Depuis quelques semaines, plusieurs établissements de Reims (Marne) proposent des couvercles en silicone à mettre sur son verre, pour s'assurer qu'aucune substance n'y est introduite à son insu. Sept bars et une boîte de nuit se sont déjà lancés, d'autres pourraient suivre.
Un couvercle sur son verre pour garder l'esprit tranquille. Dans quelques bars de Reims, vous pouvez désormais commander en plus de votre boisson un couvercle en silicone pour empêcher qu'une substance y soit ajoutée à votre insu.
C'est une jeune Rémoise, Aurélia Mutzig, qui a démarché les établissements pour leur proposer ces couvercles. L'idée lui est venue d'une expérience personnelle. "J'étais au bar à la fin de l'été avec une copine. La serveuse nous a demandé de faire attention à nos verres. On s'est dit qu'il fallait trouver une solution", confie-t-elle ce mardi 9 novembre.
"Suite à ça, j'ai fait quelques recherches sur Internet et je suis tombé sur une start-up lilloise", ajoute-t-elle. Cette entreprise, c'est Drink-Watch. Elle vend ces capuchons fabriqués en France aux professionnels comme aux particuliers. Aurélia leur permet de se développer dans la Marne.
Pour l'heure, sept bars proposent ces couvercles de verre à Reims (La Bodega, le Cochon à Plumes, l'Antirouille, l'Ernest Hemingway, les Vieux de la Vieille, le Garrison Pub et le Kilberry), une boîte de nuit s'est également lancée (CurtN Club). Cela représente au total un millier de couvercles disponibles dans les établissements. La jeune femme compte prochainement démarcher au-delà de la cité des sacres.
"Personne n'est à l'abri"
La Bodega, installée place d'Erlon, a commencé à distribuer les capuchons il y a deux semaines. Une boîte de couvercles trône fièrement sur le bar, et les serveurs les proposent aux clients en prenant les commandes.
L'accueil est plutôt positif, selon Ludovic Bouvier, chef de cuisine au sein de l'établissement. "On n'a pas eu de demandes de nos clients avant de se lancer. Mais c'est vrai qu'avec les problèmes de drogue dans certains établissements, personne n'est à l'abri", nous indique-t-il ce mardi. "On n'a jamais eu de problèmes ici, mais on a eu des échos que des produits tournaient sur la place", affirme-t-il.
Nos collègues de franceinfo ont recueilli récemment le témoignage de deux jeunes femmes, droguées à leur insu dans un bar de Reims. "Je ne pouvais plus bouger, je ne tenais pas debout, je pouvais à peine parler, je pouvais à peine ouvrir les yeux, je vomissais beaucoup, j'avais des hallucinations", raconte Mia.
Heureusement, elle sera raccompagnée chez des amis. "Tant mieux parce qu'il aurait pu se passer plein de choses si j'étais rentrée toute seule chez moi", confie-t-elle à franceinfo. Un test urinaire pratiqué quelques heures plus tard confirmera qu'elle a bien ingéré du GHB à son insu. Le GHB est puissant psychotrope qui peut provoquer malaises, vomissements et surtout des pertes de connaissance.
À La Bodega, le couvercle est vendu un euro, un prix coûtant selon Ludovic Bouvier. Il recouvre l'intégralité du verre à l'exception d'un petit trou pour y glisser une paille ou boire directement. Il permet également de limiter les dégâts en cas de renversement.
Fabriqué en silicone, il peut donc s'étirer pour s'adapter à plusieurs tailles de verre. Le produit est lavable et réutilisable. "Il faut le temps que ça commence à se connaître, mais on en a vendu quelques-uns. Peut-être une dizaine en deux semaines", précise Ludovic Bouvier. Mais même s'ils ne sautent pas tous le pas, "les clients sont contents de voir qu'on propose aussi un service comme ça".