Alors que les quartiers populaires souffrent d'une mauvaise image, certains redoublent d'efforts pour rapprocher les habitants. Exemple dans le quartier Croix-Rouge à Reims, où nous avons rencontré quatre acteurs de la vie du quartier.
Au milieu des tours du quartier Croix-Rouge à Reims (Marne), le vide-grenier attire les habitants ce samedi 12 septembre. Vêtements, jouets pour bébés, objets en tout genre attisent la curiosité des badauds. Mais pour les organisateurs qui, pour beaucoup, vivent dans le quartier depuis des années, ce vide-grenier est plus qu'un événement commerçant. "Là, ça bouge vraiment", se réjouit Zinou, médiateur à la Maison de Quartier, devant le succès de cette fête des habitants.
Cela fait aujourd'hui sept ans qu'il travaille dans la structure. Pendant ces sept années, il a bien vu une évolution du quartier. "Avant, il n'y avait pas de violence, pas de problème", confie-t-il. Dans un temps plus long, du haut de ses 67 ans, Martine (membre de l'association Multi-Échanges Services) se souvient elle aussi de Croix-Rouge tel qu'elle l'a connu en 1972, à son arrivée. "À l'époque, il n'y avait pas de dégradation, il y avait beaucoup de classes moyennes, d'enseignants, de soignants qui habitaient là."
"On a eu ce qu'on voulait avec nos petits moyens"
Des souvenirs identiques à ceux de Geneviève, 80 ans, dont le visage se ferme parfois lorsqu'elle évoque la situation de son lieu de vie. "C'est désespérant de voir qu'on fait des choses et qu'elles sont cassées", lance-t-elle après avoir évoqué la destruction d'une installation permettant le prêt de livres entre résidents. Pour autant, les habitants de ce quartier ne pensent pas être les plus mal lotis : "Je n'ai jamais désespéré. Il y a des endroits plus terribles que celui-ci à travers la France. Ce n'est pas parce qu'il y a quelques escarmouches, des coups de feu, que c'est un mauvais quartier", nuance Philippe.
"La rénovation qui est faite apporte quelque chose de positif." Car depuis quelques années, des associations se créent et des événements sont organisés. "On a monté des projets. Et finalement, on a eu ce qu'on voulait avec nos petits moyens". Des projets qui ont permis à des jeunes du quartier de partir en vacances à Fréjus, à Nice, à Saint-Tropez. "On met en place des buvettes pour récolter de l'argent, puis on organise des petites sorties, comme l'année dernière, on est allés à Center Park avec 18 gamins. On a passé toute la journée là-bas", raconte Zinou, le sourire aux lèvres. Il y a aussi des projets pérennes, organisés toute l'année : "On a mis en place le football en salle, chaque mercredi. Et ici, les habitants le savent !"
"Il y a beaucoup de solidarité entre les habitants"
Zinou, Martine, Geneviève et Philippe sont unanimes : des événements comme ce vide-grenier créent de la cohésion entre les résidents. Parfois, même, ils peuvent permettre aux différents quartiers, parfois en proie à des tensions, de se rapprocher. "On essaie de faire des échanges pendant des entraînements de football : un groupe de jeune va à Wilson et certains jeunes de Wilson viennent chez nous", cite Zinou comme exemple.
Et ici, les habitants sont attachés à leur quartier. "L'immeuble en face va être démoli. Mais les gens, obligés de partir, voudraient être relogés ici, dans le quartier, ce qui signifie qu'ils l'aiment !" démontre Philippe. "Il y a beaucoup de solidarité entre les habitants", poursuit Martine. "Sans forcément se recevoir chez soi, ici, on se reconnaît et on s'entraide", conclut-elle.