Elles ont plusieurs dizaines d’années, souvent plus de 30 ans et sont devenues des objets très recherchés. Les vieilles bouteilles de champagne sont aujourd'hui incontournables lors des ventes aux enchères. Explications.
« J’ai tous les jours des bouteilles à évaluer », explique Tony Pasquier, expert en vins. Dans les salles de ventes rémoises, des millésimes anciens ont une place de choix dans les catalogues. Beaucoup de bouteilles sont estimées à quelques dizaines voire quelques centaines d'euros. Dans certains cas, plus rares, elles peuvent atteindre un prix à quatre chiffres. En novembre 2023, un Salon 1964 a été adjugé 2 000 €. « Les particuliers se rendent compte qu’ils ont peut-être des choses qui valent de l’argent dans leurs caves. » Aujourd’hui, les lots de vieux champagnes proposés trouvent preneur dans 95% des cas.
Au mois de mars, nous allons vendre un champagne Jacquesson 1934
Tony Pasquier, expert en vins
Ces bouteilles proviennent souvent de personnes qui ont travaillé dans les maisons de champagne ou qui ont côtoyé des vignerons. Parfois, les groupes propriétaires de marques prestigieuses prennent eux-mêmes l’initiative de vider leurs caves. En 2010, les dirigeants de Vranken ont décidé de mettre en vente plusieurs milliers de champagnes millésimés vieux de soixante ans et plus, les plus anciens datant de 1874. Ces bouteilles n’ont pas beaucoup voyagé et ont été conservées dans de bonnes conditions. Un avantage pour en tirer le meilleur prix.
Un phénomène loin d’être récent
Depuis une trentaine d’années, les vins rencontrent un certain succès aux enchères. « Mais cela fait 10 ans que ça a fortement progressé, toutes régions viticoles confondues », précise Tony Pasquier. Les bouteilles les plus demandées étaient originaires du Bordelais ou de Bourgogne. Aujourd’hui, celles du Rhône ou de la Champagne sont également recherchées. Les ventes exceptionnelles se multiplient. En 2016, la collection privée d’un ancien salarié, chef du personnel chez Pommery, a été mise en vente. 350 bouteilles de champagne représentant dix millésimes.
En salle des ventes, particuliers ou professionnels se bousculent pour acquérir ces vieux alcools. Quelques acheteurs misent sur un investissement à court terme en espérant faire une plus-value dans les deux à trois années qui suivent. Mais la plupart souhaitent les déguster ou les proposer dans leurs restaurants ou caves. « Peu de personnes vont les garder pour les collectionner. C’est une tendance en baisse. Les gens ont compris qu’un vin pouvait se conserver. »
De vieux champagnes bons à boire
Lors d’une vente comme nous l’explique Tony Pasquier, le plus important est que les vins soient encore buvables. « Je fais en sorte d’aller vérifier les conditions de conservation et si j’ai le moindre doute, je ne prends pas les bouteilles. » La valeur de ces grands vins a été longtemps sous-estimée. Croire qu’un champagne ne se garde que quelques années n’est plus d’actualité. Au contraire, les amateurs cherchent à être surpris par de nouveaux arômes qui arrivent avec le temps.
En juillet 2010, des bouteilles, vieilles de deux siècles, ont été repêchées dans une épave au fond de la mer Baltique au large de la Finlande. Ceux qui ont eu la chance de goûter ces vins d’exception évoquent une robe or sombre, un nez intense, en bouche un arôme très sucré avec des notes de fleur, de cuir et de miel. Sur les 168 champagnes retrouvés, un tiers était en bon état et deux ont été mis aux enchères : un Juglar adjugé 24 000 euros et une bouteille de Veuve Clicquot vendue 30 000 €.