TÉMOIGNAGE : Commerçant face à la crise, Vincent Mansencal, patron des vitrines de Reims, et deux restaurants fermés

Nous avons choisi de donner la parole à des commerçants touchés par la crise sanitaire. Fermés malgré eux, ils affrontent une situation jamais vue. Premier témoignage, celui de Vincent Mansencal patron des vitrines de Reims, il emploie 17 salariés dans ses deux restaurants.

Ils espèrent rouvrir au plus tôt, mais la famille des restaurateurs le sait, ce n'est pas gagné. Alors ils patientent, pour éviter de fermer définitivement. Nous avons choisi de donner la parole à plusieurs commerçants, pour comprendre comment ils vivent cette situation inédite due aux mesures de confinement lié à la pandémie du Covid-19. A Reims, parmi les commerçants, Vincent Mansencal est une figure connue et reconnue. L'homme souriant, le plus souvent, a le portable greffé à la main. Plus encore en ce moment. 

Président des Vitrines de Reims, patron de deux restaurants place d'Erlon, à la tête de 17 employés, il a subi de plein fouet la crise sanitaire et économique de 2020. Nous le rencontrons dans l'un de ses restaurants, ouvert juste pour une séance photo avec le photographe Eric SZALSKI, photographe et artiste. Vincent Mansencal a acquis cet établissement en 2019. Les chaises sont sur les tables, personne au comptoir, restent les parois en plexiglas, et des bouteilles de gel hydroalcoolique. Une ambiance de fin du monde, qu'il n'avait, par la force des choses, jamais vécue. Même jamais imaginé. Lui, l'homme survolté. Entre coups de feu et coups de fils. Avant la crise. 
 

Factures à payer

"Je fais ce métier depuis 1985. J'ai 51 ans. 2020, c'est une année très compliquée, pleine d'angoisse, ce sont des nuits blanches pour essayer de trouver des solutions pour les équipes, pour mes fournisseurs qui sont aussi à la peine. En ce moment, j'ai encore des factures à payer. Je viens de racheter ce restaurant en 2019. J'ai fait beaucoup de travaux". Il ne dévoile pas ses comptes, mais on imagine le rouge qui augmente. 
 
 

"C'est arrivé au mauvais moment"

"Nous sommes tous sur le même bateau aujourd hui, affirme le restaurateur. Donc par mon rôle aussi de président de l'association des commerçants de la ville de Reims, les vitrines de Reims, c'est aussi beaucoup de tracas et j'essaie de faciliter la vie de tous les adhérents, tous. Il y a la branche, restauration, hôtellerie, et discothèques où on a aussi beaucoup, beaucoup de de souci.

Le sourire est parfois un peu forcé. Mais Vincent tient bon. "Nous essayons de garder le moral. Évidemment, nous essayons d'être très positif tant qu'il y a de la vie, il faut bien continuer. Ce qui me fait tenir, ce sont les salariés, c'est déjà une responsabilité quand nous sommes entrepreneur. On se dit voilà, tu as travaillé toute ta vie pour avoir une entreprise. Eh bien oui, c'est arrivé au mauvais moment, mais il faut tenir bon, il faut savoir gérer, il faut avoir des bons contacts avec ses fournisseurs pour pouvoir décaler quelques paiement. Et puis donner toujours l'envie, c'est dans notre ADN, celui de la profession.

Cette volonté d'être présent, d'être chef d'orchestre, avec des équipes évidemment et entretenir toujours ce lien que malheureusement nous n'avons pas aujourd'hui et puis aussi de rencontrer des clients. Encore ce matin, quand je rencontre des clients, ils me posent tous la même question : comment c'est possible, comment vous pouvez être encore enjoué, comment vous pouvez être, mais on est obligés, autrement on s'enterre. Et vous savez que nous avons déjà les deux genoux à terre à ce jour. C'est une situation désastreuse pour nous.
 

On nous montre du doigt, ça nous fait beaucoup de peine. Nous avons été les bons élèves pour tout ce qui est protocole sanitaire et aujourd' hui, mais moi je veux me battre.

Vincent Mansencal, 51 ans, patron de deux restaurants à Reims

Tenir bon

Pour maintenir le lien dans son équipe, Vincent Mansencal  les appelle régulièrement de façon hebdomadaire. "J'envoie un message à tout le monde en général, tout le monde me répond dans dans des durées différentes, mais tout le monde me répond. Puis je leur donne les renseignements que je peux avoir en amont avant que ça soit diffusé. Et puis je leur ai dit qu'on tient bon. Et puis parfois je leur demande si ils ont des idées de changement". Entre positive attitude et méthode Coué. Tenir bon, comme un mantra pour éviter de sombrer. Tenir la barre.

Qui sait, ce confinement, c'est aussi peut-être l'occasion de changer des habitudes ? "Moi, je n'y crois pas à cette vie d'après. Je vous le dis franchement, je n'y crois pas. Il faudra s'adapter et je pense que les gens continueront à venir boire sur les terrasses des cafés et les gens continueront à venir dans les restaurants pour manger une entrée, un plat, un dessert. La vente à emporter peut-être va être développée dans des restaurants qui n'avaient pas l'habitude de le faire. Peut-être différemment que de travailler avec des livreurs qui sont aujourd'hui des gros mastodontes. Et on va encore donner de l'argent à ces gros mastodontes ? Donc il faut peut-être se réapproprier cette livraison, avec peut-être un système de conciergerie,  un système".

Mais la fraternité entre les confrères, termine le restaurateur, c'est ce qu'il nous faut. Aujourd'hui, il faut retrouver cette fraternité. Oui, on a besoin d'un concurrent, mais ça va aussi nous aider pour avancer. Donc si on veut avancer ensemble, il faut qu'il y ait de la fraternité.  
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