La décision a été prise le 22 novembre dernier par la Commission européenne. Elle sanctionne les concurrents indiens de Saint-Gobain PAM, et notamment Electrosteel, pour leurs pratiques de dumping fiscal. Une victoire "à célébrer" pour Hervé Bauduin, président de l’UIMM Lorraine et Grand Est.
La Commission européenne décide de sanctionner les concurrents indiens, et notamment Electrosteel, pour leurs pratiques de dumping fiscal. "Il faut célébrer les victoires quand elles arrivent. J’en tire surtout de l’optimisme parce que nous avions, à l’époque, interpellé les pouvoirs publics parce que cela nous semblait incroyable de financer quelqu’un que l’on soupçonne de dumping, d'un pays sans accord de réciprocité", se réjouit Hervé Bauduin, président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie en Lorraine et pour le Grand Est (UIMM).
En effet, en novembre 2021, les syndicats de l'usine lorraine de Saint-Gobain à Pont-à-Mousson s’étaient mobilisés pour dénoncer l’entreprise Electrosteel, qui venait d’avoir une subvention de France Relance. "Un coup de poignard dans le dos" pouvait-on lire sur la banderole de protestation.
Carton rouge pour Electrosteel
Cette décision, prise le 22 novembre, par la Commission européenne, entraîne une augmentation des tarifs douaniers à l'importation pour l'entreprise indienne Electrosteel, rival redoutable du producteur de canalisations lorrain. Cette mesure antidumping a été mise en place pour réprimer les informations considérées comme inexactes et trompeuses fournies par Electrosteel, dans le but présumé de faire baisser les prix, comme l'a révélé l'enquête menée par la Commission européenne.
Dans un communiqué, Electrosteel France, basé à Arles et qui emploie près d'une centaine de collaborateurs, se défend de toute pratique malhonnête. "Electrosteel respecte toutes les décisions de la Commission européenne et s’acquitte immédiatement des droits antisubvention et antidumping quels qu’ils soient. Electrosteel fait également valoir ses droits pour maintenir une concurrence loyale. C'est avec satisfaction qu’Electrosteel a pris note de la décision de la Commission européenne de lui rembourser le trop-perçu des droits antisubvention payés", écrit le groupe.
"Bien sûr, il faut une libre concurrence, mais il faut que les règles du jeu soient un minimum correctes et que nous les suivions tous. Exprime Hervé Bauduin. Il y a une nécessité d’avoir une industrie souveraine qui nous évite de dépendre de puissances étrangères. Et l’Europe a son rôle à jouer. Il faut utiliser tous les moyens que nous avons en notre possession pour défendre nos industries dans le cadre légal. Et l’Europe permet, quand il n’y a pas de réciprocité, de privilégier les fournisseurs européens."
"C’est une très bonne nouvelle. Electrosteel est notre principal concurrent qui utilise des méthodes déloyales depuis des années."
Julien Hezard de la CGT
Une décision qui ravit aussi les syndicats. Julien Hezard de la CGT, insiste : "C’est bien que l’Europe protège ses industries européennes". Pour lui, Electrosteel utilise des "matériaux indiens avec un prix de revient, des conditions sociales et environnementales différentes de celles que l’on peut connaître en France".
Une bonne nouvelle pour les salariés de Saint-Gobain PAM, qui avaient connu une baisse des commandes l'été dernier. Cette dernière avait entraîné du chômage partiel pour une partie des 1.500 salariés.
En face, Electrosteel France met en avant une "concurrence loyale et saine"."La concurrence offerte par Electrosteel sur le marché français et européen permet de réaliser des projets d’infrastructures hydrauliques au juste prix et en contrecarrant l’inflation. Il est à noter qu’une décision de Saint-Gobain PAM de baisser de 20% les prix de son Tarif Public France 2024 est intervenue quelques jours après la décision de la Commission européenne", précise le communiqué d'Electrosteel France.