Le diocèse de Reims-Ardennes mise sur le numérique et lance deux applications pour smartphone afind'attirer les jeunes fidèles et conserver le lien. Alors que la situation sanitaire rend les rassemblements difficiles.
Plus la peine d'emporter sa bible ou ses petits livrets de psaumes ou de chants. Avec son smartphone, le fidèle pourra accéder en quelques clics à tout cela. Pour conserver le lien avec les jeunes fidèles, le diocèse de Reims et des Ardennes s’est doté de l’application "Ad Altum" reservé aux 18-30 ans et l'application "Pasto" destiné aux 12-18 ans. Les deux applications permettent d’avoir toutes sortes d’informations sur son téléphone portable. L’idée à germé en 2020, à Pâques. Il fallait développer un moyen de communication plus moderne pour les jeunes. Le premier confinement a accéléré la nécessité de maintenir un lien entre l'Église et les jeunes. Pour trouver un moyen de communication plus moderne, reconnaît Sixte-Anne Rousselot, chargée de la communication du diocèse de Reims et des Ardennes.
Quoi de plus moderne et précieux pour les jeunes, que leur smartphone ? Lancées juste avant le deuxième confinement, ces deux applis mobiles du diocèse, commencent à être vraiment utilisées par les fidèles. "C'est important de pouvoir conserver un lien avec les jeunes fidèles" explique Sixte-Anne Rousselot. Aussi, attirer les "mobinautes "rajoute-t-elle, correspond au public des jeunes qu'on souhaite atteindre. Les deux applis sont à télécharger sur App Store ou sur Google Play, donc accessible au plus grand nombre, "on l'espère en tout cas", enchaîne Sixte-Anne.
Rajeunir l'image de l'Église
Pour le Diocèse de Reims et des Ardennes, ces applications sont lancées au bon moment, car les catholiques sont en plein Carême, une période de retrait et d'intériorité. "On propose actuellement tout un parcours en ligne. L'idée de ses applications, c'est d'aussi de dépoussiérer l'image de l'Eglise et de ses messes dominicales. Nos applications proposent des carnets de chant, de prières en ligne. Les deux applications visent deux cibles de jeunes". L' Appli Ad Altum , destinée aux 18-30 ans et l'appli Pasto pour les 12 - 18 ans. La première est conçue pour répondre aux pratiques des jeunes, cette appli permet de prier avec les plus grandes prières de l’Église, les textes du jour, les prières des saints, de chanter grâce à un répertoire de chants directement disponible sur son téléphone. "Terminée l'impression de carnets de chants, tout est dans la poche", explique Sixte-Anne. Il est même possible de donner à la quête avec son téléphone. Et c'est dit avec humour sur le site du diocèse : " plus d’excuses du genre « j’ai pas de monnaie », maintenant grâce à ton appli et à son moyen fiable de paiement, tu pourras payer la quête directement avec ton smartphone".
D'autres fonctionnalités sont proposées comme écouter des podcasts ou se former, rajoute la chargée de communication. La seconde appli, Pasto, destinée aux plus jeunes, permet de faire vivre la foi, et de faire connaître les initiatives et leurs animateurs dans le diocèse de Reims et des Ardennes. Les jeunes fidèles y trouvent la présentation de toutes les activités, des groupes, des aumôneries, ainsi que les propositions de pèlerinages, camps, concerts et autres animations pastorales à venir. C'est une façon, aussi d'éveiller les plus jeunes qu'on a du mal à réunir, toujours à cause du contexte sanitaire, précise Sixte-Anne Rousselot.
Maintenir un lien avec les fidèles
" Nos fidèles sont différents. Il y a de tout. Certains viennent tous les dimanches, d'autres une fois par mois et parfois qu'une fois par an" reconnaît Sixte-Anne. Ces applis permettent d'accompagner le fidèle selon ses besoins. " D'autant que le carême ayant commencé, le vivre dans ce contexte sanitaire particulier nous a paru encore plus difficile" rappelle Sixte-Anne. "Un Carême en Covidie", titre l'édito de Mgr Bruno Feillet pour la lettre d’infos du Carême." Au pays de la Covidie, il nous a fallu, forcés et contraints dans les divers modes de confinement qui nous ont été imposés, revisiter notre rapport à nous-mêmes (à quoi tenons-nous vraiment ?), à Dieu (ma prière, ma spiritualité), aux autres (tentation du repli sur soi ou maintien des liens de solidarité)" écrit Mgr Bruno Feillet.
