Le bassin extérieur du complexe aqualudique de Reims (Marne) est fermé depuis le dimanche 5 septembre. La faute à un manque de maîtres-nageurs-sauveteurs (MNS). Les élu(e)s de Reims demandent des explications au gestionnaire des lieux, l'Union nationale des centres sportifs de plein air (UCPA).
Arnaud Robinet, le maire (LR) de Reims (Marne) s'agace de la gestion du flambant neuf complexe aqualudique. Gestionnaire par délégation de service public (DSP), l'Union nationale des centres sportifs de plein air (UCPA) a donné son nom au lieu (officiellement l'UCPA Sport Station Grand Reims).
Le dimanche 5 septembre 2021, il faisait beau (28°C d'après Ventusky). L'idéal pour se baigner en extérieur, par exemple dans le bassin nordique de l'espace aqualudique. Mais ça n'a pas pu se faire, et d'après la clientèle sur place, c'est toujours le cas ce lundi 6 septembre.
En effet, l'UCPASSGR a prévenu sur Facebook que le bassin serait fermé. C'était dimanche en début d'après-midi, plus précisément à 14h06 (lire la publication ci-dessous).
La faute au manque de maîtres-nageurs-sauveteurs (MNS), que le complexe cherche actuellement à recruter. Un métier qui peut demander entre un à trois ans d'études post-baccalauréat selon le diplôme préparé et le niveau envisagé : brevet, diplôme d'études universitaires scientifiques et techniques (Deust), licence professionnelle ou de Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives)... Le salaire officiel, selon l'Office national d'information sur les enseignements et les professions (Onisep), est de 1.846 euros bruts, soit à peu près 1.400 euros en net.
La filière des maîtres-nageurs en tension
"La filière aquatique est une filière en tension. Et ce sur l'ensemble du territoire, ce n'est pas propre à la ville de Reims ou à la région", explique-t-on à l'UCPA. "Les besoins en recrutement sont plus importants que le nombre de candidats disponibles. C'est la filière aquatique tout entière qui fait face à cette situation et en particulier sur la période de la rentrée. Nous mettons tout en œuvre pour permettre une ouverture complète du site dès que possible. Actuellement nous travaillons au recrutement de plusieurs profils, notamment des MNS et des surveillants de baignade (BNSSA). Six postes sont à pourvoir." Il est possible de candidater sur le site de l'UCPA.
Cette fermeture "exceptionnelle" a agacé plusieurs internautes qui ont alors critiqué, en réponse à la publication, la "propreté" ou des "sols très glissants". Le courant d'air devant la pataugeoire "déjà froide" des enfants, quand la porte du bassin extérieur est ouverte, pose problème, des vols dans les casiers aussi. Sans compter la fermeture aléatoire de bassins due au manque de MNS. Le maire a aussi réagi. Sur son compte Facebook, très suivi, il a partagé la publication du complexe, précisant qu'"une explication avec l’UCPA s’avère plus que nécessaire". Suscitant alors d'autres commentaires tout aussi peu appréciateurs de la bonne tenue de l'endroit (publication visible ci-dessous).
Si l'on se fie aux notes Google de l'endroit, avec une majorité honorable de quatre étoiles, les retours semblent majoritairement positifs. Les commentaires négatifs sur Google pointent toutefois les mêmes défauts que ceux signalés sur Facebook.
Bons retours mais critiques récurrentes
France 3 Champagne-Ardenne a lancé à son échelle un appel à témoignages. Laetitia se montre nuancée. "La propreté n'est pas au niveau. De la verdure dans le bassin nordique, des crottes de pigeon autour des vestiaires et des pataugeoires : ce n'est pas top. Pourquoi les pigeons rentrent dans la piscine ? Et pourquoi celle-ci se dégrade ? Sinon j'adore, c'est très bien. J'y vais régulièrement pour des cours d'aquagym, avec des moniteurs très sympathiques... Petit truc du jour, je viens d'y aller et le bassin nordique est fermé depuis hier faute de personnels... Par ce beau temps, c'est bien dommage."
Pascale également. "Il y a un bon emplacement et c'est facile d’accès, l'espace est plutôt joli. Pourtant, la piscine est neuve mais déjà très sale. Surtout les sanitaires et les douches. Les carrelages sont pleins de tartre, et les portes des vestiaires de traces. Sans parler du sol... L’entretien en général est catastrophique. Le carrelage est très glissant, voire dangereux. Et le bassin extérieur est déjà tout vert d’algues... Je trouve dommage de négliger autant de choses pour un si bel endroit. Il faut très vite remettre de l’ordre."
