Pendant une semaine, les "Petits Débrouillards" ont posé leurs valises remplies d'activités variées au cœur du quartier Croix-Rouge. Au programme : des animations en plein-air, entièrement gratuites, proposées aux enfants jusqu'au 27 août.
"La Poste, elle est vers Arago, donc il faut la mettre là !" Le doigt pointé vers le plateau, Nesrine, 11 ans, s'empare d'un bloc de bois peint en jaune et le pose avec assurance au milieu des répliques d'arbres et d'immeubles. Face à elle, Chancelle, l'animatrice, s'exécute avec entrain. Ce mercredi 25 août, l'activité de l'après-midi est de reconstituer son quartier sous la forme d'une maquette en bois.
Des ateliers gratuits sans inscription
Il est un peu plus de 15 heures. Autour de la table, installée dans le parc Saint-Bruno, au cœur de Croix-Rouge à Reims, une poignée d'enfants. "En fait, on ne force personne. On installe les activités dans un endroit bien visible du quartier et tous les enfants peuvent y participer. Ils n'ont pas besoin de s'inscrire et ils restent le temps qu'ils veulent", explique Zoé, l'une des animatrices. Les plus jeunes ont à peine 4 ans. Un petit garçon observe la scène de loin, assis sur une moto en plastique. "Il y a du progrès, affirme Zoé. Hier, il était déjà là, mais il nous regardait d'encore plus loin !"
Ces ateliers, entièrement gratuits, sont organisés par l'antenne rémois de l'assocation "Les Petits Débrouillards". Au menu, des jeux, des expériences scientifiques et des réalisations techniques avec un seul mot d'ordre : apprendre en s'amusant. "Cette opération est baptisée "Les Cités Débrouillardes", explique Zoé, engagée depuis un an et demi dans l'association. L'idée, c'est d'aller dans les quartiers, à la rencontre d'enfants qui n'ont pas la chance de partir en vacances. Et si, à la fin, ils ont appris deux ou trois choses, alors pour nous, c'est mission accomplie !"
Le bouche-à-oreille, la meilleure publicité
Le thème de cette semaine s'intitule "Vie de quartier et habitat". L'occasion pour les participants de s'interroger sur leur environnement. Autour de Nesrine et de sa maquette en bois, le groupe s'est agrandi. La fillette a été rejointe par trois de ses amies. "On passait par là alors on a voulu participer, détaille Katia, enjouée. En plus, j'étais déjà venue lundi et j'avais bien aimé !"
Pour l'association, pas besoin de communiquer. Le bouche-à-oreille fait office de publicité. "Le premier jour, on a eu un peu peur, on n'a pas eu grand monde. La météo n'a pas aidé, il pleuvait. Mais dès le lendemain, certains enfants ont amené leurs copains et hier, on a eu 30 participants", raconte Zoé.
Et la pétillante animatrice a plus d'un tour dans son sac pour vaincre les hésitations des plus timides. "Je peux compter sur Bob ! Bob, c'est un bonhomme fabriqué en liège et en piques à brochette. Il a un don : il peut tenir en équilibre sur le bout de mon doigt. Ce n'est pas de la magie, c'est de la science. Et quand je me promène avec lui, ça interpelle tous les enfants ! "
Des ateliers accessibles à tous
Les "Petits Débrouillards" existent depuis 1986. L'association défend l'éducation populaire, concept qui se retrouve dans la philosophie de ses ateliers. Au départ destinés aux enfants de 6 à 15 ans, le panel d'animations proposé a, depuis, évolué. Aucun jeune n'est exclu, quelque soit son âge.
Régulièrement, on voit arriver des enfants accompagnés de leurs petits frères et sœurs. Certains ont parfois 2 ou 3 ans. Alors on s'adapte.
C'est le cas ce jour-là. Une autre table est dressée, et une autre activité proposée. Les feutres sont sortis. Le but : colorier des morceaux de filtre à café avant de les tremper dans l'eau pour observer le phénomène de la capillarité. Assia, 5 ans, remplit les ronds de papier avec enthousiasme : "J'aime bien être ici, avec les autres. J'ai l'impression que c'est mon anniversaire ! "
Au bout de la table, Metin, s'exécute en silence. Il lève parfois le regard vers Zoé, l'air interrogateur. "Il ne parle pas français, mais on arrive toujours à se comprendre, confie l'animatrice. C'est assez fréquent ce genre de situations, mais encore une fois, on s'adapte et tout se passe très bien." Au bout d'une vingtaine de minutes, elle ramasse les morceaux de papiers colorés et les assemble pour en faire une fleur. Une question s'échappe de l'assemblée des jeunes débrouillards : "On peut l'emmener chez nous ? "
Sur la table d'à côté, l'activité maquette touche aussi à sa fin. Seule Katia est restée jusqu'au bout. Chancelle, l'animatrice, lui donne une dernière consigne : "Si tu pouvais faire le quartier de tes rêves, tu enlèverais quoi ? " La réponse fuse : "L'école ! Et plein de blocs d'immeubles aussi." Sans attendre, elle s'exécute. En quelques minutes, elle agence les morceaux de bois avec assurance. La Poste, la crèche, la mosquée, des arbres. Avant la touche finale : "Là, à côté du parc, je mets mon bloc, juste à côté, la piscine et un fast-food. Voilà, j'ai fini, bye-bye !", s'exclame-t-elle en partant, hilare.