Agriculteur dans la Marne, Jean-Baptiste Vervy se lance dans le relais colis. Il a ouvert le 287e relais "Agrikolis" à Sézanne. Imaginé par une start-up de Lille il y a deux ans, ce système permet aussi de faire des économies sur les frais de livraison.
Fini de poser un jour de congé, ou d’attendre indéfiniment le livreur qui passera entre 8h et 18h pour déposer l’électroménager, le salon de jardin ou la TV gros volume achetés sur le web. Désormais, c’est à la ferme que cela se passe. Dans le monde de la logistique, se sont les derniers kilomètres qui coûtent le plus cher. L’idée est donc venue au co-fondateur du réseau "Agrikolis", d’utiliser les implantations des fermes sur le territoire national, comme "entrepôt" de livraison final. Les agriculteurs disposant de hangars de stockage, il est aisé d’y déposer une trentaine de colis volumineux par semaine. Les clients de ces colis ont pris rendez vous en ligne avec l’agriculteur pour venir chercher leurs commandes.
Chez Jean-Baptiste Vervy à Sézanne (Marne), on vient retirer les colis, les jeudis, vendredis entre 17h et 19h et le samedi matin. La prise de rendez-vous se fait par internet à condition d’avoir acheté en ligne sur Cdiscount, seule plateforme pour l’instant à avoir démarré avec Agrikolis. D’autres enseignes qui se lancent dans le e-commerce sont en pourparlers pour adhérer à ce service. Jean-Baptiste Vervy, lui, est ravi. Depuis le début du mois d’avril 2021, son hangar voit passer salons de jardin, tondeuse, petites piscines en kit, mais aussi plus traditionnels : fours, frigos, congélateurs, et autres postes de télévision.
Il raconte comment il s'est lancé dans ce projet sur sa page Facebook.
Cinq euros le colis, qui doit peser au moins 30 kilos
En moyenne 80 paquets par mois sont livrés chez cet agriculteur. Ils lui procurent un revenu au minimum de 400 euros par mois. "Ce complément permet de moderniser mes installations agricoles", explique Jean-Baptiste Vervy. "Les premiers relais qui se sont installés autour de Lille dégagent même un revenu mensuel de 2.000 à 2.500 euros. Cela dépend de la densité de population". Selon l’agriculteur marnais, il n’y aura pas d’autres implantations dans son secteur car il faut pouvoir s’assurer un minimum de trafic, pour que le complément financier soit intéressant.
Très engagé dans le digital, Jean-Baptiste Vervy exploite 130 hectares de terres à céréales. L’année dernière, lors du premier confinement, il s’était fortement impliqué dans l’opération digitale "des bras pour ton assiette". Un site qui permet de mettre en liaison agriculteurs et main d’œuvre agricole.
Grâce à Agrikolis il parle de son métier aux clients venus chercher leurs commandes. Il créé du lien. Cela lui permet même de lancer la promotion d’une nouvelle production sur sa ferme. "Les papotes", des pâtes au blé dur, confectionnées par sa compagne et qui seront vendues officiellement d’ici une quinzaine de jours. Une activité qu’il avait montée à l’automne dernier, avec un financement participatif.
Trois relais existent dans la Marne, les deux autres sont déjà installés, à Reims et sur une ferme située entre Vitry-le-François et Châlons en Champagne. L’intérêt pour les clients est de voir diminuer leurs frais de livraison par quatre. Reste à prendre le bon véhicule pour venir rechercher à la ferme le gros colis qui tient dans une remorque, une petite camionnette ou dans une grande voiture. A quelques rares exceptions, certains paquets sont trop gros pour entrer dans le mini coffre de la voiture. "Alors il faut revenir le lendemain avec le véhicule adéquat » raconte en riant Jean-Baptiste Vervy, et le compas dans l'oeil".