Scandale du Levothyrox : "le grand déballage ne fait que commencer, nous ne sommes qu’au hors-d’oeuvre"

L’agence nationale du médicament et des produits de santé est mise en examen pour tromperie dans le dossier du Levothyrox. Un médicament contre l’hyperthyroïdie dont le changement de formule en 2017 avait provoqué de nombreux effets secondaires chez des patients. Pour les victimes et leurs représentants rémois, ce n’est qu’un début. D’autres mises en examen vont suivre.

« Ce matin, je me suis rendue compte que cela fait 5 ans que l'affaire a éclaté. 5 ans, c’est long. Mais ce n’est pas grave, on continue », nous confie Marie-Thérèse, une rémoise à l’origine du collectif de défense des victimes en Champagne-Ardenne. 

Après la mise en examen pour tromperie aggravée en octobre dernier du laboratoire pharmaceutique Merck qui fabrique le médicament, c’est au tour de l’ANSM, l’agence nationale du médicament, d’être poursuivie en justice. Le gendarme du médicament est visé par une action collective pour « défaut de vigilance » et « défaut d’anticipation ». Selon un rapport d’expertise demandé par le tribunal de Marseille, l’ANSM était consciente du problème potentiel dès décembre 2017 mais n’a pris aucune mesure ni même entendu la détresse des patients. 

Pour Nicolas Bouvier, médecin généraliste à Reims qui avait porté plainte contre X pour tromperie aggravée et saisi le défenseur des droits en 2017, cette mise en examen n’est pas une surprise. « C’est la suite logique. L’agence dit ce qu’elle veut, dans le dossier d’instruction il y a des indices graves et concordants. Elle ne peut plus nier qu’elle a participé à la tromperie et au scandale. »

« Il faut se rappeler comment les malades ont été traités », ajoute-t-il. « Comment leurs souffrances ont été ignorées. On disait que c’était du buzz. Et bien mine de rien, le buzz abouti aujourd’hui à une mise en examen ».

« L’Etat ne nous a pas pris au sérieux, nous a traité de malade imaginaires », rappelle Marie-Thérèse. « Et pourtant, pendant des mois, suite à la prise de ce médicament qui est vital pour ceux qui vivent sans thyroïde, j’avais des comportements irrationnels, j’étais constamment énervée, j’étais mal dans mon corps. D’autres malades ont perdu leurs cheveux, ont eu des malaises. Mais il y a eu aussi des cas extrêmes comme des internements en hôpital psychiatrique ou des suicides. »

Un grave problème de santé publique

Cette nouvelle formule a fait des dégâts et même si l’ancien traitement est de nouveau disponible, certains malades ont toujours des séquelles. Ce que Marie-Thérèse n’admet pas c’est l’irresponsabilité et l’indifférence des autorités médicales. « Aujourd’hui ce qui nous anime, ce n’est pas la vengeance, c’est la justice. Nous ne voulons pas que d’autres subissent cela ». 

Pour le docteur Nicolas Bouvier, cette affaire révèle un grave problème de santé publique. « Les affaires se multiplient et l’étau se resserre autour de l’ANSM », explique-t-il. « Il y a eu le médiator, la dépakine et maintenant le levothyrox. Ça pose question sur le fonctionnement de cette agence du médicament, sur les contrôles qu’exerce les tutelles, sur son management ». 

Dans ce dossier, les parties civiles sont déterminées et préviennent. « Nous allons continuer de demander des actes d’instruction pour que tous les responsables de ce scandale sanitaire soient identifiés et que les victimes soient réparées », précise Marie-Thérèse. « Il y a encore plein de choses à révéler dans ce dossier. Pour moi, on en est au hors-d'œuvre, ce n’est que le début », ajoute Nicolas Bouvier. 

 

 

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