Charlotte regrette un accès "hasardeux" : ("j'aurais tourné autour un bon moment si on me l'avait pas montré") et le parking payant. Elle a carrément listé les défauts et malfaçons :
- le choix "de l'inox pour les structures, qui sont déjà en train de rouiller en hauteur ou moisir en extérieur"
- une borne d'achat de places "hors-service, ce qui accentue la file d'attente"
- les clés de casiers "clairement achetées d'occas' et qui ne tiennent pas"
- le sol des cabines "sale et rarement lavé"
- le sol de la piscine "affreusement glissant"
- le "manque de douches en heure de pointe"
Elle observe (ironiquement) que "c'est déjà pas mal, pour une piscine prétendument neuve et moderne". Denis est plus positif, mais fait les mêmes observations. "Pas mal de points positifs mais je vois la situation se dégrader assez rapidement. Outre les carrelages extrêmement glissant, la bonne volonté du personnel ne permet pas un nettoyage correct des vestiaires et des parties communes. Déjà des points de fatigue apparaissent : rouille sur les coupoles de jets d'eau, carreaux cassés, fenêtres qui baillent... Pourtant, l'installation n'a qu'une paire d'années."
Le complexe aqualudique de Reims a en effet été dévoilé en septembre 2020. L'ouverture officielle en novembre 2020 a été retardée à cause du covid et d'abord réservée aux élèves : il a (enfin) ouvert successivement en extérieur (en mars 2021) puis en intérieur (juin 2021). L'entrée se fait au nord de la ville, par la rue Jules César (visible sur la carte ci-dessous).
Le maire de Reims voudrait des explications, mais techniquement, c'est l'agglomération rémoise qui doit demander des comptes, précise-t-on à France 3 Champagne-Ardenne. Il est vrai que la mention "Grand Reims" dans le nom (un peu long) du complexe aqualudique n'est pas là pour faire joli : la collectivité a contribué au financement du projet, évalué à 57 millions d'euros.
L'heure des explications
La présidente du Grand Reims, Catherine Vautrin (LR), a été avertie du problème. "Il n'y a pas que les maîtres-nageurs... La vraie question, c'est que la communauté urbaine s'est engagée à construire un magnifique équipement et à choisir tout de suite l'exploitant. Tout le monde connaît l'UCPA et s'est dit que c'était vraiment un gage de qualité. Malheureusement, après quelques semaines d'exploitation, la qualité n'est pas là. Nous avons des retours réguliers : les clés des vestiaires ne fonctionnent pas bien, des bassins sont fermés sans qu'on soit prévenu... Tous ces dysfonctionnements s'amplifient jour après jour."
Tout le monde connaît l'UCPA et s'est dit que c'était vraiment un gage de qualité. Malheureusement, après quelques semaines d'exploitation, la qualité n'est pas là.
L'annonce relative à la fermeture du bassin, sur Facebook, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase (ou la piscine, si vous voulez). "Il fait 30 degrés, on s'attend quand même à pouvoir aller à la piscine un dimanche de rentrée. Tout ça, c'est inacceptable. On va régler ça de la manière la plus concrète possible. Demain, j'ai convoqué une réunion avec la directrice pour remettre les choses au clair : je vais prendre toutes les mesures d'alerte. On ne peut pas accepter qu'un tel équipement de qualité soit exploité n'importe comment." Elle rappelle que ce complexe "avait été très attendu" et "attend donc de l'UCPA de réagir dans les meilleurs délais".
Bonnes relations entre l'UCPA et Reims
L'UCPA ne se dit pas sourde aux critiques, et en a déjà pris connaissance. "Concernant la propreté, nous avons bien lu les commentaires négatifs. Nous avons aussi lu les positifs. Sur le site, neuf personnes sont dédiées à la propreté du multiplexe. Le site accueille de très nombreux usagers et enregistre des pics de fréquentation importants. Certains espaces se salissent rapidement lors de ces pics d'affluence. Nous concentrons nos efforts, notamment à ces moments, pour veiller à la propreté des espaces. Nous avons également été alertés des problématiques de connectivité sur site. Une solution vient d'être trouvée."
La fuite constatée sur l'un des bassins est également en cours de résolution. Cela ne concerne pas directement l'UCPA, mais le prestataire extérieur chargé des questions d'ordre technique relatives aux bassins. Quant au sol qui glisse, "l'ensemble des tests ont été réalisés et les sols sont conformes à la réglementation des carrelages des équipements aquatiques. Un assèchement régulier de ces lieux de passage est également mis en place."
Le groupe associatif gestionnaire désigne ses bons retours. "L'équipement est ouvert aux scolaires et aux sportifs de haut niveau depuis un an, à tous les publics depuis [cet été]. La première saison estivale est réussie : les écoles de natation sont très attendues et demandées. Les usagers sont au rendez-vous, et leurs retours sont aussi globalement positifs. La conception du multiplexe et de ses espaces est très appréciée. Des nouveautés sont également prévues prochainement, avec un nouvel espace fitness... et bien sûr la patinoire." Par ses "relations très bonnes et régulières que nous avons avec l'agglomération et la ville", l'UCPA trouve "chaque fois des solutions positives afin d'accueillir les usagers dans les meilleures conditions".
Pour aller plus loin, nos collègues de France Bleu pointent un premier bilan en demi-teinte (à cause du covid et de l'été pluvieux). Tandis que L'Union souligne deux autres problèmes : les difficultés rencontrées pour faire occuper les cellules commerciales du complexe, et la chaussée abîmée autour, actuellement en travaux (il a fallu dévier la circulation). Le public espère voir tous ces soucis réglés : c'est un véritable enjeu.