Reims : à l'université, un tutorat pour ramener confiance et lien social chez les "étudiants fragiles"

À l'université de Reims Champagne-Ardenne (Urca), une offre de tutorat a été mise à la disposition des "étudiants fragiles" de toutes les composantes et antennes. Les premières sessions se sont tenues au début du mois de janvier, et les retours sont très positifs.

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L'université de Reims Champagne-Ardenne se soucie de ses étudiantes et étudiants, notamment celles et ceux "fragiles". C'est à dire qui viennent de l'étranger, souffrant d'un handicap, en situation de décrochage... et généralement, en première année de licence (L1).  Les conséquences du coronavirus (Covid-19) ont été difficiles à gérer pour cette catégorie étudiante.

Et on comprend ces dernières et derniers. Le premier confinement, au printemps, a amputé une bonne partie de leur année de terminale et réduit leur baccalauréat à un contrôle continu. Quant au deuxième, en automne, il ne leur a laissé qu'une poignée de semaines de cours en présentiel. Pas assez pour se faire au moule universitaire. Ainsi, en Lorraine, on s'inquiète de leur santé mentale, et en Alsace, Emmanuel Macron a été interpellé dans une lettre.

Accessible en ligne, un tutorat a été conçu à destination de toutes les composantes (de la psychologie au droit) et les antennes de l'Urca (Reims et Châlons évidemment, mais aussi Troyes dans l'Aube et Charleville dans les Ardennes, voir sur la carte ci-dessous). Ici, c'est à la faculté des sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) où s'est rendue France 3 Champagne-Ardenne pour découvrir le dispositif, lundi 18 janvier 2021.
 


À la faculté de Staps, il existait déjà un dispositif de tutorat nommé 100% Réussite. Il a été créé en octobre 2019, grâce à la loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants (dite loi Ore). Un premier type de tutorat permet à des étudiantes et étudiants d'en aider d'autres. Un deuxième offre cette possibilité à des enseignantes et enseignants. 

Le troisième "volet" de tutorat, né en ce mois de janvier 2021, se fait en présentiel, à la faveur de la réouverture (très partielle) des universités voulue par le Gouvernement pour la nouvelle année. Elle concerne pour le moment les travaux dirigés en première année, mais seulement en demi-groupes. "Ce tutorat réunit un groupe de dix étudiants encadrés par un tuteur étudiant", explique Marie-Odette Victor, responsable de la communication de l'Urca. 
 


"Ces tuteurs les accompagnent dans l'acquisition de méthodes, les reboostent. Ils sont accompagnés par un enseignant référent, on ne les lâche évidemment pas en pleine nature." Les chiffres : 9.000 étudiantes et étudiants en première année à l'Urca, et 1.500 qui ont répondu à une courte enquête (coordonnées et études) lancée par l'université (diffusée sur les réseaux sociaux, voir publication ci-dessous). Il y a eu 250 demandes.

C'est une volonté du Gouvernement, qui veut 20.000 tuteurs et tutrices. "On nous a communiqué les règles le vendredi juste avant les vacances de Noël. On a commencé à préparer ça dès le 22 décembre, avec un questionnaire pour les étudiants jusqu'au 6 janvier. Dès le 7, on identifiait les composantes les plus demandeuses, et on vérifiait les profils des tuteurs candidats : c'est plus que du volontariat, c'est un vrai contrat de travail qui est mis en place."
 


Les sessions de tutorat ont démarré dès le lundi 11 janvier. La mise en place a donc été rapide, et une cinquantaine de personnes doit en bénéficier en Staps. Trois tuteurs et tutrices vont s'en occuper, deux autres recrutements devant avoir lieu prochainement. "Après la première session, les retours ont été positifs. Les étudiants disent que c'est bénéfique et profitable. Les tuteurs ne remplacent pas les enseignants, mais les complètent." 

Au programme de ces sessions : aide méthodologique, restauration d'un semblant de lien social bien mis à mal par le confinement, ou aide à la prise de parole. David Imbert, ingénieur pédagogique en Staps et pilote du dispositif 100% Réussite (il accompagne les tuteurs et tutrices), est confiant. "Grâce au présentiel, il y a un vrai lien social. Il y a un effet de groupe, des échanges. Les étudiants se sentent bien mieux."
 

