A Reims ce mardi 10 décembre, ils étaient plus de 2.000 manifestants à défiler dans les rues contre la réforme des retraites. Etudiants, chômeurs ou fonctionnaires… ils nous expliquent les raisons de leur venue. Rencontres.
Une lumière jaune pâle baigne la cité des sacres dans une lueur d'hiver. Avec seulement 3 degrés au thermomètre ce mardi 10 décembre, ils se sont déplacés en nombre dans le centre-ville de Reims pour manifester contre la réforme des retraites. Etudiants, fonctionnaires, chômeurs ou travailleurs… Ils étaient 1.700 selon la préfecture et entre 2.000 et 2.500 selon les syndicats. Tous expliquent qu'ils ont beaucoup à perdre à l'issue de la réforme des retraites voulue par le gouvernement.
"Il faut absolument que je retrouve un travail"
Michel Catoire a 54 ans. Au chômage, il enchaîne les candidatures. Sans succès. Il se sent "considéré comme trop vieux". Il a comptabilisé quelque 7.500 candidatures à Reims, dans le milieu de la logistique et du commerce. Il y a quelques années, le Dijonnais d'origine avait déjà effectué un tour de France à vélo et déposé plus de 3.000 candidatures, mais à part "quelques promesses d'embauches et quelques réponses", il n'a rien obtenu.Le quinquagénaire ne sait plus quoi faire : "Il faut absolument que je retrouve un travail, parce que sinon je ne sais pas comment sera ma vie ni ma retraite dans quelques années. Je préfère même pas la calculer. En tout, j'ai travaillé 25 ans et je pense qu'elle ne sera pas énorme."
L'avenir ? Je vis à l'instant présent. Je préfère ne pas y penser. Il faut être positif et aller de l'avant, sinon, on finirait par se tirer une balle dans la tête.
-Michel Catoire, chômeur à Reims.
"La précarité touche tous les étudiants, qu'ils soient boursiers ou non"
Dylan a 24 ans et il est membre de l'Union des étudiants rémois. Ce mardi 10 décembre, il défilait contre la réforme des retraites, et plus largement "contre le gouvernement Macron". Avec sa pancarte "Lyon a déjà payé", le Rémois explique que tout le monde doit être affecté par le suicide de l'étudiant lyonnais qui s'est immolé le 8 novembre dernier.La précarité touche tous les étudiants, qu'ils soient boursiers ou non. Ce qu'a fait cet étudiant à Lyon, ça doit affecter tout le monde, y compris le gouvernement. La cantine, par exemple, coûtait moins de 3 euros. Elle est passée à 3,30 euros. La précarité nous touche de plus en plus et rien ne nous est proposé.
- Dylan, étudiant à Reims.
"A cause de mon congé parental, je vais travailler jusqu'à 67 ans"
Nathalie Humbert, fonctionnaire de catégorie C à l'université de Reims, tient à rappeler que les enseignants ne sont pas les seuls à être affectés par le projet de réforme des retraites. Elle qui a travaillé à 80% pour s'occuper de ses enfants pendant quelques années, devra continuer jusqu'à ses 67 ans si elle veut une retraite à taux plein. Avec les différents simulateurs disponibles sur internet, elle estime qu'elle perdra environ 30% de la pension qu'elle devrait toucher avec le système actuel, qui est de 1.100 euros brut mensuels. Soit 825 euros brut mensuels.Impacter de 30% des salaires qui sont déjà à minima, c'est catastrophique. Si je suis ici aujourd'hui, c'est pour l'abandon total de ce projet.
-Nathalie Humbert, fonctionnaire de catégorie C.
"Je suis ici en féministe, car les femmes vont être les premières victimes de la réforme"
Ibtissam Bouchara, éducatrice spécialisée de formation et secrétaire départementale de la Marne du syndicat Solidaires, est venue manifester ce mardi 10 décembre. L'occasion pour elle de prouver sa solidarité aux cheminots et aux femmes, souvent victimes de carrières "hachées" à cause de congés parentaux.Les premières concernées sont les femmes, qui ont un parcours professionnel haché. A partir du moment où vous êtes en congé parental, maternité, vous avez des absences lors de votre parcours professionnel.
-Ibtissam Bouchara, secrétaire départementale de Solidaires Marne.