A Reims, l'abattage des arbres des Basses-Promenades a débuté au grand dam des écologistes

Les craintes des militants écologistes se sont confirmées. Le lundi 28 septembre, l'abattage des arbres des Basses-Promenades à Reims (Marne) a débuté, malgré les recours en justice déposés les jours précédents.

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Au petit matin du mercredi 23 septembre 2020, des grilles de chantier ferment hermétiquement les Basses-Promenades de Reims (Marne). Des élagages et l'enlèvement des lampadaires y ont lieu, avant, dans les semaines à venir, l'abattage de près de 180 arbres (la situation rappelle celle de Saint-Dizier, en Haute-Marne).

Le lundi 28 septembre, le soleil et les préparatifs ont laissé place à une pluie froide, qui n'a pas découragé quelques militants écologistes, venus protester contre les tronçonneuses et autres outils de chantier. "On peut remercier la ville d'avoir attendu la fin de la semaine du développement durable", sourit, amère, l'une d'entre eux.

Des travaux semblables ont déjà eu lieu au niveau des Hautes-Promenades, de l'autre côté du square Colbert (voir sur la carte ci-dessous). La municipalité souhaite planter du gazon et de nouveaux arbres pour améliorer le cadre de vie.
 
Mais les intentions de la municipalité, Thomas Brail n'en a cure. Il a fondé le Groupe national de surveillances des arbres pour empêcher l'abattage des arbres. Il explique que la municipalité rémoise veut abattre ces arbres car ils seraient malades. Venu en train effectuer des analyses (car il conteste celles de Reims, "la confiance n'excluant pas le contrôle"), il découvre l'espace arboré cadenassé, verrouillé. Il parvient quand même à trouver une ouverture pour faire ses tests, et revient ensuite en colère.

"On dénonce l'abattage de ces arbres. On n'a pas de rapport de diagnostic phytosanitaire de ces arbres. Reims a été condamnée par la Cour de justice de l'Union européenne comme l'une des douze villes les plus polluées de France. Ces arbres sont protégés par l'article L350-3 du code de l'environnement qui interdit tout abattage d'arbre en bonne santé. On a un référé car il n'y a pas d'arrêté d'abattage, contrairement à l'article R600-2 du code de l'urbanisme. Donc on est venu vérifier la fiabilité de ces arbres. Résultat : on n'a que quelques arbres pas en bon état. Le reste devrait pouvoir demeurer. Ils sont en pleine vitalité, on est en réchauffement climatique : on a besoin d'eux."
 

 

Qui est ce protecteur des arbres ?

Thomas Brail est arboriste-grimpeur et "citoyen du monde". Papa d'un enfant de 3 ans, il dépense presque tout son temps libre et ses deniers personnels pour sillonner la France et sauver des arbres. C'est à son fils qu'il dédie ce combat. "Ces arbres ne sont pas la propriété du maire, on les lui confie. Ce sont les arbres des citoyens français; et on les abat avec l'argent du contribuable. Ces arbres sont à nos enfants. Qu'est-ce qu'on va leur laisser ?" Le "déclic" s'est produit dans sa ville de Mazamet (Tarn, en région Midi-Pyrénées). Bilan : deux arbres abattus, mais sept autre sauvés in-extremis. Des arbres vieux de 150 ans. C'est le début d'un long combat.
 
Il ne se décrit pas militant, mais c'est en s'enchaînant à un arbre face au ministère de l'Écologie que son combat est médiatisé, en août 2019. Car l'arbre est synonyme de vie. "Ça absorbe 20 kilos de particules fines par an. Multipliez par 150 arbres. C'est pas possible de les couper dans une ville aussi polluée." La proximité qu'il voit entre municipalités et entreprises de bâtiments-travaux publics (BTP) n'aide pas. "Quand le BTP va, on abat..." Il dénonce aussi les vastes pelouses qui se dressent là où on trouvait de nombreux arbres, aux Hautes-Promenades, auparavant. "Ces pelouses, c'est Versailles, c'est l'ancien temps. Il nous faut des gros arbres pour bloquer la lumière en été, sinon on va crever."
 

Le modèle de Versailles, c'est l'ancien temps. Il nous faut des gros arbres.

Thomas Brail, arboriste-grimpeur


Et il refuse d'être considéré comme un extrémiste. "Je ne refuse pas d'abattre tous les arbres; bien sûr que quand un arbre est malade, il faut le couper si c'est dangereux. C'est le coeur de mon métier. Mais il ne faut pas tout couper, il nous faut des grands arbres. Ils fournissent de l'ombre et donnent de l'humidité : c'est l'évapotranspiration." Il s'indigne aussi de voir ces coupes d'arbres centenaires, car quand bien même ils seraient replantés (c'est le cas à Reims), ils mettront des décennies à croître. Or, les "étés caniculaires à répétition" d'attendront pas.
  

La mairie répond

Du côté de la municipalité, Laure Miller, adjointe en charge des espaces verts, dénonce un procès politique. Elle se dit surprise par cette action. "Certains Rémois se mobilisent, mais il y a eu une enquête publique. Personne n'a évoqué cet abattage d'arbres, ils arrivent à quelques jours du début du chantier. Nous avons suivi une procédure. Et elle a été respectée." Pour elle, il s'agit là d'une poignée d'activistes. 

"Je ne comprends pas le débat", poursuit madame Miller. "On redonne des espaces verts à ce qui était un parking. On veut végétaliser le secteur. Certains arbres sont malades, on va en ajouter, créer un espace vert. Ce sera des jeunes arbres et la nature nous apprend la patience. Les arbres que l'on replante sont plus adaptés au réchauffement climatique. Il n'y a donc pas de sujet, c'est totalement politique. Ils n'ont pas réagi pendant l'enquête publique, je le regrette. On croise des Rémois qui sont satisfaits des Hautes-Promenades. Les gens ont hâte de voir ce projet voir le jour".

Quant au référé, seul le juge administratif en connaît l'issue. L'adjointe précise que la mairie "n'accélèrera pas le dossier, mais ne le ralentira pas non plus." À Vertou (Loire-Atlantique), Thomas Brail et le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) ont eu gain de cause en fin de semaine.
 
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