On peut avoir fait des études en commerce international, mais préférer la peinture, et reprendre l’entreprise de son papa. C’est ce qui est arrivé à Léa Cerier, aujourd’hui gérante de sa société Cerier les Peintres, installée à Soulières, au sud d’Epernay, dans la Marne.
Dans la famille Cérier, la peinture, on plonge dedans à la naissance. Depuis le 1er octobre 2020, Léa Cerier, 34 ans, est la gérante de Cerier-les-Peintres, une S.A.R.L. spécialisée dans les travaux de peinture. Léa a une sœur, Peggy, qui travaille avec son mari, à Dormans, dans la Marne, où ils possèdent une entreprise de peinture, depuis au moins 15 ans. Le frère, Florent, travaille également dans une entreprise en tant que peintre. Chez les Cerier, la peinture est réellement une affaire de famille.
Léa Cerier emploie deux salariés (une femme et un homme), et pour dix heures par mois, elle a embauché son père, en contrat-retraite. L’occasion pour lui de rester actif. Désormais, c’est lui qui s’occupe des fournisseurs, dans l’entreprise qu’il avait créée 38 ans auparavant. " Dès l’âge de 16 ans, dit Léa, j’ai toujours voulu faire de la peinture. Comme c’était très rare de voir mon père, pendant les vacances, on allait lui donner un coup de main. J’ai tout appris à ses côtés. Après mon frère et ma sœur qui voulaient poursuivre dans la peinture, mon père m’a poussée à faire des études. Il n’avait pas envie d’un troisième peintre, dans la famille. J’ai obtenu une licence en commerce international vins et spiritueux, au lycée viticole d’Avize. C’était une période de crise, et j’ai cherché du travail, pendant six à sept mois. J’étais embêtée de rester à ne rien faire, alors j’ai travaillé avec mon père. Le provisoire est devenu réalité. Après plusieurs années, à ses côtés, il a accepté que je reprenne, à sa retraite ".
Quand on travaille huit à dix heures, par jour, on est content d'arrêter.
"Faut être accrochée"
"Avec les clients, il n’y a pas de problème, raconte Léa Cerier. Mais, sur les chantiers, on entend parfois des réflexions des autres corps de métier, quand ils voient arriver des femmes. Mon père, lui, a toujours pris des filles en apprentissage. Physiquement, aussi, il faut être accrochée. On a toujours les bras en l’air. On s’entretient, car en plus, il y a les charges, des pots de peinture de 15 kilos et des sacs d’enduit de 10 à 15 kilos. Mais pour faciliter le travail, aujourd’hui, on a des ponceuses avec aspirateur. Dans mon équipe, ça se passe bien. Je suis restée la même qu’avant. Je peux même demander des conseils à un ancien de la maison. Je n’ai pas la grosse tête. On a gardé un côté familial. Il y a du travail, mais ça ne m’intéresse pas, d’aller jusqu’à 15 salariés. Ça ne serait plus le même travail. Je ferais de la gestion. Moi, je préfère être sur le terrain. Ce que j’aime dans ce métier, c’est qu’on a un résultat immédiat. Le côté déco m’a toujours plu. On peut conseiller les gens…Et puis ça bouge, aucun chantier ne dure plus de deux mois. C’est social, aussi. On rentre dans la vie des gens. On travaille d’Epernay à Sézanne, dans un rayon de 20 kilomètres".
Après plusieurs années à ses côtés, il a accepté que je reprenne, à sa retraite.
La société évolue
La décoration est à la mode. Être bien chez soi est important. On investit plus dans les intérieurs. Léa Cerier le constate. " Aujourd’hui, une partie de notre activité a été perdue, car les gens bricolent de plus en plus. Mais, il reste ceux qui n’ont pas envie de se prendre la tête. Et quand on veut un vrai rendu, il faut appeler un artisan. Aujourd’hui, je n‘ai pas à me plaindre, même avec la crise sanitaire. Actuellement, je fais des plannings pour mai-juin. Côté matériaux, on travaille d’avantage avec des peintures écologiques. Ce n’est pas forcément plus facile à travailler et c’est plus cher. On utilise de plus en plus de peintures à l’eau. On a perdu des produits qui ont tenu longtemps, à l’huile ou glycero. Actuellement, il faut du sans plomb. Mais pour du bois ou de la ferraille, il n’y a que ça qui passe dessus ".
Christian Cerier, retraité depuis le mois d’octobre dernier, est bien content d’avoir passé le relai. " Bien sûr, je suis heureux de continuer à voir les clients, après 39 ans de boutique. Mais quand on travaille huit à dix heures par jour, on est content d’arrêter. Ça n’a plus rien à voir. J’ai moins de stress, et plus la charge des fins de mois. Je n’ai pas forcé les enfants à se lancer dans la peinture. C’est eux qui ont voulu. Ils aimaient bien travailler avec moi, pendant les vacances. Ça leur faisait un peu de sous. Si Léa n’avait pas repris, c’était la fin de l’entreprise, car une entreprise de peinture, ça ne vaut pas grand-chose. Cela ne se revend pas bien cher. On est dans une région, où avec les vignes, il y a pas mal d’argent. Mais, pour les jeunes, aujourd’hui, c’est plus dur…Quand je me suis arrêté, ça faisait six mois que Léa faisait les devis. On savait ce que chacun devait faire".
"J'ai moins de stress, et plus la charge des fins de mois".
Christian Cerier, parisien d’origine, était venu dans la Marne pour s’y marier. C’est là qu’il a fondé son entreprise. Avec une mère dans la restauration, et un père dans l’imprimerie, il a pourtant désormais créé une dynastie de peintres. Paris, il n’y retournera pas. Il est trop bien, ici, à Soulières, dans la Marne.