Dans la nuit de jeudi 5 au vendredi 6 décembre, 30 autres personnes ont passé la nuit dans un bus tombé en panne sur l'aire d'autouroute Reims Champagne. Partie de Paris pour Nancy, une voyageuse raconte sa nuit de galère dans le froid.
Lucie (prénom d'emprunt) a mis 17h pour faire le trajet Paris-Nancy en bus entre jeudi 5 et vendredi 6 décembre. En temps normal, le trajet dure 1h40. Cette infirmière, originaire de Metz, devait se rendre à une formation. A cause de la grève, elle a décidé de prendre le bus plutôt que le TGV. Récit de sa nuit de galère. "J'ai pris BlaBlaBlus (ex Ouibus) à 16h de Paris-Bercy, arrivée à Metz prévue à 21h50. Vers 19h30, on s'est arrêté sur l'aire d'autoroute Reims Champagne, aux Petites-Loges, pour faire une pause. Quand on remonte à 20h, le bus ne redémarre pas".
22h30 : toujours dans l'attente
Le début d'une très longue nuit, dans le froid. Une dépanneuse arrive mais la panne du bus est trop importante, il est déjà 22h30, Lucie et les 30 autres passagers sont toujours bloqués.
On s'est senti abandonné, on tremblait, on était gelé
-Lucie, naufragée de la route
La jeune femme a raconté son épopée sur les réseaux sociaux. "Nous sommes bloqués dehors depuis 3h30 dans le froid avec un bus en panne, sans couverture, sans aide... c’est non assistance à personne en danger. @BlaBlaBus_FR @SNCF c’est une honte ! Merci de nous envoyer un bus de toute urgence où nous héberger dans un hôtel en attendant".
0h30 : Retour dans le bus et dans le froid sans couverture de survie
Les naufragés se réfugient dans le restaurant principal de l'aire d'autoroute, manque de chance, ce dernier doit fermer. Le chauffeur contacte alors le service client du réseau d'autocars à bas coût, en vain. Il est 23h30. Retour dans le bus, dans le froid. Le véhicule n'est pas chauffé. Les voyageurs appellent les gendarmes. "On va s'occuper de vous" disent-ils à Lucie et à ses compagnons d'infortune. Ils les emmènent, à pied, sur l'aire d'autoroute, en face, à dix minutes de marche.
Finalement, un bus de substitution arrivera bien mais à 4h du matin. "La SNCF n'a rien fait pour nous, on s'est senti abandonné", déplore Lucie. "On tremblait, on était gelé, on a demandé des couvertures de survie, on nous a répondu, c'est pas l'urgence. Une dame âgée souffrait d'arthrose, mais elle a marché quand même. On s'est soutenu mutuellement."
4h-9h : La galère continue
"Une fois arrivés à Metz, un taxi nous a emmenés vers la gare routière, il est 6h40. Une amie m'a, ensuite, transportée sur les lieux de ma formation, à Nancy." Il est alors 9h. "On a préparé un courrier, noté les noms de chaque voyageur. On compte l'envoyer par recommandé à BlaBlaBus et à la SNCF. Ce que l'on regrette le plus, c'est le manque d'aide, l'absence de communication. Une panne ça arrive mais attendre aussi longtemps, c'est aberrant. Ils auraient pu envoyer des taxis." Une nuit que Lucie n'est pas près d'oublier.