Reims : un collectif trans lance un appel à témoins après l'alerte d'une étudiante

Une étudiante dit que lors de son inscription l'université de Reims Champagne-Ardenne a refusé de changer son prénom. Le collectif Paroles trans Reims cherche à savoir s'il s'agit d'un bug ou d'un problème plus profond.

Y a-t-il ou non de la discrimination envers les personnes transgenres à l'université ou tout autre établissement d'enseignement supérieur de Reims ? Telle est la question à laquelle un collectif local essaie de répondre.

C'est le collectif Paroles trans Reims qui a été alerté de l'affaire par une étudiante de l’université de Reims Champagne-Ardenne (Urca). Elle dit avoir vu sa demande de changement de prénom refusée par l’université lors de cette rentrée.

Au total, selon le collectif transgenre, deux étudiantes seraient concernées par un refus de prise en compte de leur demande. L’une l’an passé et l’autre cette année. Dans le premier cas, la personne demandait l’utilisation d’un prénom dit d’usage et n'avait pas encore entamé de démarche. Dans le second, elle avait obtenu un changement administratif auprès de l’état-civil. Elle demandait, dans ce cadre, l’utilisation de son second prénom sur certains documents universitaires "non officiels". L’étudiante relate qu'à l'annonce de son prénom, on lui aurait répondu que “techniquement ce n’est pas possible”, précise Camille de Paroles trans Reims.

 

Un appel à témoin

Alors, pour y voir plus clair, le collectif a pris les choses en main. Paroles trans Reims lance un appel à témoin pour savoir si d’autres étudiants ont été confrontés à cette situation. L’association a ainsi lancé son appel sur les réseaux sociaux via sa page Facebook (voir publication ci-dessous). L'appel sur les réseaux sociaux est un moyen supplémentaire pour toucher un maximum de jeunes isolés et éloignés des milieux associatifs. "Toutes les personnes trans de la fac ne fréquentent pas forcément les associations, il y a beaucoup de gens qui sont dans leur coin donc nous n’avons pas forcément une vision globale de la situation” conclut Camille.

 

 

Pour l’instant, il s’agit d’un appel à témoignages. Il y a eu des personnes qui ont eu des problèmes pour faire changer leur prénom et d’autres pour qui cela s’est bien passé”, explique Camille de Paroles trans Reims.

Le collectif veut comprendre la situation sans envisager le pire. “Nous voulons savoir si cela est spécifique à un campus de l’université de Reims ou s’il s’agit de quelque chose de plus global et comment cela se passe dans les autres établissements d’enseignement supérieur”, ajoute Camille. "Nous voulons avoir une vue d’ensemble pour savoir exactement ce qu’il se passe car c’est peut-être juste un petit problème technique ou ponctuel qui peut se résoudre facilement."

 

Le collectif préfère ne pas envisager le pire

Paroles trans Reims a recueilli les témoignages de seulement deux étudiants de l’Urca. Dans le cas du second, l’étudiante elle-même n’est pas certaine des faits et essaie actuellement d’en savoir davantage auprès de l’université et d’éclaircir la situation. Elle souhaite donc temporiser et rester anonyme. “Pour l’instant, la personne concernée préfère attendre, elle est en train d’agir de son côté et essaie de voir si elle peut faire bouger les choses indépendamment. Elle discute avec la fac pour voir si cela peut se résoudre ou pas”, détaille Camille. Le collectif trans de Reims évoque une éventuelle “méconnaissance du sujet (ndlr de la transidentité)” de la part de l’Urca. 

Alors le collectif poursuit ses investigations : “Nous sommes en train de contacter d’autres associations et organisations étudiantes pour voir s’ils ont des retours de leur côté”. 

 

 

La réponse de l’université

De son côté, l’université de Reims Champagne-Ardenne se dit "attentive à toutes les formes de discrimination, notamment liées aux questions de genre ou d'orientation sexuelle et qu'elle s'est engagée activement dans le mise en place de procédures et de moyens d'action permettant de lutter contre ces discriminations et pour promouvoir l'égalité".

Elle précise également que "faciliter l'utilisation du prénom d'usage sur les documents et pièces internes à l'établissement pour les personnes transgenres (carte d'étudiant.e, carte de bibliothèque, adresse de messagerie étudiante...)" fait partie de ses obligations.

Elle rappelle que "sans changement à l'état civil, il est impossible de modifier les documents "officiels" (diplômes/contrats doctoraux ou de travail, relevé de note individuel; attestation de réussite, certificat de scolarité...). Si des étudiants devaient éprouver des difficultés dans la mise en œuvre pratique de ces règles, nous sommes à leur disposition pour examiner leur demande."

Pour rappel, afin d’affirmer leur identité aux yeux de l’Etat, beaucoup de personnes trans choisissent en effet de changer de prénom et/ou de sexe sur leur état civil. Une procédure autorisée depuis relativement peu de temps en France. C'est seulement en  2016 qu'est promulguée la loi de la Justice du XXIème siècle, qui abolit la nécessité de justifier de "traitements médicaux, opération chirurgicale ou stérilisation", rétablissant une égalité d’accès à la démarche entre les personnes transgenres. 

L'appel à témoigner précise que les exemples négatifs mais aussi positifs sont les bienvenus et que les personnes de l’ensemble de la Champagne-Ardenne peuvent faire part de leur vécu sur le sujet.

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