Reconfinement : la riposte des librairies indépendantes à Reims

Avec le reconfinement, les librairies sont devenues le symbole des commerces "non-essentiels" sacrifiés. De grands noms du monde de la culture sont venus à leur rescousse. Résultat, les rayons livres et CD des grands magasins sont fermés. A Reims, deux indépendants proposent le click and collect.

Lors du premier confinement, c'était l'une des premières librairies, à Reims, à avoir instauré le click and collect. Depuis vendredi, la Belle Image propose de commander par téléphone ou sur internet puis de venir retirer ses achats, à la porte du magasin. La boutique accueille les clients du mardi au samedi. "On nous appelle si on a le bouquin, on le met de côté, sinon on le commande. Contrairement au printemps dernier, les distributeurs travaillent normalement" précise la propriétaire des lieux, Anne-Lise Goglins. "A force, on va être au point", ironise-t-elle.

Ce samedi, les coups de fil n'arrêtent pas, la libraire enchaîne les commandes. Les retraits risquent d'être nombreux la semaine prochaine. Et c'est tant mieux pour ces indépendants. "Les clients sont solidaires, on a eu aussi beaucoup de monde toute la semaine. C'est important de pouvoir lire quand on est confiné chez soi."  S'évader par la pensée. "Ca me paraissait scandaleux que les grandes surfaces continuent de vendre des livres, et pas nous" s'insurge-t-elle. Finalement, le gouvernement a fait volte-face et les rayons livres, CD des grands magasins sont fermés. 
 


Le monde de la culture défend les libraires indépendants


Les librairies ne sont pas considérées comme des commerces "essentiels", les grands magasins, si. Il n'en fallait pas plus pour que le monde culturel s'offusque. Le journaliste et présentateur de l'émission littéraire de France 5 "La grande librairie" François Busnel a lancé, vendredi, une pétition en ligne. Adressée au président Emmanuel Macron, de nombreux écrivains, artistes l'ont signée (Joann Sfar, Erik Orsenna, Delphine de Vigan, Renaud Capuçon, Philippe Delerm, l'ex-ministre et éditrice Françoise Nyssen) ainsi que de nombreux libraires et éditeurs. 

Face à l'ampleur de la polémique, le groupe Fnac-Darty, autorisé à rester ouvert (et donc à vendre aussi des livres), a décidé de fermer l'ensemble de ses rayons culture, pour les 15 prochains jours. Le gouvernement lui a emboîté le pas. En début de soirée, il a annoncé "la fermeture temporaire des rayons livres et culture des grandes surfaces alimentaires et spécialisées par souci d'équité entre les grandes surfaces et les librairies indépendantes."
 

Tous ces arrêtés municipaux vont être annulés et les commerces ouverts seront amendés ce que je ne souhaite pas

Arnaud Robinet - maire LR de Reims



"C'est ridicule" s'indigne Michel Georges, "c'est le monde à l'envers, on ferme des rayons au lieu d'ouvrir des librairies". Le co-animateur du Groupe d'Action rémois de la France Insoumise, en appelle au maire. Dans un courrier, il demande à Arnaud Robinet de prendre "un arrêté municipal autorisant les commerces non alimentaires de la ville à rester ouverts" et en particulier les librairies, dans un souci d'équité avec les autres commerces.

"Le maire de Dijon a bien pris un arrêté" ajoute-t-il. En effet, François Rebsamen a publié sur son compte Twitter cet arrêté permettant aux librairies dijonnaises de rester ouvertes. 
 
Sur les réseaux sociaux, son homologue de Reims, Arnaud Robinet, répond, à sa manière. "Suite à de nombreuses interpellations, concernant l’autorisation d’ouverture des commerces, je tiens à donner quelques précisions : un maire ne prend pas un décret mais un arrêté (...) , tous ces arrêtés municipaux vont être annulés et les commerces ouverts seront amendés ce que je ne souhaite pas" a-t -il indiqué sur son compte Facebook. Même s'il admet "que la situation est complexe et parfois incompréhensible", il préfère "soumettre des propositions au Premier ministre afin d’être constructif pour mettre fin à cette concurrence déloyale."

Ce samedi 31 octobre, sur Twitter, le maire les Républicains de Reims a annoncé s'être entretenu avec le ministre de l'Economie, Bruno le Maire, au sujet de ces commerces de proximité dits "non essentiels". Arnaud Robinet propose, par exemple, d'ouvrir ces magasins sur rendez-vous.
   
En quelques heures, le sujet est devenu eminémment politique. De son côté, le président de l'UDI (l'Union des Démocrates et Indépendants) invite les maires de son parti à autoriser l'ouverture des commerces de proximité. "La mesure de fermeture des commerces de proximité - dits non essentiels - crée une concurrence déloyale entre les grandes enseignes autorisées à rester ouvertes et les commerçants indépendants, tout en augmentant le risque sanitaire puisqu'elle encourage les Français à se rendre dans des lieux où la fréquentation est beaucoup plus élevée que dans des commerces de centre-ville", juge Jean-Christophe Lagarde, dans un communiqué.

Je suis un peu mal à l'aise, je pense à mes confrères qui vendent des jouets, des fleurs, ma voisine la coiffeuse

Bertrand Watelet - gérant de la librairie Amory à Reims



Bertrand Watelet, lui, est presque gêné. "On a de la chance, on a un syndicat puissant" concède le gérant de la librairie Amory, à Reims. Un syndicat puissant et des appuis de taille, des grands noms de la culture. "Je suis un peu mal à l'aise, je pense à mes confrères qui vendent des jouets, des fleurs, ma voisine la coiffeuse...." Tous ces commerces de proximité, ancrés dans un quartier. "Moi tout seul, ici, avenue Jean Jaurès, je ne suis rien, ça n'a plus de sens." Ses clients, il les connaît. Et ils sont restés fidèles. A partir du 14 avril, ils ont réservé des livres, sont venus les récupérer, puis à l'ouverture le 11 mai, ils étaient là, nombreux et heureux de retrouver leur commerçant indépendant. "On a une vraie relation".

A partir de lundi 2 novembre, il remettra en place le click and collect (les clients peuvent commander et récupérer leurs achats), du lundi au samedi. 
 

 
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