Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées ce dimanche 19 mai devant le CHU de Reims Sébastopol à l'appel de la famille de Vincent Lambert pour protester contre l'arrêt de ses soins programmée la semaine du 20 mai. Anonymes ou proches de la famille Lambert, ils se sentent tous concernés.
Ce dimanche 19 mai 2019, devant le CHU Sébastopol de Reims, où est soigné Vincent Lambert, et malgré la pluie battante et les nuages gris, ils sont venus. Venus pour soutenir les parents de Vincent Lambert, ce marnais plongé dans un état végétatif depuis 2008 suite à un accident de voiture. Car plus qu'un nom, Vincent Lambert est devenu malgré lui une "affaire" qui divise deux camps. Les pro-vie, celui de ses parents notamment et l'autre, celui favorable à l'arrêt des traitements, dont fait partie sa femme et son neveu, entre autres.
Après plusieurs rebondissements judiciaires, le dernier en date, une décision du Conseil d'Etat du 24 avril a validé l'arrêt des soins de Vincent Lambert. Son médecin traitant a annoncé le 10 mai dernier à la famille l'interruption des traitements. Une décision que refusent les époux Lambert. Ils ont annoncé de nouveaux recours dès lundi 20 mai pour tenter de contrer cette décision.
Devant les grilles du CHU, rue Prieur de la Marne, des pancartes s'agitent, écrites en blanc sur fond vert "Je suis Vincent Lambert". Le ton est donné.
Des groupes de personnes discutent entre elles, prennent des nouvelles les unes des autres, échangent un mot sur les enfants. Car nombreuses sont les familles venues avec leurs enfants. C'est le cas d'Ombeline et d'Armelle, mères de famille, parisiennes, venues spécialement pour l'occasion.
Elles ne mâchent pas leurs mots: "maltraitance", "injustice", "peur". Armelle et Ombeline trouvent inconcevable "qu'on ne laisse pas une famille choisir son hôpital pour son enfant, et ce alors même que des unités de soins sont prêtes à l'accueillir". "C'est triste à pleurer" ajoute Armelle.
Si elles se disent croyantes l'une et l'autre, pour ces deux amies, la religion n'a rien à voir dans leur venue ce dimanche en soutien à la famille Lambert. "En toute objectivité, c'est le point de vue médical qui nous interpelle dans cette affaire. On n'a pas confiance dans un hôpital comme celui-ci. Jamais je ne voudrais finir mes jours ici à Reims. On n'aurait pas confiance", poursuit Ombeline.
C'est une condamnation à mort.
- Armelle, parisienne
"Vincent Lambert va mourir de faim et de soif entre quatre murs. Pourquoi ne pourrait-on pas essayer au moins de lui donner des soins dans un autre centre ?", interroge Armelle.
Un peu plus loin, un groupe de cinq jeunes personnes discute. Après des présentations brèves, elles expliquent être amies. Deux d'entre-elles, catholiques, appartiennent à la paroisse Notre-Dame de France, à Reims. C'est également celle des parents de Vincent Lambert. "Madame Lambert doit venir déjeuner chez moi dimanche prochain. C'est une femme très forte, très entourée et soutenue heureusement, qui puise sa force dans la grâce et le sacrement", explique Elisabeth, 28 ans, rémoise.
Vincent Lambert n'est pas malade, il est handicapé. Personne n'a le droit de le laisser mourir.
- Elisabeth, Rémoise
Pour ses deux autres amies c'est une "profonde injustice". Tout comme les parents de Vincent Lambert, catholiques, elles sont farouchement opposées à l'euthanasie et craignent que l'arrêt des soins ne soit un premier pas en France vers l'euthanasie passive.
"Nous allons suivre le combat pour Vincent, même de loin car j'habite à Chartres", conclut Geneviève, 27 ans.
Seul, dans ses pensées, Gérard, 59 ans, semble méditer. Professeur d'histoire géographie en Moselle à Petite-Rosselle et militant gilet jaune au rond-point de Forbach, il a lui aussi fait le déplacement.
Vincent Lambert, les gilets jaunes, pour moi ce sont les mêmes combats. La lutte des petites gens qui doivent survivre.
- Gérard, Mosellan -
Et Gérard de conclure, "la mobilisation continue. La cause me touche. Si l'on perd le combat, il ne restera plus qu'une seule chose à faire. Prier."