Syrie : exilé depuis 2006, il rêve de reconstruire son pays après la chute du régime

Mohamad Almohamad n'est pas rentré dans sa Syrie natale depuis 2010 mais il n'a rien manqué des images de la chute du régime de Bachar El-Assad ce dimanche. Une libération qu'il attendait comme tous ces compatriotes depuis de longues années.

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Il n’a pas hésité une seule seconde. Quand Mohamad Almohamad a appris qu’un rassemblement en soutien du peuple syrien était organisé ce dimanche sur la place de la République de Paris, il a aussitôt décidé de s’y rendre. Le Syrien, installé en France depuis 2006, ne voulait pas manquer l’occasion de célébrer la libération de son pays natal et de communier avec ses compatriotes.

"Il y avait des centaines de personnes qui exprimaient leur joie pour la libération de la Syrie. C’est un événement qu’on avait du mal à imaginer, ça faisait tellement d’années qu’on l’attendait. Les gens criaient de joie, ils avaient des larmes sur les joues, avec le drapeau de la libération de la Syrie avec ses trois étoiles dans les mains… Ça fait 50 ans qu’on attendait ça."

C’est en 1971 que la famille El-Assad met la main sur la Syrie. Le père, Hafez, puis le fils Bachar, mettent en place une dictature où les opposants sont sévèrement réprimés. Originaire de Raqqa, Mohamad Almohamad commence ses études scientifiques à l’université d’Alep. Il arrive ensuite à Reims en 2006 pour poursuivre ses recherches en doctorat de biologie. Aujourd’hui, il préside l’association de la Maison syrienne à Reims qui réunit une soixantaine de membres et plus de 200 familles d’origine syrienne dans la Marne. Malgré son amour pour son pays, cela fait maintenant 14 ans qu’il n’est pas retourné en Syrie. 

"En 2011, j'ai été obligé de faire mon service militaire et c'était dur à cette époque de rentrer en Syrie. Finalement, j’ai décidé de ne plus rentrer et de rester ici en France avec ma femme et mes enfants. Rester en Syrie, cela voulait dire faire son service militaire et tuer des gens sans raison, en suivant les ordres des hommes de Bachar El-Assad, ou alors refuser de faire le service militaire et me faire tuer par les hommes de Bachar El-Assad."

Un rêve inespéré

Mohamad a donc observé depuis la France les affrontements entre les rebelles syriens et l'armée de Bachar El-Assad, soutenue par l'Iran et la Russie. La rebellion est finalement écrasée dans le sang, emportant avec elle l'espoir de dizaines de milliers Syriens exilés. Et lorsque enfin, Mohamad a entendu parler de la progression ces deniers jours des groupes armés de libération à Alep, Homs puis Damas, Mohamad a su que c’en était fini du régime des El-Assad.

"Mon premier sentiment, c'est la joie. Mon pays est libéré par les Syriens qui ont été obligés de fuir le pays depuis des années, qui ont grandi dans des camps au sud de la Turquie. C'est comme un rêve vraiment. Je vous dis en fait ça fait maintenant trois jours que je vis comme dans un rêve."

Un rêve entrecoupé d’images saisissantes relayées par les télévisions du monde entier : celles de la libération de la prison de Saidnaya, symbole de la dictature.

"C’est une grande journée pour tous les Syriens. C'est le symbole, en fait, que le pays maintenant est libéré. J’ai vu l'image des prisonniers qui sortent de la prison de Saidnaya. J’ai vu des enfants de 3 ou 4 ans qui sont nés dans la prison, des gens qui sont prisonniers depuis des dizaines d’années, complètement perdus. Quand je vois ces images, je me dis : mais comment on peut faire ça à des opposants politiques ? Comment on peut traiter des êtres humains comme ça ?"

Construire la Syrie de demain

Maintenant que le dictateur a pris la fuite, la Syrie est devenue libre de se choisir un nouvel avenir. Le passé terroriste des groupes armés qui ont participé à la libération du pays inquiète certains. Mais pour Mohamad Almohamad, il est encore beaucoup trop tôt pour juger.

"Nous sortons de 50 ans de dictature, on ne pas tout décider en trois jours. Je pense qu’il faut laisser une chance à ceux qui ont libéré la Syrie. Cette libération n’a été possible que par la volonté de nombreux Syriens qui ont dû fuir leur pays. Ils n’ont plus accepté de rester 15 ans loin de leur terre, à vivre dans des tentes, dans le froid, dans la faim. C’est à eux maintenant de reconstruire un pays où chacun trouvera sa place."

Une reconstruction à laquelle le scientifique entend bien participer. "Bien sûr, mes enfants ont grandi en France. Mes deux grandes filles sont étudiantes ici, une autre est au lycée, mes garçons sont collégiens et jouent au foot dans un club ici et j'ai une dernière fille qui a 9 mois. Ils ont grandi à l’Européenne. Moi, je suis arrivé ici à l’âge de 28 ans. Notre vie est ici. Mais bien sûr, j’ai envie d’aider les Syriens à reconstruire le pays. Je pourrai certainement aller enseigner là-bas."

Des perspectives nouvelles et pleines d’espoir que Mohamad Almahomad n’imaginait pas possible il y encore quelques jours.

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