Les cours à distance pèsent lourd sur le mental des étudiants, entraînant le décrochage ou la détresse psychologique de certains. Face à l'inaction du gouvernement, plusieurs collectifs et associations d'étudiants de Mulhouse ont écrit une lettre ouverte au président de la République le 10 janvier.
Lien social et liberté envolés, cours à distance et crainte de l'avenir, voilà à quoi ressemble le quotidien de nombreux étudiants privés de l'université depuis des mois pour cause de coronavirus. Et la situation ne va pas s'arranger. Dans ses dernières annonces, le gouvernement a laissé une nouvelle fois les étudiants sans réponse. Dans une lettre ouverte, plusieurs élus au conseil d'administration de l'Université de Haute-Alsace (UHA) et des présidents d'associations étudiantes lancent un appel de détresse.
S'ils n'ont plus d'espoir concernant une reprise complète sur les bancs de l'université, les étudiants demandent un nouveau protocole sanitaire leur permettant de revenir partiellement sur le campus. La lettre ouverte complète ci-dessous :
La Tribune Des Derniers Déconfinés by Léna Romanowicz on Scribd
Les derniers déconfinés
"Cette tribune montre le ras-le-bol et même la détresse des étudiants. C'est comme une bouteille à la mer", lance Eléonore Schmitt, élue au conseil d'administration de l’UHA. L'idée d'une tribune est venue d'elle et de deux autres étudiantes en troisième année de Science Politique, Shola Bamgbose et Léa Melo, également signataires. "On a été interpellé, la question des étudiants n'a pas été évoquée par les différents ministres. On se sent abandonné par l'Etat, et c'est dur à vivre", poursuit l'étudiante. De cette tribune est né un collectif, celui des "derniers déconfinés", en référence à tous les étudiants contraints à rester chez eux avec des cours en visioconférence. Pour eux, le confinement se poursuit, et le manque de lien social avec. "Les cours en visio sont compliqués, c'est difficile de se concentrer. On est isolé, on voit très peu de monde. Le lien entre professeur et étudiant est très important en temps normal, pour évoluer personnellement, mais par visio ou par mail, c'est dur."
Au-delà des cours à distance,"les problèmes d'organisation" sont difficiles à gérer. "Rien que cette semaine, j'ai dix examens, ce n'est pas tenable. Je suis obligé de limiter la casse. On doit faire des choix, je ne peux pas tout réviser", explique Maël Bœuf, 21 ans, en école d'ingénieurs et signataire de la tribune.
Les revendications
À travers cette tribune, les étudiants déplorent l'indifférence du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche et demandent d'être enfin entendus. Conscients de la situation sanitaire, ils sollicitent "plus de flexibilité de la part des universités. Elles doivent pouvoir s'adapter à la demande, ce n'est pas partout pareil", explique Maël Boeuf. Les étudiants plaident ainsi pour un retour progressif et partiel, "comme au lycée par exemple avec des cours en présentiel une semaine sur deux ou en instaurant une jauge. Pour les travaux pratiques ça fonctionnent déjà, mais on a aussi besoin de sociabilité dans d'autres filières", insiste Eléonore Schmitt.
D'après le collectif, les premiers retours sont positifs. "On a reçu des mails de professeurs et de parents d'élèves. On nous remercie d'avoir fait ça, d'avoir porté cette voix-là, eux aussi voulaient envoyer une lettre au président. Et on nous souhaite du courage."
En Alsace, les étudiants mulhousiens ne sont pas les seuls à demander plus de soutien. Sur le groupe Facebook privé "Etudiants de Strasbourg", les messages d'étudiants sont de plus en plus nombreux. Heïdi Soupault, une étudiante de Sciences po Strasbourg, a décidé de publier à son tour une lettre ouverte au président de la République. La lettre est disponible ci-dessous :
Lettre étudiante science po by Léna Romanowicz on Scribd
Une pétition reprenant les revendications exprimées dans la tribune des "derniers déconfinés" doit être publiée dans la journée. Cet appel de détresse a été lancé alors qu'un étudiant de l'université de Lyon 3 s'est défenestré de sa résidence universitaire dans la nuit du 8 au 9 janvier. Les raisons de cet acte sont encore à déterminer.