Connu pour ses installations dans les arbres pour empêcher leur abattage, l'arboriste grimpeur tarnais Thomas Brail sera reçu par Elisabeth Borne. Cette invitation fait suite aux 28 jours passés par ce père de famille dans un platane en face du ministère de la transition écologique.
Mardi 14 janvier 2020 pourrait changer la donne dans le combat de Thomas Brail. C'est le jour où il sera reçu au ministère de la transition écologique à Paris. Et plus précisément, par la ministre Elisabeth Borne. Cette invitation fait suite à une relance du Tarnais mais surtout à son action médiatisée : cet arboriste grimpeur s'était installé pendant 28 jours dans les hauteurs d'un platane, juste en face du ministère de la transition écologique à Paris. Son objectif était d'empêcher l'abattage de 25 platanes dans la commune gersoise de Condom. Un objectif non atteint mais une autre victoire, avec ce rendez-vous politique.
Que va demander Thomas Brail à Elisabeth Borne ?
Pour Thomas Brail, arboriste grimpeur et paysagiste depuis 25 ans, ce rendez-vous avec le ministère en charge de l'écologie est une porte d'entrée vers d'autres ministères tout autant concernés par la cause des arbres. L'écologiste espère aborder de nombreuses thématiques avec la ministre de la transition écologique, sans pour autant accorder trop d'espoirs à cet entretien. Il rappelle ne pas avoir besoin de l'accord de l'Etat pour continuer ses actions. Pour lui, c'est d'abord une prise de conscience citoyenne qui pourra faire changer les choses. Il compte demander au gouvernement notamment :
- Une réunion de travail régulière avec les différentes associations de protection des arbres
- L'instauration d'au moins 4 heures par semaine de cours d'éducation à l'environnement dans les écoles primaires
- L'arrêt de l'abattage des arbres et de la surconsommation du bois avec l'application de conventions dans toutes les mairies de France
- La replantation de haies bocagères dans les champs des agriculteurs
- Une discussion concernant les coupes rases / à blanc dans les forêts françaises
- Et surtout, le respect de ce qu'il appelle la charte de l'arbre selon laquelle il est interdit d'abattre les arbres qui bordent le voies de communication car ils sont protégés : c'est l'article L350-3 du code de l'environnement.
L'espoir fait vivre, et la couleur de l'espoir est le vert. (...) J'attends une réelle prise de position du gouvernement concernant la cause de l'arbre.
Thomas Brail, la veille de sa rencontre avec Elisabeth Borne.
De Mazamet à Paris, les actions de Thomas Brail
Thomas Brail est ému chaque fois qu'un arbre est coupé, comme en octobre dernier à la Grande Motte près de Montpellier. L'écologiste lutte pour la préservation des arbres avant tout pour son fils.
A l'heure actuelle on n'a même pas besoin de parler d'écologie. Si vous avez des enfants, vous êtes forcément sensibilisé. Je me bats pour mon fils. Et tous ceux qui aiment vraiment leur enfant doivent comprendre le problème.
Pour Thomas Brail, un arbre c'est donc plus que de l'oxygène, c'est l'avenir, le calme, la sagesse, l'attente et la patience. Il considère se comporter comme les arbres, dans la bienveillance. Et dans la patience. L'arboriste originaire de Mazamet avait passé deux nuits dans un arbre pour empêcher son abattage, et avait obtenu gain de cause.
Après cette première victoire, le militant avait tenté de sauver 25 platanes de la commune gersoise de Condom. En s'installant d'abord dans un arbre de cette même commune, puis dans un platane en face du ministère de la transition écologique.
28 jours plus tard, Thomas Brail redescend de son arbre. 16 platanes ont été abattus à Condom. Mais ce combat a fait du bruit, jusqu'à arriver aux oreilles de la ministre Elisabeth Borne. A Paris il sera reçu avec d'autres défenseurs des arbres : Georges Feterman (association arbres remarquables), Chantal Fauché et Louis Dubreuil (association Asppar), Loic Gourbrei (association Séquoia).
Le Groupe National de Surveillance des Arbres
En attendant, l'écologiste agit toujours régulièrement, partout en France, dans le cadre de l'association qu'il a créé il y a 9 mois : le GNSA (groupe national de surveillance des arbres). Le GNSA a ouvert trois antennes à l'étranger : en Belgique, en Suisse et en Italie, et entend grandir encore. Ce collectif a pour mission de surveiller les arbres, menacés d'abattage, et d'alerter grâce à des vidéos filmées au smartphone.
Ce groupe de lanceurs d'alertes poursuivra ses actions avec ou sans le gouvernement. Prochain rendez-vous connu : Rennes. Dans la préfecture de la région Bretagne, des arbres doivent être abattus, selon Thomas Brail "car ils empêcheraient les ondes de circuler et donc la mise en place du réseau 5G". Une aberration pour Thomas Brail, dont le combat n'est pas prêt de s'arrêter.