Aussi, ces applications ont le mérite d'essayer de maintenir le lien avec les fidèles, souligne le diocèse de Reims-Ardennes. L'idée de mettre en place ces applications est née pendant le premier confinement, raconte la chargée de communication. " J'ai vu qu'une petite paroisse à Rouen avait mis en place ces applications pour maintenir un lien à distance avec ses fidèles. Je me suis rapprochée de la paroisse et c'est ainsi que j'ai fait la connaissance de Bruno Doucende, fondateur de ces applications". Et c'est ainsi que le diocèse de Reims pu proposer ces nouveaux services à ses fidèles.
Pour Bruno Doucende, la collaboration a pu exister, car sa société, Synertic, propose des applications simples d'utilisation. La société créée en 2010 et basée entre Marseille et Aix-en-Provence a fait le choix de miser sur le smartphone. Pour Bruno Doucende fondateur et directeur de Synertic, créateur d'applis mobiles, l'avenir est dans le smartphone. " Pour la première fois en France, les détenteurs de smartphone sont plus nombreux que les détenteurs d'ordinateurs. 77 % des Français possèdent un smartphone et 76 % un ordinateur" annonce le site du gouvernement et c'est aussi l'avis de Bruno Doucende.
"Nos applications shapper" sont simples d'utilisations et c'est ce qui séduit nos clients". Avant de préciser que Shapper vient de l'anglais "to shap" qui veut dire "façonner". Avec "shapper", le client devient celui qui crée sa propre appli selon ses besoins. "L'avantage avec shapper, c'est que nous pouvons proposer des modules fonctionnels, très larges. Nous avons différents clients, des collectivités, aux associations sportives au boucher de proximité", précise le fondateur de Synertic. Ensuite, nous proposons aux clients de développer des applications à la carte. En quelques clics, on réalise son application. Le client peut personnaliser son appli d'un point de vue graphique, des couleurs, mais aussi des fonctionnalités du contenu de cette application pour la modifier à n'importe quel moment, et ce, sans avoir à republier l'application.
Ces fonctionnalités permettent d'être toujours réactif et de pouvoir à tout moment donner une information à ses abonnés par une simple notification. "L'avantage avec le téléphone, c'est qu'on l'a toujours dans sa poche ou pas très loin et ça permet d'avoir des informations immédiatement", explique le créateur de Synertic.
Mais il avoue avoir été surpris, la première fois qu'il a été contacté par la paroisse de Rouen. " C'était fin décembre 2019, quelques mois avant le premier confinement, j'ai même cru que c'était une blague, mais non, j'avais vraiment le responsable de la paroisse qui voulait proposer à ses fidèles des prières, des chants et des quêtes à distance. Après cette application a très bien marché surtout durant le confinement et cela nous a permis de travailler pour quatre diocèses et paroisses dont le diocèse de Rouen. Et d'autres diocèses nous contactent aujourd’hui". Pour le fondateur, la Covid-19 a augmenté les demandes, car les besoins de communiquer et d'échanger étaient nécessaires, surtout quand les déplacements sont restreints et que les associations comme les services accueillants du public ne peuvent plus ouvrir. Il fallait pouvoir maintenir un lien à distance et ces applis répondent à ce besoin.
Un public de fidèles à reconquérir
Pour le diocèse de Reims, explique Sixte-Anne, il était important de garder un lien et aujourd'hui attirer les plus jeunes ce n'est pas toujours évident surtout durant cette période sanitaire. " Donc j'ai trouvé cette idée très ingénieuse de proposer aux fidèles de garder ce lien à distance. Nous envoyons environ 12 mille exemplaires de notre bulletin du diocèse donc je me suis dit qu'il y avait un public. Mais il fallait aussi leur proposer d'atteindre nos informations différemment et ces applications permettent cela. Le diocèse a coeur de changer d'ère et s'est lancé dans celle du numérique rappelle Sixte-Anne.