Extrait de tutorat en Staps (Vincent Ballester, France Télévisions)


Le tutorat fait donc gagner à tous les niveaux les étudiantes et étudiants qui désirent tutorer : transmission de méthodes, vie sociale... et accessoirement, revenus. "Avec la fin des jobs étudiants, dans la restauration par exemple, c'est assez compliqué. Ces contrats de tuteurs apportent une véritable bouffée d'oxygène."
 

Ces contrats de tuteurs apportent une véritable bouffée d'oxygène.

David Imbert, ingénieur pédagogique en faculté de Staps


Swan Benmahiddi, étudiant de troisième année (L3) en management du sport, est l'un de ceux-là. Ça tombe bien, car il est très à l'aise quand il s'agit de prendre la parole devant un public : c'est un élu étudiant, et le vice-président de l'Association rémoise des étudiants en Staps (Ares). Il faisait déjà du tutorat à trois élèves dans le cadre du dispositif 100% Réussite. "C'est important de continuer à aider les L1. Et c'est logique que je continue à être tuteur." Il ne voit pas de grande différence entre son petit groupe de trois du premier semestre, et sa nouvelle petite dizaine d'étudiantes et étudiants.
 


"On n'est pas dans une relation enseignant-étudiant. On est plutôt des collègues, et on peut rire ensemble. On fait des ateliers pour mieux prendre la parole, on fait de la méthodologie avec des plate-formes numériques utiles en cas de distanciel : Miro qui permet d'échanger des idées avec des post-its virtuels, ou Wooclap qui utilise des nuages de mot-clés pour répondre à des questions. Par exemple, quand on demande aux élèves leurs difficultés."

Plutôt que de faire "apprendre bêtement", Swan veut se montrer "créatif" et mettre les étudiantes et étudiants en confiance. Sans les juger. "En plus, on est en début de semestre. Les partiels sont loin, il ne s'agit pas de faire réviser les cours. On n'a pas la pression de ces examens et on peut aborder plus de thématiques. J'espère aider les étudiants dans leur réussite. Je leur souhaite."
 


Nicolas Égelé, en première année de licence de Staps, est un de ces étudiants. "J'ai été contacté par SMS pour être aidé. J'ai accepté directement. J'espère beaucoup être aidé sur la concentration, avoir des méthodes pour faire des fiches de révisions par exemple. Alors, pendant le tutorat, on nous expliqué comment mieux prendre des notes."

Évidemment, Nicolas a dû compter avec le confinement. "J'étais enfermé... avec un coloc, oui, mais reste seul face à son écran, à la fin, c'était compliqué. Là, ça va mieux : on est de retour sur le site, et c'est tout de suite mieux que de rester à l'ordi. On a des liens sociaux qui nous montrent qu'on n'est pas seul, qu'on a tous été dans le même cas. On sait ce que les autres ont ressenti."
 


On le suit dans l'atelier du jour, animé par Swan et sa collègue, Alexia Hubert. "Vous pouvez sortir prendre une pause ou aller aux toilettes si vous voulez..." Personne ne semble trouver la pause nécessaire : le tutorat doit être passionnant. "Non ? Bon bah on va enchaîner." Évidemment, les étudiantes et étudiants ont laissé des séparations entre leurs sièges, et il y a du gel hydroalcoolique à l'entrée de la classe.

Sur le tableau interactif, on repère comme problèmes rencontrés en cours et examens le manque de temps pour répondre aux questions, l'utilisation de la plate-forme Moodle, la prise de notes dont parlait Nicolas... et les cours de biomécanique. "On ne va pas refaire le cours de bioméca, mais vous aider à vous organiser. Contactez le prof si vous n'avez pas tout compris : il vous aidera." Une possibilité offerte par 100% Réussite : "on pense à vous, les étudiants", rappellent David Imbert et Marie-Odette Victor.

Même la formation d'entraîneur de footballl, ou l'orientation vient sur le tapis. "C'est différent de vouloir être prof d'EPS et prof de sport. L'EPS, c'est scolaire, et ça dépend de l'Éducation nationale : il faut passer le Capes." Après un nouveau temps d'échange vient une question. "Qu'est-ce qui vous aiderait le plus ?" Des élèves vont expliquer à l'oral ce qui les aiderait. Le programme du tutorat est donc co-construit, à égalité : "c'est par les étudiants, pour les étudiants". Rendez-vous en juin pour le bilan. 
 

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