Depuis la mort de Georges Floyd, les manifestations pour dénoncer le racisme sont nombreuses. Aux Etats-Unis, Grande-Bretagne, Belgique, des statues de personnages ayant marqué l'histoire ont été détruites. En France, faut-il déboulonner les statues de Colbert ? C'est à Reims qu'il est né.
En France, certains demandent que la statue de Colbert, devant l'Assemblée Nationale soit déboulonnée. A Reims, où il est né, sa statue se dresse au cœur d'un square qui porte son nom, depuis 1860. Lorsqu'on arrive par le train, c'est sans doute l'un des premiers éléments du patrimoine local que l'on découvre. En sortant de la gare, entourée de verdure, la statue de Jean-Baptiste Colbert domine le square qui porte son nom. Le bronze signé Eugène Guillaume, fait partie du paysage, et il n'est pas certain que tous les rémois connaissent le personnage dressé sur un socle de pierre.
C'est en août 1619 que Jean-Baptiste Colbert a vu le jour, à Reims, dans une famille de marchands. Mais c'est au service du roi Louis XIV que Colbert s'est rendu célèbre. On lui doit notamment d'avoir permis le développement économique du royaume. Ces derniers jours, c'est surtout en tant qu'auteur du Code noir, une ordonnance qui réglementait l'esclavage dans les colonies, que sa mémoire a été évoquée. La Ligue de défense noire africaine demande que sa statue devant le Palais Bourbon, soit retirée.
"Agir pour l'humain !"
Dans la cité des sacres, on n'y songe pas. Nabil Touijer est président de SOS Racisme à Reims. Lorsqu'on l'interroge sur un déplacement de la statue vers un musée, sa réponse est claire : "Déplacer cette statue représenterait un budget énorme. Personnellement, je préfèrerais qu'on investisse dans des bancs, des toilettes…des choses utiles pour l'humain."
Tout ça c'est une polémique pour polémiquer. Il vaut mieux investir pour la santé. Il faut agir pour l'humanité.
- Nabil Touijer, président de SOS Racisme à Reims
Mais il ajoute : "Pour l'avenir, les statues ne sont pas utiles. Pour connaître l'histoire, il y a des livres ou internet."
Une question douloureuse
La députée (LR) de la première circonscription de la Marne, Valérie Beauvais, reconnaît qu'avec cette question on touche à un sujet délicat. "On partage tous l'idée d'insérer l'esclavage en devoir de mémoire", dit-elle. "Nous devons avancer tous ensemble. On forme un peuple, sans couleur de peau. Pour l'avenir, il faut se servir du passé, même avec ses imperfections. Cette question est douloureuse, mais on ne peut pas renier l'histoire qui a façonné notre pays, sinon il faudrait remettre en cause bien des personnages, comme Voltaire, par exemple. Le Code noir n'est pas anecdotique. Il a réglementé l'esclavage qui existait déjà… Il ne faut pas oublier l'engagement de Colbert pour l'élan économique qu'il a donné à notre pays."
" L'esclavage est une blessure"
C'est sur sa page Facebook que le maire (LR) de Reims, Arnaud Robinet, s'est exprimé. Pour lui, polémiquer sur l'installation de statues est "stérile". Celui qui fut l'un des plus grands ministres du 17ème siècle a eu "un impact fort pour la France, son organisation, son rayonnement, encore aujourd'hui…Colbert, ce n'est pas l'esclavage," conclut-il.
A Reims, un lycée porte le nom de cet homme d'Etat. Dans toute la France, de nombreuses voies publiques y sont également associées.