Leur métier est actuellement celui de conducteur-ambulancier, un statut qui les assimile à la filière ouvrière. Aujourd’hui, les ambulanciers hospitaliers réclament une meilleure reconnaissance. Jean-Luc Nauroy, depuis 40 ans, exerce au SMUR de Reims. Il témoigne.
Jean-Luc Nauroy a 60 ans. Cet ambulancier est à deux ans de la retraite, car, dans la filière dont il relève, la retraite est fixée à 62 ans. Si le statut de son métier évoluait, comme le souhaitent les professionnels, il aurait déjà pu cesser de travailler. "Etre assimilé à la filière soignante, en catégorie B, c’est pouvoir accéder à la retraite à 57 ans, avec tous ses trimestres", précise ce syndicaliste CGT. Mais, réduire sa vie active, de cinq années requiert une évolution du statut des ambulanciers hospitaliers.
S’il s’est joint au mouvement national, devant le Ministère des Solidarités et de la Santé, ce mardi 30 novembre 2021, à Paris, c’est pour que cette revendication d’une évolution de leur statut, aboutisse. "Actuellement, le diplôme (DEA) est délivré, à l’issue de 650 heures de formation. C’est insuffisant, pour intégrer la filière soignante", dit-il. "Lors du Ségur de la Santé, la proposition d’élever la formation à 800 heures a été faite. Ce n’est pas suffisant, pour changer de filière".
Considéré comme un chauffeur-livreur
Jean-Luc Nauroy est entré au SMUR, en 1982. Aujourd’hui, en tant qu’ambulancier principal, après 40 ans d’activité, sa rémunération s’élève à 2200 euros, brut. "On débute au SMIC", explique-t-il. "Ensuite, l’évolution est lente. On transporte des patients, tous les jours. On veut être reconnu par les patients. On participe à la médicalisation, mais rien de bouge".
Le plus difficile, c'est d'arriver sur des enfants, en détresse grave. Ce sont des petits êtres, qui débutent, dans la vie. Le plus dur, c'est la mort subite du nourrisson. La détresse des gens est difficile à gérer. .
Jean-Luc Nauroy, ambulancier hospitalier
"Nous participons à la médicalisation, dans un SMUR. Nous insufflons de l’oxygène, nous participons aux gestes d’urgence, en cas de réanimation, pratiquons des massages cardiaques, appliquons des pansements compressifs, et une multitude de tâches diverses", explique l’ambulancier hospitalier, qui ne comprend pas que tout cela ne soit pas reconnu.
Un métier dont on ne sort pas indemne
Chez les ambulanciers hospitaliers, on travaille par roulements. Le service doit évidemment fonctionner 24 heures sur 24. "On est de service, avec des journées de 12 heures, une semaine, à 60 heures, puis une semaine, à 24 heures. Pour un mois de journées, on fait 15 nuits, en moyenne". Mais lorsqu’on l’interroge sur ce qui est le plus difficile, il répond : "les enfants".
En 40 années d’activité, Jean-Luc Nauroy a été confronté à de multiples drames. "Je suis intervenu, après des explosions, des feux, des gros accidents, mais le plus difficile, c’est d’arriver sur des enfants, en détresse grave. Ce sont des petits êtres qui débutent, dans la vie. Le plus dur, c’est la mort subite du nourrisson. La détresse des gens est difficile à gérer".
Toulouse-Paris, à vélo, pour revendiquer
Un collègue de Jean-Luc Nauroy, est parti, il y a une semaine de Toulouse, pour rejoindre, à vélo, la capitale. Il devait être reçu au Ministère, ainsi qu’une délégation composée de représentants syndicaux, FO, CGT, et SUD, pour faire aboutir les revendications des ambulanciers.
On participe à la médicalisation, mais on est considéré comme des chauffeurs-livreurs.
Jean-Luc Nauroy, ambulancier hospitalier.
Au CHU de Reims, on compte 40 ambulanciers, dont 25 pour les transports, et 15, ambulanciers hospitaliers. Ces derniers ont reçu des formations supplémentaires, après leur diplôme, pour exercer au SMUR. Ils bénéficient d’une formation pédiatrique, d’une formation poids-lourds, permis remorque, et conduite en urgence, sur le circuit du Mans. Huit ambulanciers hospitaliers du SMUR de Reims, soutenus par des représentants FO du CHU de Reims sont partis revendiquer, dans la capitale. Neuf ambulanciers du SAMU des Ardennes les accompagnaient.
Leur mouvement national, est parti des hôpitaux de Tours et d’Angers, avec l’association, AFASH, et les syndicats FO, CGT et SUD. Les ambulanciers hospitaliers prévoyaient d’être 3 à 400, devant le Ministère des Solidarités et de la Santé.