Au 8e jour de grève de la SNCF, les Rémois qui empruntent le TGV pour aller travailler à Paris affichaient leur lassitude. Ce vendredi 13 décembre, seuls deux TGV font l'aller-retour entre Paris et Reims.
"J'en ai plus que marre, j'en ai ras-le-bol." Ce monsieur d'une cinquantaine d'année, valisette à la main, ne cachait pas sa colère ce vendredi 13 décembre en arpentant à pas rapides le quai de la gare de Reims. "Je suis obligé de travailler en plus chez moi le soir car mes journées au travail sont raccourcies à cause des grèves", glisse-t-il un brin tendu avant de monter rapidement dans le TGV de 7h45, le seul qui partait à Paris ce matin. D'habitude, entre 6h45 et 8h30, il y en a quatre qui roulent jusqu'à la capitale. Résultat, il faut faire face pour la SNCF à un afflux de passagers.Les trains affichent le plus souvent complets. Certains passagers doivent rester debouts entre deux wagons pour effectuer les 45 minutes de voyages entre les deux villes. "En première classe, ça va, on arrive toujours à trouver une place", assure Anne, une fonctionnaire qui fait la navette jusqu'à Paris depuis trois ans. Son train de 6h45 a été supprimé. Elle attrape du coup le TGV d'après et arrive en retard à son travail. "Car en arrivant sur Paris, les transports en commun, c'est pas facile en ce moment, déplore-t-elle. Je commence à 8 heures normalement, mais là, j'arrive au boulot entre 9h30 et 10h."
A ses côtés, Daniel, agent de sécurité, est dans la même situation. "Le soir, il faut partir plus tôt car il n'y a qu'un seul train pour Reims au départ de la gare de l'Est (à 18h28). On n'a pas le choix, mais ça va, mon employeur est compréhensif."
Deux allers-retours au lieu de huit
Au bout de huit jours de grève, Karine, une Marnaise qui travaille comme responsable des achats à Vitry-sur-Seine, se dit "usée, fatiguée". "D'habitude je prends le train de 7h17 au départ de la gare de Bezannes, mais mon train est supprimé, donc là je suis obligée d'aller en gare de Reims prendre le 7h45, explique-t-elle. Par deux fois, elle a dû se rendre en voiture jusqu'à son travail. "Je vais demander à la SNCF de me rembourser mon trajet." Cette habituée de la navette TGV Reims-Paris regrette que les empoyeurs ne développent pas assez le télé-travail dans ce genre de situation.J'en ai ras-le-bol, je prend du retard sur ma charge de travail, car j'arrive plus tard et je repars plus tôt.
- Karine, passagère de la SNCF
En cette période de grève, seuls deux TGV font l'aller-retour chaque jour entre Reims et Paris au lieu de huit habituellement. La situation est la même au départ de la gare Champagne-Ardenne TGV.
Certains usagers de la SNCF se montrent compréhensifs à l'image de Nassim, un Rémois professeur des écoles en banlieue parisienne. "Moi aussi, en tant que prof, j'ai fait grève la semaine dernière, je ne peux que soutenir les grévistes, c'est important de défendre les retraites."
D'habitude, il emprunte la navette au départ de Maison Blanche pour se rendre à la gare. "Mais elle a été annulée." Venu en trottinette, il était le seul ce matin à rester sur le quai de la gare. "Je suis arrivée 30 secondes trop tard, j'ai vu le train partir, mais tant pis, je vais chercher une solution avec le covoiturage, relativise-t-il, la tête sur son portable, à l'affût du prochain départ en BlaBlaCar.