Réseau de proxénétisme aggravé à Reims : 18 mois de prison dont 14 avec sursis pour l'auteur des faits

Le tribunal correctionnel de Reims (Marne) a accueilli ce mardi 17 septembre 2024 le procès d'un individu âgé de 49 ans. Son implication dans un réseau de proxénétisme aggravé lui a valu 18 mois de prison, dont quatorze avec sursis. Il avait déjà purgé le restant de sa peine durant sa détention provisoire.

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Le procès était très attendu. Il s'est tenu ce mardi 17 septembre 2024. Plusieurs autres affaires étaient jugées ce jour (agression sexuelle, violence sur conjoint, conduite sans permis, etc.) et elles ont d'abord été instruites, pendant près de deux heures.

Le procès du réseau de proxénétisme aggravé de Reims (Marne) a commencé à 15h53. Tout de suite, l'avocate des parties civiles Pauline Manesse-Chemla a évoqué un "dossier singulier" et le souhait pour sa cliente (la victime) de ne pas voir évoqué "l'ensemble des faits", relativement scabreux. Le président de l'audience, le juge Pierre Creton, lui a confirmé que seuls les faits de proxénétisme seraient abordés.

L'avocate a alors fait une autre remarque. "Cela étant, en cas de publicité dangereuse pour la sérénité des débats, ou pour la dignité des parties civiles", il pouvait paraître nécessaire de demander un huis clos. Ceci notamment pour "préserver l'enfant de 10 ans" de la victime, "alors que des articles sortiront dans la presse", ajoutant qu'il y a "déjà eu médiatisation". Demande acceptée : la presse, comme le reste du public, a donc été invitée à libérer les lieux. 

Sept ans de prison encourus

L'individu poursuivi ce jour est un photographe en vue de Reims, qui depuis les faits ne peut plus exercer sa profession. Il est âgé de 49 ans. Il est poursuivi pour proxénétisme, plus précisément pour des faits relatifs à la victime commis entre mai 2014 et septembre 2018. Ces faits comprennent l'assistance à l'organisation d'un réseau de proxénétisme et la perception de revenus en lien avec celui-ci.

Il s'agit d'un délit dont dispose l'article 225-5 du code pénal. Ce dernier prévoit une peine de sept ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende. Une perquisition d'envergure avait eu lieu en octobre 2020. Elle avait été suivie de la mise en examen de trois hommes. Les faits sont considérés comme graves car plusieurs personnes sont suspectées d'être les têtes pensantes et organisatrices de ce réseau.

Il s'agissait plus précisément de l'organisation de soirées où des femmes étaient livrées aux appétits sexuels de plusieurs dizaines hommes. Ces derniers payaient entre 40 et 800 euros pour ces relations sexuelles débridées, souvent violentes, dans le cadre du bondage-domination-sado-masochisme (BDSM).

A priori, ces dernières étaient consentantes (c'est une base du BDSM). En revanche, elles ignoraient que ces soirées faisaient l'objet de rétributions financières. C'est pourquoi l'une d'elles a porté plainte. Le caractère dégradant ou violent des relations sexuelles ne fait pas l'objet du présent procès.

18 mois de prison requis, le juge suit

Le parquet est représenté par la vice-procureure Mathilde Campagnie, déjà présente lors des audiences du procès de l'explosion de l'immeuble du quartier Wilson. Celle-ci, décrite par l'avocate des parties civiles comme offensive, a requis 18 mois d'emprisonnement, dont dix avec sursis. À noter que le prévenu a déjà été incarcéré pendant quatre mois. Il lui resterait donc quatre mois de prison à purger, susceptibles d'aménagement de peine (bracelet électronique - qu'il porte déjà - par exemple).

Le juge a globalement suivi les demandes du parquet. Le prévenu a été reconnu coupable des faits de proxénétisme qui lui étaient reprochés. Il est condamné à 18 mois de prison, dont quatorze avec sursis probatoire d'une durée de deux ans. Avec ses quatre mois purgés en détention provisoire, il ressort donc libre.

La peine est assortie de 20 000 euros d'amende, et d'une obligation de soin. Le coupable devra travailler, ou prouver qu'il en recherche ou qu'il suit une formation professionnelle. 

Le jugement satisfait les deux parties

La victime était défendue par Maître Pauline Manesse-Chemla (une association de lutte contre le proxénétisme est aussi présente). L'avocate de la victime a demandé un huis clos au bénéfice de sa cliente. L'association Équipes d'action contre le proxénétisme (Ecap) et d'aide aux victimes est représentée par Maître Valérie-Anne Janssens.

L'avocate Pauline Manesse-Chemla a accueilli le jugement favorablement. "Ce soir, la justice est passée. C'est un proxénète. Ce qu'il a fait n'était pas du libertinage, mais du proxénétisme. Ma cliente en a été victime." Elle qualifie le coupable de "pervers narcissique", de "sadique". Et loue "l'action conjointe du tribunal et du parquet". Ajoutant que "les faits ont été reconnus", leur gravité aussi, ce qui était très important pour la victime - très émue - et que désormais, leur réitération sera difficile.

Le prévenu était défendu par Maître Bernard Rousselle. Il maintient qu'il s'agissait de faits de libertinage. Et salue un jugement "extrêmement juste, et clément. Il risquait des années de prison." Il ajoute que si de l'argent a été perçu au cours de ces soirées, c'était "pour payer des frais, de lingerie, de transport, d'hôtel".

Le procès aura duré trois heures. Avant la demande de huis clos, une bonne moitié des bancs était vide, dans cette salle d'audience correctionnelle, située au rez-de-chaussée du palais de justice de Reims (voir sur la carte ci-dessous).

La victime comme l'auteur des faits sont désormais libres de reprendre le cours de leurs vies, chacun de leur côté.

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