Sur le site du diocèse, le parcours de Carême est proposé pour permettre aux chrétiens d’approfondir leur foi durant cette période qui précède Pâques. Et les initiatives ne manquent pas et toute la communauté y participe régulièrement comme les Clarisses de Cormontreuil qui n'hésitent pas à communiquer sur You Tube.
Les applications mobiles et toutes les initiatives en ligne permettent de maintenir un lien communautaire malgré les restrictions liées aux conditions sanitaires et cela semble porter ses fruits. Selon Bruno Doucende, ces applications ont été téléchargées de nombreuses fois. Pour Ad Altum, le nombre de sessions est d'environ 9.500 ce qui veut dire que les applications ont déjà été lancées 9.500 fois et pour Pasto, on compte 3 000 visiteurs. Mais comme le lancement à Reims est récent, on peut penser que les téléchargements seront plus nombreux dans les semaines et les mois à venir. Pour comparer, l'application lancée à Rouen, il y a un an, compte, aujourd'hui 58.000 visiteurs.
" Pour nous, ce n'est pas la quantité d'abonnés qui nous intéresse, mais qu'ils connaissent déjà ces applications, sera un succès" précise Sixte-Anne. Surtout qu'on ne peut plus se réunir comme avant quand il y avait des aumôneries le soir. Le couvre-feu a rendu cela impossible enchaîne-t-elle. Il a fallu s'adapter et surtout ne pas rompre nos rendez-vous avec les fidèles. Aussi, les débats continuent et chaque vendredi, dans le cadre du parcours Carêm’en’Frères, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, propose une conférence sur le thème de la fraternité retransmise, à 20 h sur la chaine YouTube du diocèse.
Des applis simples et à la carte
Depuis, Bruno Doucende reçu des appels d'autres diocèses pour savoir comment faire." Aujourd’hui, ce nouvel outil est très utilisé – on recense quelque 350.000 inscrits – car il a l’avantage pour le client de ne pas nécessiter de compétences en informatique et d’avoir un coût beaucoup moins élevé qu’une application clé en main. Nous louons nos applications entre 50 et 500 euros par mois" explique-t-il.
Pour Sixte-Anne, le prix des deux applications est vraiment accessible. "C'est très peu coûteux en ce qui nous concerne cela nous revient à 1.500 euros par an. Donc c'est un tarif compétitif. N'ayant pas d'aides par l'état grâce aux dons des fidèles cela ne nous revient à pas très cher chaque mois.C'est une solution qui rejoint aussi notre défi, celui d'être responsable avec l'argent de nos fidèles en leur proposant des services utiles et utilisables comme ils le souhaitent".
Pour Bruno Doucende" l'avantage de notre solution "shapper", c'est de proposer un abonnement qu'on peut suspendre quand on le souhaite et que nos appplications sont faciles à utiliser. Il n'est pas névessaire d'être un expert en informatique rassure-t-il.
C'est vrai que c'est très simple reconnaît Sixte- Anne. Il faut peu de temps pour maîtriser l'outil. Synertic forme en deux heures ses clients aux différentes fonctionnalités. Pour Bruno Doucende, les besoins ont changé en matière de communication. En ce moment, lui-même prépare un grand projet, cette fois, dédié au public des soignants . " Notre prochain défi est de pouvoir adapter l'offre "shapper" au domaine médical".
En ce moment, le diocèse de Reims-Ardennes réfléchit et essaie d'anticiper l'arrivée de Pâques avec la situation sanitaire compliquée. " La vigile Pascale est un moment important, car les fidèles ont l'habitude de se réunir le samedi soir. Nous allons voir comment cela va se passer cette année si cela n'est pas possible, compte-tenu du couvre-feu, on envisage un rassemblement le dimanche dans la journée" avance Sixte-Anne. D'ici là, les fidèles auront des notifications pour les maintenir informer. Les voies du smartphone sont impénétrables.