Le tout premier réfrigérateur en libre-service a été installé ce mardi 25 juin rue Chanzy à Reims. Cette initiative solidaire aide les plus démunis à se nourrir tout en luttant contre le gaspillage alimentaire.
Un frigo dressé sur le trottoir. A l'intérieur, quelques bananes, une salade, un camembert, des yaourts et une boîte de conserve. Khalid El Mergaoui, le gérant du Coccimarket de la rue Chanzy, les a déposés ce mardi 25 juin pour l'inauguration du tout premier frigo solidaire de Reims et de Champagne-Ardenne. Installé devant son magasin, ce petit réfrigérateur est accessible à tous. Voisins, commerçants et restaurateurs peuvent y laisser les aliments qu'ils ont en trop. Ceux qui en ont besoin viennent se servir librement.
L'idée de ce frigo collectif a germé dans la tête d'une restauratrice parisienne il y a deux ans. Un premier a été créé à Paris, puis une trentaine a vu le jour un peu partout en France. Le concept des Frigos solidaires a attiré l'attention d'Hervé Augustin, le responsable marnais de l'association Saint-Vincent-de-Paul. "Ce type d'aide n'existait pas à Reims, explique-t-il. Quand on voit le succès des bibliothèques partagées, je me suis dit que c'était une idée qui devrait marcher ici."
Il la glisse à l'oreille d'étudiants rémois de Sciences Po à la recherche d'un projet "qui doit servir l'intérêt général". Lucas Delattre, l'un d'entre eux, est séduit : "C'est un projet à la fois solidaire et écologique qui redonne foi en l'humanité". Les étudiants se mettent en quête d'un commerçant qui accepte d'héberger ce réfrigérateur collectif sur son trottoir. Plusieurs refusent. "Khalid El Mergaoui a accepté tout de suite de nous aider, précise l'étudiant. Il devra sortir le frigo chaque matin et le rentrer le soir. Cela demande un peu de temps et d'attention."Il y a de la perte et du gaspillage et il y a des gens qui n'arrivent pas à se nourrir, il faut qu'on trouve des solutions. Le frigo solidaire peut en être une.
- Hervé Augustin, responsable marnais de l'association Saint-Vincent-de-Paul -
Lutte antigaspi
Pour le gérant de la supérette, "c'est juste un geste anodin qui peut aider". Et puis, il en avait marre que beaucoup de ses produits "propres à la consommation" terminent à la poubelle. "Voyez cette salade un peu flétrie, les gens ne voudront pas l'acheter, nous montre-t-il. Ces poires un peu fripées ou ces bananes trop noires sont invendables alors qu'elles sont encore bonnes. Au moins là quelqu'un pourra en profiter."Cette initiative permet de tisser du lien social, mais aussi de lutter contre le gaspillage alimentaire. "Dans les autres villes, les frigos solidaires sont souvent garnis par les restaurateurs qui sont contents de ne pas jeter les plats qu'ils n'ont pas vendus, explique Lucas Delattre. Nous avons d'ailleurs contacté plusieurs restaurateurs du quartier qui se sont montrés très intéressés par ce projet."Situé en plein cœur de la ville, sur une avenue avec beaucoup de passage, il s’agit du lieu idéal pour mener à bien ce projet.
- Lucas Delattre, l'un des étudiants de Sciences Po à l'initiative du frigo solidaire -
Cagnotte en ligne
Seuls les mets cuisinés par les restaurateurs sont acceptés. "Les plats fait maison sont par contre interdits, précise Hervé Augustin. Vous ne pouvez pas faire une tarte aux fraises et la déposer dans le frigo par exemple." La viande, les poissons, les produits déjà entamés et l'alcool sont aussi proscrits. Les fruits et légumes, les produits laitiers et l'épicerie sèche sont vivement recommandés. "Le bénéficiaire est seul responsable des produits qu’il consomme", est-il écrit sur le meuble réfrigéré.L'association appelle à la responsabilité citoyenne de chacun. "On espère qu'il n'y aura pas trop de pique-assiette et que ça servira avant tout aux plus précaires, les SDF, mais aussi certains étudiants ou retraités", insiste le responsable de la Société Saint-Vincent-de-Paul de la Marne. L'association a avancé les fonds pour acheter ce premier frigo solidaire rémois, qui coûte 1300 euros. Pour ceux qui souhaitent contribuer, une cagnotte a été mise en ligne.Cela peut rendre service aussi à des habitants du quartier qui partent en voyage et qui ne veulent pas jeter la nourriture.
- Hervé Augustin, responsable marnais de l'association Saint-Vincent-de-Paul -
D'autres frigos solidaires pourraient voir le jour à Reims. C'est du moins le souhait des initiateurs rémois de ce joli projet qui espèrent "attirer l'attention des pouvoirs publics et des commerçants".
A partager ou non dans ce frigo solidaire
Vous pouvez déposer :
- végétaux : les fruits, les légumes...
- produits secs : les biscuits, l'épicerie
- produits sans date de péremption affichée
- produits avec une DLC (date limite de consommation) non dépassée et encore emballée
- produits avec une DLUO (date limite d'utilisation optimale) y compris raisonnablement dépassée
- les plats cuisinés maison
- les produits déjà entamés
- l'alcool
- les viandes et poissons (pour ne pas briser la chaîne du froid).