Une opération réalisée dans la nuit du lundi 25 au mardi 26 octobre, à Sainte-Menehould, dans la Marne, a permis l'interpellation, en flagrant délit, de quatre personnes venant des Pays-Bas, et transportant des armes de guerre, des munitions, dix kilogrammes d'herbe de cannabis et 10.000 euros.
Cela fait plusieurs mois que le parquet de Chalons-en-Champagne a fait de la lutte contre les trafics de produits stupéfiants et d'armes à feu, une priorité de politique pénale majeure. La section de recherches de Reims inscrit également son action, dans ce cadre, sur le ressort des cinq tribunaux de Champagne-Ardenne.
En juin dernier, une enquête ouverte par le parquet de Chalons-en-Champagne, et confiée à la section de recherches de Reims, qui a mobilisé, à temps complet cinq enquêteurs spécialisés du groupe stupéfiants, avait été fin août transformée en information judiciaire. Un magistrat instructeur conduisait une enquête concernant un trafic de stupéfiants destinés à alimenter plusieurs quartiers de Vitry-le-François. L'enquête visait également l'interpellation de trafiquants, agissant depuis l'Ile de France, afin d'alimenter plusieurs points de revente.
Grâce aux investigations et aux moyens engagés, l'enquête a abouti, avec succès. Magistrats, enquêteurs de la section de recherches de Reims, appuyés par le groupe d'intervention du GIGN ont permis l'interpellation, en flagrant délit, de quatre individus circulant à bord de deux véhicules, en provenance des Pays-Bas. Ils se rendaient vers Vitry-le-François. Dans le coffre de l'un des véhicules, dix kilogrammes d'herbe de cannabis ont été découverts, ainsi que 10.000 euros, en numéraire.
Nous avons affaire à des trafiquants qui s'arment de plus en plus.
Des armes qui auraient pu être utilisées, par les trafiquants, sur les points de deal, ont été saisies par la justice. On compte une arme de guerre, un fusil d'assaut AK 47 de type Kalachnikov avec des munitions, mais également trois pistolets semi-automatiques, des Glocks, et des munitions de 9 mm.
Un réseau de grande ampleur
Au tribunal de Chalons-en-Champagne, la procureure Ombeline Mahuzier se dit extrêmement satisfaite du résultat obtenu. "C'est peu fréquent. Cela permet d'intercepter la drogue avant qu'elle n'arrive sur le marché. Cela démontre l'ampleur, et la gravité du réseau. Quand on parle de trafic de stupéfiants, on parle de ce genre de dangerosité."
La procureure a par ailleurs précisé que " les armes peuvent servir à sécuriser les transports de stupéfiants, en grande quantité, à intimider, impressionner les éventuels revendeurs ou concurrents. Le cas échéant, elles peuvent être revendues, ce qui ne semble pas être l'esprit, en l'occurrence. En cas d'intervention policière ou judiciaire, ils peuvent s'en servir contre les forces de sécurité."
La stratégie développée par les enquêteurs a consisté à monter à l'assaut des réseaux, où fonctionnent une véritable hiérarchie structurée. "Les trafiquants ne sont pas des revendeurs, à la petite semaine. Ce sont des gens qui vont se fournir à l'étranger, qui font des études de marché, achètent en grosses quantités, et sécurisent les transports."
Des professionnels de la délinquance et du crime
La procureure considère qu'un tel réseau organisé, inscrit son activité et son parcours, en dehors de la loi, et réalise des profits sur l'insécurité des quartiers et des infractions à la loi pénale. Pour le colonel Jean-Paul Douvier, commandant la section de recherches de Reims : "Cette opération est un révélateur. Nous avons affaire à des trafiquants qui s'arment de plus en plus.
C'est une première en Champagne-Ardenne, que la section de recherches saisisse, en même temps une livraison de drogue et des armes de guerre". Pour cette opération, hors du commun, des moyens importants avaient été mobilisés, pour l'interpellation : quinze enquêteurs, une quinzaine de personnels du G.I.G.N. de Versailles-Satory, ainsi que des unités spécialisées dans l'observation, la surveillance, et la filature.
C'est peu fréquent. cela permet d'intercepter la drogue, avant qu'elle n'arrive sur le marché. Cela démontre l'ampleur et la gravité du réseau.
Les quatre personnes interpellées, d'abord placées en garde à vue, ont été déférées devant le magistrat instructeur au tribunal judiciaire de Chalons-en-Champagne, jeudi 28 octobre. Deux de ces quatre individus avaient des antécédents judiciaires. La procureure de la République de Chalons-en-Champagne, Ombeline Mahuzier, a indiqué que trois d'entre eux sont partis en détention provisoire. Le quatrième est sous contrôle judiciaire. "Les investigations vont se poursuivre, sous contrôle du juge d'instruction", a-t-elle indiqué. "Il y aura des auditions et compléments d'enquête. En général, à l'issue d'une procédure comme celle-là, ce qui se profile, est un renvoi devant le tribunal correctionnel. Le trafic de stupéfiants est réprimé jusqu'à dix ans d'emprisonnement ferme".