Serge Weber a toujours bon pied, bon œil. Mais après 65 années d’activité, il aimerait trouver un repreneur pour son épicerie mobile qui rayonne à 35 kilomètres autour de Sainte-Menehould dans la Marne.
Son père était maraîcher. Serge Weber se revoit encore, à Sainte-Menehould (Marne), poussant la charrette à bras pour aller vendre les légumes. C’est quand il est rentré du régiment en 1961 qu’il a eu l’idée d’acheter une première estafette pour commercer. "Mon père disait que j’allais tout bouffer en achetant une camionnette", raconte-t-il. Serge Weber a aujourd’hui 83 ans et il possède trois camionnettes. Il emploie dix salariés.
Il y a des gens qu'on sert depuis 50 ans.
Serge Weber, gérant de l'épicerie Weber.
"Au début, on vendait surtout des légumes. Mon père était un artiste. Il ne les traitait pratiquement jamais. Il produisait de la qualité. C’était autre chose que le bio, la fumisterie du siècle". Aujourd’hui, les trois camionnettes de l’épicerie Weber sillonnent les routes de l’Argonne, dans un rayon de 35 kilomètres autour de Sainte-Menehould. En tout, l’épicerie ambulante compte un petit millier de clients.
Prêt à aider un repreneur
Serge Weber a toujours bon pied, bon œil, malgré un infarctus qui a failli l’emporter à la veille de ses 83 ans. "On a travaillé toute notre vie, et on est encore prêt à aider un repreneur", dit le gérant de l’épicerie mobile. Son épouse, Thérèse, âgée de 81 ans a fait les tournées jusqu’à l’âge de 70 ans. Aujourd'hui, elle a arrêté. Le couple aimerait bien trouver quelqu’un qui ait envie de leur succéder, "mais pas pour que ce soit fini dans 6 mois, un an".
Le fils de Thérèse et Serge Weber est décédé. La SARL Weber n’a depuis plus de successeur. Serge Weber a proposé à ses salariés de reprendre l’entreprise, mais aucun n’a accepté l’offre. Il y a trois ans, l’entreprise a dû faire face à des difficultés. "Il a fallu se battre. Certains pensaient que c’était fini, que c’était foutu. On revient de l’enfer, mais c’est reparti. Il y a deux ans, en Argonne, il y a eu une très grosse récolte de champignons sauvages. Cela nous a bien aidés à redémarrer". Le gérant attend de trouver quelqu’un de courageux pour continuer les tournées dans les villages alentour.
Le soutien des maires des villages
"Tu ne vas pas arrêter !" disent les maires des villages traversés depuis des dizaines d’années par les camionnettes de l’épicerie. En effet, aujourd’hui, ce ne sont plus seulement des légumes et des fruits qui sont proposés aux habitants des villages de la Marne, de la Meuse et des Ardennes. Le magasin ambulant offre aussi, crèmerie, poissonnerie, friandises ou encore des fleurs. De quoi se rendre indispensable aux clients en zone rurale.
On a travaillé toute notre vie, et on est prêt à aider un repreneur.
Serge Weber, gérant de l'épicerie Weber.
"Il y a des gens qu’on sert depuis 50 ans", souligne avec un brin de fierté Serge Weber. Il n'a pas laissé tomber ses clients, même pendant la pandémie. "On était équipé en masque, gel. Les clients étaient à 1,50 mètre à deux mètres. On a continué. On a l’habitude de cravacher".
Aujourd’hui, Serge Weber a signé un contrat avec Carrefour, pour les fruits et légumes, car ses serres sont à l’arrêt depuis trois ans. "On est leur plus gros client du secteur".
"On a travaillé toute notre vie. On aimerait vivre tranquillement ce qu’il nous reste à vivre", dit Serge Weber. Pour cela, il faut que son épicerie mobile trouve un repreneur. Après toutes ces années, en Argonne, elle est devenue une institution.