)."

Un formidable outil de protection individuel et collectif

En moyenne, un vigneron dispose de 9300 kilos/ha dans sa réserve. Outre un complément de revenu en cas de coup dur, ces vins qui vieillissent lui permettent aussi d'améliorer ses assemblages. L'intérêt est donc aussi qualitatif. "C'est un formidable outil de protection individuel et collectif, reprend Charles Goemaere. Surtout dans un contexte de changement climatique qui rend les prévisions de récolte plus incertaines. Cela nous incite d'ailleurs à poursuivre notre réflexion sur la résilience de la filière."

La "sortie de réserve" peut aussi s'effectuer dans des situations spécifiques. Par exemple en cas d'arrachage des vignes, pour des questions sanitaires ou bien lors d'un programme de renouveau d'un vignoble.

Enfin, la réserve est aussi utilisable pour faire face à une demande accrue des marchés, afin d'éviter une tension sur les approvisionnements.

Les sorties de réserve en Champagne depuis 5 ans

La sortie de réserve se fait toujours au 1er février de l'année suivant la vendange.

01/02/2020 : 6 418 775 kilos

01/02/2021 : 18 487 463 kilos

01/02/2022 : 98 076 487 kilos

01/02/2023 : 7 720 498 kilos

01/02/2024 : 7 490 678 kilos

(Chiffres : Comité Champagne)

Comme le montrent ces données, la faible récolte en quantité réalisée en 2021 s'est traduite le 1er février suivant par une forte sortie de réserve. Ce "score" sera-t-il battu à l'issue des vendanges 2024 ? Réponse le 1er février prochain...

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